LA DOMINATION ECONOMIQUE FRANÇAISE SUR LE SENEGAL
En dehors de ce que représente le Sénégal du point de vue stratégique et politique, l’autre aspect d’importance est ce qu’est cet Etat du point du vue économique et financier.
I- Observations Générales en termes de domination économique.
Nous nous référons ici aux données relevées par les études.
« La France première entreprise du Sénégal, les entreprises françaises représentent une part importante de l’activité économique au Sénégal. Les 13 premières filiales françaises enregistrent un chiffre d’affaires cumulé d’environ 1300 Mds XOF soit à titre de comparaison 53% du budget sénégalais ou environ 18% du PIB. Parmi elles, il convient de noter l’importance de la Sonatel, filiale d’Orange et première entreprise du pays, avec un CA de 663 Mds XOF en 2012. Cette prédominance française devrait se stabiliser voire se renforcer dans les prochaines années avec la prochaine entrée en production de la mine de Zircon, détenue à 50% par le groupe Eramet.
Aux côtés des filiales françaises au nombre d’une centaine, on peut associer les entreprises de droit sénégalais détenues par des ressortissants français comme la Compagnie sucrière du Sénégal et les entreprises de tradition françaises comme CFAO, Allianz Sénégal (ex AGF), qui, elles-aussi, dépassent probablement la centaine d’entités. Cette « sphère d’influence économique » réalise un chiffre d’affaires d’environ 1700Mds XOF, chiffre équivalent à 23% du PIB.
Deux grandes périodes se distinguent s’agissant des investissements français au Sénégal : l’implantation historique, complétée par une vague d’investissements des années 1990. Si les nouveaux venus ont été peu nombreux ces dernières années, on peut mentionner récemment les rachats dans le secteur de l’huile, en 2011, d’Oléosen par Sofiproteol et, en 2012, de Novasen par Copeol (Groupe Castel), ainsi que l’arrivée d’Eramet pour l’exploitation de sables titanifères et d’Onomo dans le secteur hôtelier.
La présence française stricto-sensu touche tous les secteurs d’activité » (Source dakaractu.com : tresor.economie.gouv.fr).
Parmi les 20 Premières Entreprises du Sénégal on trouve au moins dix contrôlées directement et d’autres à travers des filiales de droit sénégalais (mais contrôlés) par le Capital français.
« Les 20 premières entreprises au Sénégal
• SONATEL – SA
• SAR – SA (SOCIETE AFRICAINE DE RAFFINAGE)
• TOTAL SENEGAL
• SENELEC – SA
• ITOC – SA
• GROUPE MIMRAN (GMD/ CSS) française
• SHELL – SA
• SOCOCIM INDUSTRIES – SA (française)
• INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL
• OILIBYA
• CDS-SA (CIMENT DU SAHEL)
• GROUPE TSE-SA (française)
• SUNEOR
• SENTEL – GSM (TIGO) française
• SDE – SA (française)
• ELTON – SA (ELTON COMPANY OIL SA)
• SBG SENEGAL – SA française
• ETNOCELL SA
• COMPTOIR COMMERCIAL MANDIAYE NDIAYE
• DIPRO »
Les Entreprises telles SONATEL, TOTAL, Groupe MIMRAN, SOCOCIM, TSE-SA, SENTEL (Tigo), SDE (Sénégalaise des Eaux), Société Générale de Banque, DIPRO- Pharma Sénégal etc. (Source : Senegal.online.com).
On avait déjà noté l'importance de la Sonatel, filiale d'Orange et première entreprise du pays avec un chiffre d'affaires de 663 Milliards XOF en 2012. En termes d'effectifs, sur la base d'un secteur formel privé de 260.000 salariés, les 13 principales filiales françaises représentent environ 3,3% de l'emploi total. En élargissant aux entreprises de la sphère française, même dans l'agroalimentaire (Africagraines) comme dans le transport Air France Énergie (Air liquide) .
La SDE est un scandale du Genre. Même l’Eau que boivent les Sénégalais appartient à la France.
« Depuis le 23 avril 1996, la Sénégalaise des Eaux (SDE), filiale du groupe Eranove, assure la production et la distribution d'eau dans les principales villes sénégalaises, soit près de sept millions d'habitants desservis1.
