Il y 50 ans,le 25 avril 1974 le coup d'État des capitaines portugais contre le pouvoir fasciste et colonialiste de Caetano
Le 25 avril que le Mouvement des Forces Armées ( MFA) lance les opérations pour La révolution des Œillets (Revolução dos Cravos en portugais), également surnommée le FC 25 avril (25 de Abril en portugais), le nom donné aux événements d'avril 1974 qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. Elle doit son nom à l'œillet rouge que les militaires du MFA ont arboré à leur boutonnière et dans le canon de leur fusil en signe de ralliement, plus simplement, donné spontanément par les marchands en disposant.
Ce que l'on nomme « révolution » a commencé par un coup d'État organisé par des militaires qui se sont progressivement radicalisés par rejet des guerres coloniales menées par le Portugal, en Afrique. Ce coup d'État, massivement soutenu par le peuple portugais, a débouché sur de profondes divisions sur la façon de refonder le Portugal. Finalement, l'événement a profondément changé le visage socio-politique du pays. Le 25 avril 1974 est un évènement essentiel de l'histoire européenne.
La révolution des Œillets a la particularité de voir des militaires porteurs d'un projet démocratique (mise en place d'un gouvernement civil, organisation d'élections libres et décolonisation...) et cherchant à renverser une dictature sans pour autant instaurer un régime autoritaire et militaire.
C'est l'instauration de la démocratie au Portugal après 40 ans d'une chape de plomb : la dictature salazariste. Depuis février 1961, en Angola, le régime a déclenché des « guerres de pacification » visant à maintenir la colonisation portugaise face aux révoltes indépendantistes (Angola, Mozambique, Cap-Vert, Sao-Tomé-et-Principe et Guinée-Bissau). Mais c'est l'enlisement après plus de dix années de guerre, qui font de plus en plus de victimes parmi les jeunes enrôlés par la conscription et parmi les officiers engagés. Les guerres coloniales deviennent ainsi l'un des terreaux ayant facilité le renversement du régime dictatorial notamment sous l'impulsion et l'organisation d'Otelo de Carvalho qui conservera d'ailleurs un rôle politique majeur dans la période politique qui suivra la chute de la dictature salazariste. La diffusion par la radio de Grândola, Vila Morena, chanson de Zeca Afonso interdite par le régime, annonce le départ des militaires révoltés du MFA pour s'emparer des points stratégiques du pays. En quelques heures, le pouvoir s'effondre.
Durant ces opérations, malgré les appels réguliers des « capitaines d'avril » du MFA à la radio incitant la population à rester chez elle, des milliers de Portugais descendent dans la rue, se mêlant aux militaires insurgés. L'un des points centraux de ce rassemblement est le marché aux fleurs de Lisbonne, alors richement fourni en œillets. Celeste Caeiro, en donne à plusieurs militaires. Certains militaires insurgés mettront cette fleur dans le canon de leur fusil, donnant ainsi un nom et un symbole à cette révolution.
Marcelo Caetano, réfugié dans la caserne principale de la gendarmerie de Lisbonne, est encerclé par le capitaine Salgueiro Maia et ses hommes, tous membres du MFA. Voulant à tout prix éviter que le pouvoir ne tombe dans la rue (ou aux mains du MFA qu'il considère comme un mouvement communiste), il accepte de se rendre à condition de remettre le pouvoir au général Spínola, ce qui sera fait après accord du MFA. Caetano est alors emmené sous escorte et envoyé en exil vers le Brésil.
Seule la Police Internationale et de Défense de l’Eta (PIDE), police politique, oppose une résistance armée et tire dans la foule, faisant quatre morts, uniques victimes de cette révolution. Cette résistance est anéantie dans la nuit du 25 au 26.
Comme prévu le pouvoir est aussitôt confié à un groupe de militaires denommé Salut National (SN). . Cette proclamation affirme que le pouvoir sera remis aux civils à l'issue de la tenue d'élections libres, et insiste sur la volonté d'une politique dite des Trois D : « démocratiser, décoloniser et développer ».
Les prisonniers politiques sont également libérés. Les dirigeants des partis politiques en exil peuvent dès lors rentrer triomphalement au Portugal : le socialiste Mário Soares le 29 et le communiste Alvaro Cunhal le 30 avril.
Les colonies portugaises en Afrique,Angola Guinée-Bissau, Mozambique, Cap-Vert, et Sao Tomé Principes recouvrent enfin leur liberté.
Cette expérience au Portugal montre le rôle progressiste que peut jouer une partie de l'armée si elle prend en compte les intérêts du peuple et s'allie à lui.
Clénon K.