Politique d'industrialisation de Patrice Talon
Une politique d’esclavagisation des ouvriers et de ruine du pays.
Du 19 au 27 juin 2023, les journaux à la solde du pouvoir ont magnifié les opportunités d’investissement au Bénin avec le compte rendu de la tournée en France de l’Agence de Promotion des Investissements et des Exportations (APIEX). Parmi les éléments d’attrait avancés pour les investisseurs, il est rappelé la mesure d'exonérer d'impôts pendant 17 ans les entreprises désireuses de s’installer dans la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ). Chose curieuse, étonnante et révoltante. Mais tel est dans le fond toute la politique industrielle de Patrice Talon.
A son arrivée au pouvoir, Patrice Talon, dans ses priorités de politique économique n’avait fait aucune place à l’industrialisation du pays. Les priorités étaient et restent la culture du coton et le tourisme. « Ainsi, le PAG1 est demeuré un avatar du programme du pacte colonial qui a fait totalement l'impasse sur l'industrialisation du pays, même sur la nécessité de la transformation sur place de nos produits agricoles » (Cf. Les patriotes du Bénin Dénoncent la supercherie du programme économique du Président Patrice Talon, février 2017). Il défendait ces vues en compradore qui ne voyait même pas l’évolution générale de la situation mondiale et la nécessité de plus en plus reconnue de l’industrialisation en Afrique pour la valorisation des produits et pour faire face aux nombreux défis des pays du continent.
C’est sous cette contrainte que dans le Pag2, il est inscrit la programmation d’une politique industrielle de bas niveau, qui s’appuie sur la transformation primaire d’une partie des produits agricoles. Pas d’industrie mécanique, électrique ou électronique. La Zone Industrielle de Glo-Djigbé est censée accueillir les entreprises dans le cadre de cette politique.
Les démarches pour attirer les investisseurs étrangers sont mises en avant et dévoilent les fondements de cette politique.
Talon à Berlin vante cette politique : « Nos actions ont permis de moderniser, de dématérialiser, de simplifier l'ensemble des formalités administratives fiscales et douanières. Une loi nouvelle sur les conditions d'embauche dérégule désormais au Bénin le recrutement et simplifie la rupture du contrat. Aujourd'hui, les entreprises ont la possibilité de recruter sur contrat de travail à durée déterminée renouvelable quasi indéfiniment. Le montant des indemnités à payer en cas de licenciement au Bénin est désormais plafonné à 9 mois de salaire quel que soit le motif du licenciement. Nous venons de mettre en vigueur une réforme du droit de la grève qui limite la durée totale de grève au Bénin à deux jours au maximum par mois et à 10 jours maximum par année. Ces mesures difficiles au plan social sont indispensables pour l'investissement privé ». En clair, l’industrialisation est basée sans détour sur l’esclavagisation des ouvriers et employés.
Malgré le tollé qu’un tel discours a provoqué dans un monde où l’éthique a fait des progrès, Talon, en grand capitaliste, réitère en août 2022, les mêmes propos en France devant le MEDEF : « Au Bénin vous pouvez employer quelqu'un à durée déterminée. On ne vous fera pas de grief du tout d'employer quelqu'un 2,3,4 fois avec des contrats à durée déterminée. Nous disons que l'entrepreneur a besoin d'un travailleur sérieux attaché à l'entreprise et s'attache en général à celui qui vous donne satisfaction. Je viens du secteur des entreprises, je sais combien on peut faire des efforts pour augmenter et doubler le revenu d'un salarié lorsqu'il est bon. Ce n'est pas la loi qui fait la relation entre l'entrepreneur et son employé. C'est une erreur que commettent les Etats en général en essayant d'organiser, de réguler, de structurer les relations entre l'entreprise et les employeurs croyant que c'est la façon de rendre durable l'emploi. Ce n'est pas vrai. » De ces propos, on comprend que le Chef de l’Etat béninois, lui-même grand capitaliste livre les ouvriers à l’esclavagisme, à la pressuration maximale pour des surprofits aux patrons, y compris étrangers.
En plus de ce que les patrons peuvent faire tout ce qu’ils veulent des ouvriers, ils bénéficient, dans le cadre de la Zone Industrielle de Glo-Djigbé, des exonérations d’impôts allant jusqu’à 17 ans. En 17 ans, tout investisseur aura amorti complètement ses investissements, accumulé d’énormes bénéfices sans payer le moindre franc au budget de l’Etat. Il aura eu le beurre, l’argent du beurre et la potière, le Bénin. Sans aucun doute, ces investisseurs étrangers auront agi en bonne intelligence avec des associés intérieurs. L’apatridie n’a pas un autre contenu.
Si les ouvriers et le budget national sont spoliés, il y a également les producteurs de matières premières qui sont écrasés. Les producteurs de coton, de soja, de cajou sont traqués pour livrer leurs produits à vil prix. Le pouvoir de Talon ne craint pas de mobiliser l’armée et la police, de creuser des tranchées pour l’arnaque des producteurs.
C’est pour cette politique d’esclavagisation des ouvriers, des producteurs et de ruine du pays que Talon et son équipe, chargée de la promotion investissements et des exportations (Apiex), parcourent le monde.
K.Clénon
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