Philippe NOUDJENOUME
Président de l’Alliance Pour la Patrie
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin
LETTRE
A
Son Excellence Patrice TALON Président de la République,
Chef de l’Etat,
Chef du Gouvernement.
Cotonou
TRAGIQUE AVEU D’ECHEC D’UNE POLITIQUE DE DESASTRE.
Référence : 2024 -001/P.APP-PCB/SP.
Monsieur le Président de la République
Le jeudi 8 Février 2024, vous avez délivré une conférence de Presse qui porte entre autres, sur la situation politique dans la sous-région.
Je me permets ici d’en reprendre quelques extraits : « Pour moi aujoiurd’hui, je dis il faut préserver l’essentiel qui est la communauté des peuples. …Nous sommes allés trop loin…Je me dis nous allons trop loin ; il faut revoir pour que cette décision de séparer les peuples ça n’aille plus loin. je voudrais que les Autorités béninoises, que le peuple béninois m’accompagnent dans cette démarche pour préserver la CEDEAO des Peuples, l’UEMOA des Peuples Je voudrais que les Autorités maliennes, les Autorités nigériennes, les Autorités Burkinabè m’entendent pour préserver la paix entre les Peuples… Moi je suis perdu ; je ne sais plus ce qu’il faut faire…J’interpelle vous les Journalistes, j’interpelle le peuple bénoinois « dites-nous ce qu’il faut faire. » Il est vrai que les Béninois n’étaient pas d’accord avec les sanctions contre le Niger… Il faut que le peuple m’éclaire…Il ne faut pas que les Responsables d’aujourdui cassent ce que leurs Aïnés ont construit…Je n’ai pas à casser le Bénin» etc. »
Une telle déclaration qui n’est pas nouvelle, car faisant suite à l’interview accordée le 23 décembre dernier sur la question, où déjà vous avez reconnu faire du « retropédalage » sur le Niger, n’en est pas moins plus illustrative.
Vous avez reconnu vous être trompé lourdement et vous demandez « pardon», car cela ne mérite pas d’autre mot.
Naturellement les Dirigeants des Etats de l’AES, notamment le Niger, victimes de vos prises de postions suicidaires, irresponsables et divisionnistes des peuples, ne peuvent que ricaner et mépriser vos actes de « mea culpa », «vos demandes de pardon » inaudibles dans les conditions actuelles.
Monsieur le Président de la République,
Comme on dit chez nous « la honte du caïman est celle du lézard » et votre position piteuse aujourd’hui ne peut pas ne pas impacter sur tous les Béninois. Vous venez d’exposer ici au monde, l’aveu par vous-mêmes, de l’échec d’une politique désatreuse !
De tout ce que vous avez débité, on peut relever deux expressions importantes :
1°- «… Moi je suis perdu ; je ne sais plus ce qu’il faut faire »… 2°- : « J’interpelle le peuple béninois- dites-nous ce qu’il faut faire … Il faut que le peuple m’éclaire …». En résumé, vous êtes perdu et vous demandez conseil au Peuple.
Oui, Monsieur le Président de la République, « Vous êtes perdu » et vous ne savez plus ce qu’il faut faire !!!. De la bouche du Capitaine du Navire-Bénin, cela signifie beaucoup de choses.
En fait, votre Pouvoir est perdu parce que vous avez choisi que cela en soit ainsi et pour les graves fautes politiques que voici : 1°-la politique systématique de mépris du peuple, votre Peuple, ses « Conseils »-exigences quotidiennes ; 2°-le choix systématique de penser d’abord à vous-même, à vos intérêts plutôt qu’au pays ; 3°- la soumission systématique et pour vos intérêts, à l’impérialisme français avec la livraison du Pays à la France Coloniale.
Monsieur le Président de la République,
1°- Le mépris systématique du Peuple et ses « Conseils » est la principale cause de votre désastre actuel.
