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Sortie médiatique du DGPR sur les exactions policières
L’ODHP rejette les arguments de Soumaïla YAYA


ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS
DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)
2005 / 0061 / DEP - ATL -LITT / SG / SAG – Assoc-JORB N°4 du 15 février 2005
08 BP 1114 Cotonou (Rép. du Bénin)
Tél : 97684931-97263620-

 

Sortie médiatique du DGPR sur les exactions policières :
Halte au déni de l’autorité de nos chefs traditionnels et à la violation du droit à l’information.

Le 17 avril 2024, Monsieur Soumaïla YAYA, Directeur Général de la Police Républicaine a animé un point de presse dans le cadre de l’opération de répression des usagers de la route lancée depuis le 1er mars 2024. Il déclare à cette occasion et sur un ton menaçant: « Un chef traditionnel qui monte sur une moto, il enlève sa couronne, il met son casque. S’il ne veut pas enlever sa couronne, il emprunte un véhicule, ou il emprunte…les tricycles. Mais, qu’il ne laisse pas la voiture et monte sur la moto pour nous dire que lui, il est chef traditionnel, qu’il ne peut pas mettre casque. Il sera forcément intercepté et on va contraindre celui qui l’a remorqué à aller payer la contravention, je voudrais leur rappeler ça. Et il y en a parmi eux qui incitent les gens à la rébellion. Ça, c’est une autre infraction qu’ils sont en train de commettre. Si vous commettez des infractions aux lois de la République, ne pensez pas que la police va vous laisser. La police va vous interpeler, faire les procédures et vous présenter au Procureur… ceux qui appellent les populations à la rébellion, ils seront interpellés et présentés aux tribunaux, c’est comme ça…. Et ceux qui l’ont fait, qu’ils s’attendent un jour à ce que la police descende chez eux, on va les prendre… »


1- AU SUJET DES CHEFS TRADITIONNELS.


Le DGPR YAYA est dans un déni de l’autorité morale des garants de nos traditions. Il viole ainsi le principe de sacralité conféré à leur rang et qualité. Dans toutes les sociétés sérieuses au monde, les chefs traditionnels incarnent des valeurs sacrées inviolables. Ils sont traités avec courtoisie et régulièrement protégés par l’autorité publique. Du reste, la chefferie traditionnelle est reconnue et respectée dans notre pays. Et on ne devrait pas oublier la place que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples accorde aux valeurs traditionnelles positives de nos sociétés. Ne pas reconnaître cela, c’est une insulte à nos cultures et croyances.


2- AU SUJET DES MENACES CONTRE LES DENONCIATEURS DE ZELE DE LA POLICE.


Monsieur YAYA, est dans une posture de violation des libertés fondamentales dont le droit à l’information et surtout de celui d’assistance à personne en danger. Il confirme ainsi l’appel au massacre. Car, les faits reprochés à la police concernent la torture, les traitements inhumains et dégradants infligés aux usagers plus le refus de leur dénonciation. Et ces faits constituent des infractions pénales dont certaines sont imprescriptibles. La justice se serait déjà autosaisie contre ces forfaits et leurs auteurs que le DGPR ne tiendrait plus ce langage de va-t’en guerre contre les libertés.


Il aura fallu des images et vidéos pour alerter l’opinion sur plusieurs cas de zèle de la police pour que la vérité soit connue et que la justice se mette à la tâche. Mieux, ceux qui en parlent et invitent les populations à la résistance contre le zèle de la police, ce ne sont pas eux qui appellent à la rébellion. Au contraire, les actes de torture, les traitements inhumains et dégradants commandités sur les populations appauvries, affamées et empêchées d’aller chercher de quoi manger et nourrir leur famille, ce sont ces actes répréhensibles qui obligent ces dernières à réagir. Le DGPR ferait mieux de rappeler ses éléments à l’ordre que de vouloir intimider la population victime et qui a le droit de crier ou de dénoncer et si récidive de s’insurger (Cf. Déclaration Universelle des droits de l’Homme).

En fait, les tortionnaires pensent faire jouer l’impunité des crimes politiques de 2019 notamment, ainsi que celle d’avant cette période en leur faveur pour continuer leurs dérives dans la violation des droits de l’homme et des peuples. Mais le peuple a de la mémoire et sait défendre ses droits malgré les souffrances pour ramener leur respect à l’ordre du jour contre les tortionnaires et criminels de tout acabit, ceux d’aujourd’hui comme ceux de tous les temps qui le provoquent.


En clair, cette sortie médiatique de Monsieur YAYA est une fuite en avant. Il faut que la police arrête ses provocations vis-à-vis des populations. Notre pays est sous menace des terroristes dont les attaques hantent nos populations. La Police Républicaine doit arrêter d’en rajouter à leur psychose.

Cotonou, le 19 avril 2024
Le Bureau Exécutif National

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