LES ELECTIONS, LES LUTTES DE CLASSES ET LA PERMANENCE DE LA DOMINATION FRANÇAISE SUR LE SENEGAL.
Depuis les pseudos indépendances de 1960, le Sénégal a connu au total 05 présidents dont le dernier va prêter serment dans quelques jours. Il s’agit de Léopold Sedar SENGHOR, Abdou DIOUF, Abdoulaye WADE, Macky SALL et Diomaye FAYE.
De façon singulière, on a toujours loué la démocratie sénégalaise caractérisée par les élections régulières et sans à-coup ; ce qui en fait un modèle dans le système colonial français. Mais quelle en est la réalité ? Quelle est la part de la vérité de la lutte des classes camouflée derrière ces élections trompe-œil ?
I- Le régime de l’UPS-Senghor-Diouf.
Compte tenu du caractère stratégique du Sénégal dans le dispositif impérialiste de la FrançAfrique, il fallait des Agents pro-français chiens de garde fidèles de l’empire et pour cela la France organisa la scission de la Fédération du Mali (regroupant Soudan Français et Sénégal) et l’isolement du Patriote Modibo Kéita.
De 1960 à 1981, le Sénégal connut ce régime pro-français avec un Président -poète appelé Senghor qui osait fièrement déclarer que « l’Emotion est nègre, la Raison est Héllène », autrement dit le Noir n’est qu’émotion, danse et crie alors que le Blanc est Raison incarnée. Le système a fonctionné sous forme de Parti unique pendant longtemps jusqu’au moment où le poète Président Français a bien voulu octroyer au peuple un 2ème Parti (le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) puis un Troisième Parti. Senghor passa le pouvoir à Abdou Diouf le 1er Janvier 1981. Celui-ci passa tranquillement ses 19 ans au pouvoir 1981-2000, sans accroc et voulait se représenter.
Alors, les luttes entre les différentes fractions de la bourgeoisie pro-impérialiste sénégalaise s’exacerbent.
II- Pouvoir d’Abdoulaye Wade (2000-2012)
Pour gagner avec le slogan de « Sopi », l’aile pro-impérialiste française conduite par WADE, fit appel aux forces populaires qui en avaient marre du régime Parti Socialiste (PS-Diouf), poursuite du système « Enclos français ».
Les forces populaires s’engagent au côté du pouvoir de WADE avec l’illusion que le changement d’homme, c’est-à-dire le départ de Diouf signifierait changement de système et d’amélioration des conditions de vie des masses. Le peuple s’insurgea et fit gagner WADE. Et le système colonial françAfricain se poursuit. A la fin, le pouvoir s’en sortit avec de gros scandales financiers et de corruption avec pour chef de file le propre fils de Wade, Karim Wade. Le peuple insurgé se trouve ainsi floué.
III- Macky Sall (2012- 2024)
Macky qui se trouvait comme dauphin d’Abdoulaye Wade, se rebella. Le même scénario se répéta ainsi avec Macky Sall; celui-ci pour vaincre Wade fit appel au peuple ; il appela au secours et impliqua le peuple avec le « Mouvement " Yen a marre !"». Le peuple se souleva encore et avec cela balaya dans les urnes le pouvoir corrompu de Wade. Mais le pouvoir de Macky s’est caractérisé par une violence jamais égalée depuis lors au Sénégal. Et les intérêts populaires jamais autant piétinés par un pouvoir. Une fois encore, le peuple est floué.
Quelles leçons tirer jusque-là ?
1°-Le Sénégal a toujours connu et surtout à chaque fin des mandats constitutionnels, des soulèvements populaires depuis 2000. C’est toujours un couplage élection-soulèvement.
2°-Pour ce qui est observé jusque-là, ces soulèvements populaires sont souvent sollicités par les classes bourgeoises pro-impérialistes qui les utilisent à leurs fins.
Pour ce faire, les bourgeois pro-impérialistes surfent sur les revendications des masses, indexent les dirigeants au pouvoir comme principaux responsables et ainsi se présentent en alternative. Mais une fois au pouvoir, ils font exactement la même politique, la politique pro-impérialiste. Autrement dit, le peuple combat, les bourgeois pro-impérialistes se faufilent au pouvoir. Les luttes étant ainsi récupérées par des agents de la FrançAfrique. Il en fut ainsi avec Wade. Il en a été de même avec Sall.
IV- La situation actuelle.
A la différence des deux précédents pouvoirs, c’est la couche supérieure de la petite bourgeoisie (patriotique) qui s’est rebellée et a formé un mouvement politique : C’est le Groupe PASTEF. Ce Groupe regroupant en son sein plusieurs tendances, dont des Patriotes, a réussi, avec l’aide de ceux-ci, à gagner la confiance du peuple sénégalais. Ceci, surtout, avec des mots d’ordre patriotique de souveraineté, et aussi à la faveur de l’environnement de la révolution patriotique dans la sous-région.
Telle est la signification de la victoire de l’Opposition incarnée par FAYE-SONKO et le PASTEF. Le peuple subira-t-il le même sort qu’avec les deux pouvoirs précédents ? Seul l’avenir nous fixera.
Pour l’heure, nous disons « Bravo Peuple sénégalais ! Félicitation au Président FAYE ! Félicitation à Ousmane SONKO ! »
Le Cercle de Recherche près la Rédaction de La Flamme
La Flamme N°543 du 29 mars 2024