Ce qui est caractéristique de votre politique et de votre Personnalité, Monsieur le Président de la République, et qui désole même vos Amis politiques les plus intimes c’est que « vous n’écoutez personne »
Je me permets ici d’évoquer quelques extraits des conseils que je vous ai donnés dès votre arrivée au pouvoir en 2016, je cite : « - En tant que politique : Si je peux me permettre quelques conseils à te prodiguer en tant qu’ainé (tant en âge qu’en politique) je dirai ceci :
- Il faut être à l’écoute du peuple, de ce peuple qui t’a élu et qui en est fier contre la tentative de recolonisation. Il faut t’appuyer sur lui (en l’informant de tes difficultés, des obstacles que tu rencontres…) Ce peuple est capable de prouesse et de sacrifices pour qu’on s’en sorte ensemble pour le bien de ce pays.
- Il faut d’urgence s’attaquer à l’impunité : c’est l’élucidation des crimes politiques et économiques de YAYI Boni qui a opéré une véritable razzia dans ce pays et qui te laisse une poudrière….
- Il faut te démarquer de l’insultante domination de la France : ta déclaration à propos des rails va dans le bon sens. Car n’oublie jamais, tu es frappé, aux yeux des mentors de la politique française actuelle, d’un péché originel : n’avoir pas été apparemment le premier choix de la France et pire, avoir fait campagne contre le candidat de la France et avoir été choisi par le peuple béninois. C’est dire que les sourires que te feront les autorités françaises aujourd’hui, ne peuvent être que des baisers de Judas pour te poignarder le plus tôt possible dans le dos…
- Penser d’abord le pays avant de penser à sa personne ou à ses affaires : Ne pas donner l’impression de régler les comptes personnels au détriment des intérêts du pays. Les règlements à la va-vite des situations de l’AIC et SODECO ont laissé un goût de suspicion au sein du peuple. De ce point de vue une remise en scelle du PVI aura été le plus grand forfait que tu auras posé dans ce sens. »
Ces conseils, objet d’une lettre personnelle à votre endroit, datent du 14 Juin 2016, soit à peine deux mois après votre venue au pouvoir.
Monsieur le Président de la République,
Non seulement vous avez méprisé ces conseils, mais vous avez fait exactement le contraire, en vous prenant à mon Parti et avec, à la manœuvre votre Acolyte Boko Olivier, vous avez fomenté une fausse affaire pour mettre en prision un Porte-parole du Parti, Laurent METONGNON et ce pendant 5 ans. A la suite, vous avez par des lois scélérates, des procès iniques et actes de repressions sanglantes envoyé des centaines de citoyens en prison, en exil et à la mort.
Un tel mépris de l’écoute du peuple s’est noté également au sujet de l’affaire du Niger. Et les conseils que vous semblez demander aujourd’hui vous ont été donnés dès la survenue des événements le 27 Juillet 2023.
Au lendemain de votre décision irresponsable de faire la guerre au peuple frère du Niger en commençant par la fermeture de la frontère, je vous ai adressé une lettre ouverte où je vous conseillais ceci « Quels intérêts ou stratégique ou économique, aujourd’hui poussera le Bénin à aller faire la guerre au Niger ou tout au moins à aller affamer les populations sœurs du Niger ?
A l’évidence les intérêts en jeu ici sont ceux des puissances extérieures, la France en particulier. Autrement dit, c’est les intérêts colonialistes français, pour les richesses minières et particulièrement l’uranium qui poussent à cette guerre fratricide. Vous voulez engager le peuple béninois à aller étouffer le peuple du Niger pour les intérêts stratégiques de la France… Avez-vous seulement pensé aux conditions de notre peuple, de votre peuple qui vous a élu, en vous engageant dans de telles aventures guerrières ?