Dans le cadre d’un appel d’offres international, le 23 octobre 2018, le Ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement annonce que le contrat d'affermage du service public de l'eau pour la période 2019-2033 est provisoirement attribué au groupe Suez2. La SDE est liée à l'État du Sénégal par un contrat d'affermage. Après une première période de 10 ans (23 avril 1996-22 avril 2006), le contrat d'affermage a été prolongé à quatre reprises jusqu’en 20189, avant l’appel d’offres international en cours. L'État assure la tutelle du secteur par l'intermédiaire du Ministère de l'Hydraulique et de l’Assainissement, et du Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan ».
Cette domination économique outrageante a fait écrire par Jeune Afrique (Jeune Afrique (jeuneafrique.com) :
« Sénégal, l’omniprésence des grandes entreprises françaises nourrit le sentiment anticolonialiste.
Au Pays de la teranga, ce sont les grands groupes hexagonaux, accusés de néocolonialisme, qui cristallisent le ressentiment Anti-français. Le slogan est sans équivoque : « France dégage ! » « Lutte contre le néocolonialisme ». Il y a d’abord le franc CFA, vieux sujet de contestation dans les quatorze pays du continent où il circule encore. À Dakar, le débat est porté par l’activiste Guy Marius Sagna et son mouvement « Non aux APE [accords de partenariat économique], non au franc CFA !», rebaptisé Front pour la révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) en 2018. « La contestation n’est pas née à cette époque, mais le débat sur le franc CFA, très complexe, a été démocratisé. Il est sorti du milieu universitaire pour gagner la société civile », décrypte Alioune Sall, directeur exécutif de l’Institut des futurs africains ».
II- - Observations Particulières en termes de domination économique.
1°- La domination monétaire et financière du point de vue de la sécurité impérialiste française.
Le Sénégal héberge, comme on le sait le siège la BCEAO (Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest) regroupant les 8 pays de la Zone CFA ouest-africaine (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Burkina, Sénégal, Togo). Le Sénégal arrive en deuxième position en réserve de devises dans le Compte d’Opération (environ 26%) après la Côte d'Ivoire qui totalise plus de 40% des réserves). Ainsi, pour la sécurité des choses pour la France, le Sénégal héberge le siège de la Zone, pendant que le Gouverneur de cette BCEAO est toujours Ivoirien. Tout est ainsi bouclé.
2°- La domination industrielle, minière et commerciale.
Les Grandes Entreprises industrielles sont aux mains des Français.
Les Grandes Surfaces de Distribution sont encore aux mains des Entreprises françaises telles Auchan ; Super U, etc.
Sur le plan minier, c’est là que se déroule la plus grande bataille où la France se taille la part du lion.
Ainsi, comme l’écrit un Journal « Total en force dans le pétrole sénégalais
Le premier accord, le plus important, est un contrat de recherche et de partage de production d'hydrocarbures sur le bloc Rufisque Offshore Profond d'une superficie de 10. 357 km2, dont Total sera opérateur (90%), aux côtés de la Société nationale des pétroles du Sénégal (Petrosen). De plus, la construction du Train express régional (TER) qui reliera Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio, a été attribuée, au mois d'avril, au français Alstom. Le coût du projet d'infrastructure, l'un des plus emblématiques du mandat de Macky Sall, est estimé à près de 600 milliards de Fcfa. La liste n'est pas exhaustive car l'exploitation et la maintenance du TER seront confiées au groupement français (SNCF/RATP). Khadim Mbaye.
Il faut ajouter à cela le Zircon dont le Sénégal est 3ème producteur mondial confié à l’entreprise française, ERAMET. Nous n’allons pas oublier le gaz et autres ressources minières tel le lithium, etc., dont regorge le Sénégal et pour lesquelles les Entreprises françaises sont positionnées.
En conclusion :
Il est donc clair que le poids économique que constitue le Sénégal est un véritable trésor pour la France. Ce qui justifie du coup le chômage, la misère du peuple sénégalais à qui les ressources sont arrachées pour servir la France.
Avec tout cela, on comprend aisément les « luttes contre le néocolonialisme » des activistes sénégalais notamment le leader du FRAPP Marius Guy SAGNA qui affichent leur ras-le-bol comme l'écrit Jeune Afrique du 11 mars 2020.
En plus de l’importance stratégique et politique du Sénégal, se trouve aussi l’importance économique comme il est montré dans l’article.
De ce point de vue, il n’est pas imaginable que la Françafrique lâche aussi facilement cette poule aux œufs d’or.
Le Cercle de Recherche près la Rédaction de La Flamme
La Flamme N°543 du 29 mars 2024