Le peuple béninois dans tout son ensemble, du sud au nord, de l’est à l’ouest, rejette cette politique d’agression contre le peuple frère du Niger… C’est pourquoi je vous demande
… de rejeter toutes les mesures économiques et financières prises à l’encontre du Niger et dont les populations sont les premières victimes.-- d’exiger le départ de toutes les bases étrangères du sol africain. En résumé, d’écouter la voix de notre Peuple ! Et ce, pour l’intérêt du Peuple du Bénin ! Pour l’intérêt du peuple du Niger ! Pour la paix, l’harmonie et l’épanouissement des peuples africains »
Cette lettre a été déposée à la Présidence de la République en date du 11 Août 2023. Vous avez ignoré ces conseils ; vous avez ignoré le peuple et ses multiples protestations.
Pour cette affaire du Niger, vous vous êtes permis de passer outre la Constitution béninoise en son article 101 qui exige, avant tout engagement du pays dans une Opération militaire extérieure, l’autorisation de l’Assemblée nationale.
2°- La recherche de vos intérêts personnels avant les intérêts du pays.
Monsieur le Président de la République,
Je ne vais pas ici me livrer à la litanie de tous vos actes, mesures et politiques qui révèlent que dans toutes décisions selon vos propres aveux « vous pensez d’abord à vous-mêmes ». La prise en main de tout l’appareil économique du pays par vous-mêmes et votre clan l’illustre éloquemment.
3°- La soumission totale aux Ordres et Intérêts coloniaux français.
La situation s’est révélée préoccupante à partir de février 2022 notamment où vous avez signé un accord secret à l’Elysée portant installation de base militaire française au Bénin, accord dont votre Porte-parole et l’Ambassadeur français ont toujours tenté de nier l’existence mais que votre Mentor, le Président français Macron n’a pas hésité à révéler.
Vous savez que par cet acte vous avez détruit ce qui fait le ciment de l’âme du peuple béninois : le patriotisme avec l’attachement aux héros nationaux que sont Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guerra, Kaba et autres.
Monsieur le Président de la République,
Au regard de vos Actes et Politiques, vos déclarations sonnent faux et ne peuvent susciter que mépris de la part des Destinataires.
Vous avez contrairement à vos déclarations, contribué à casser la CEDEAO, à diviser les peuples de la sous-région. Pour cela je vous rappelle deux actes suivants :
a- La CEDEAO a décidé de créer une monnaie commune appelée ECO. Mais sur ordre de Macron, vous avez, avec Ouattara à la manœuvre, créé pour torpiller cet instrument d’union des peuples, une ECO-CFA en 2019, monnaie dont vous venez d’obtenir l’autorisation de ratification par le Parlement. Comment peut-on appeler celà ?
b- En décidant sur ordre d’un Etranger, l’Impérialisme français, de faire la guerre au pays frère, le Niger, cela a-t-il d’autre nom que la division de la famille commune sur instigation de puissance étrangère ?
Contrairement à vos Déclarations, vous avez cassé le Bénin, par les trois politiques que sont : vous avez affamé le peuple ; vous avez détruit les libertés démocratiques que ce peuple s’est efforcé de préserver pendant des décennies ; enfin vous avez mis à mal et attaqué de front ce qui constitue comme le ciment de l’âme béninoise : le patriotisme.
Monsieur le Président de la République,
Au vu de tout cela et en considération de votre propre aveu selon lequel « Vous êtes perdu », ce qui signifie que le Navire-Bénin n’a plus de Capitaine, il faut en tirer les conséquences logiques ; il ne vous reste, pour une issue honorable, qu’une dernière chose : déposer aussitôt le Tablier et Partir.
Le Peuple prendra toutes les mesures d’urgence qu’il faut pour organiser les Etats Généraux afin de rebâtir le Pays sur des bases modernes, démocratiques, anti-impérialistes et patriotiques.
Recevez Monsieur le Président de la République, mes Sentiments patriotiques.
Cotonou, le 14 Février 2024
Philippe T. NOUDJENOUME
Président de l’Alliance Pour la Patrie
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin