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HOMMAGE A MARYSE CONDE, UNE GEANTE DE LA LITTERATURE MONDIALE


Le 2 avril 2024, Maryse CONDE, une géante de la littérature mondiale a quitté ce monde, en guise d’hommage, nous publions cet extrait tiré de l’organe Jik An Bout, Journal en ligne des Comités Populaires de Martinique N° 217-23 Avril 2024.


JOSEPH-ANGELIQUE, membre du bureau du CNCP, a rappelé son parcours sur Radio Fréquence Atlantique le 7 avril 2024. Nous reprenons ses propos ci-dessous.


« Maryse Liliane Appoline Boucolon, plus connue sous le nom de Maryse Condé, née le 11 février 1934 à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe est décédée le 2 avril 2024 à l’âge de 90 ans à Apt dans le Vaucluse en France. Elle était une journaliste, professeure de littérature, dramaturge, femme de lettre, écrivaine Guadeloupéenne de renommée mondiale. L’immensité et la profondeur de son travail peuvent être mesurées à travers les thèmes abordés dans ses œuvres. Citons-en quelques-unes : Essais : « Pourquoi la négritude ? Négritude ou révolution », « La civilisation du Bossale» «Réflexions sur la littérature orale de la Guadeloupe et de la Martinique», «Noir c’est Noir», «La parole des femmes», «Les ravages du colonialisme et le chaos du post colonialisme». Théâtre : « Dieu nous l’a donné », « Le morne de Massabielle », « An tan révolisyon» Romans : « Hérémakhonon» publié en 1976, «Moi, Tituba sorcière…


Noire de Salem », pour lequel elle a reçu en 1987 le prix de la femme et en 1994 le prix littéraire des jeunes lecteurs de l’Île de France, « La vie scélérate, prix d’Anaïs Ségalas » en 1988, « Ségou : les murailles de terre », prix Liberatur en 1988 en Allemagne, « Désirada » prix Carbet de la Caraïbe et du tout Monde en 1997, « Le cœur à rire et à pleurer » prix marguerite Yourcenar en 1999, « Victoire, les saveurs et les mots » prix Tropiques en 2007, « Les belles ténébreuses» Trophée des arts afro-caribéens en 2008, « En attendant la montée des eaux » grand prix du roman métis, Si la France s’est illustrée en n’attribuant aucun prix littéraire à la Guadeloupéenne, elle a été honorée à plusieurs reprises par ailleurs. Depuis 2001 un prix littéraire porte son nom : le prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé. « Mémoire des pays du sud, mémoire de l’humanité ». « Les ravages du colonialisme et le chaos du post colonialisme » a été récompensé en 2018 par le prix Nobel de littérature alternatif institué la même année par la « Nouvelle Académie » créée par un groupe d’intellectuels suédois. (...)

 

En 2021, Maryse Condé reçu le prix mondial Cino del Duca pour l’ensemble de son œuvre littéraire. « Cette distinction, dit-elle, je l’accueille avec joie et fierté. Mais ce ne sont pas là des sentiments égoïstes. Si la situation sanitaire le permettait je serais venue en Guadeloupe le partager avec tous mes frères et toutes mes sœurs et surtout avec les jeunes, réduits à choisir entre le chômage, la violence ou l’exil. On ne le répétera jamais assez : ceux qui devant la misère de la Guadeloupe et de la Martinique ont fait voter en 1946 la loi d’assimilation, se sont lourdement trompés. La départementalisation a détruit toutes nos forces. Aujourd’hui on ne parle de la Guadeloupe qu’au moment des cyclones ou autres catastrophe naturelle. Elle est devenue un décor touristique pour les étrangers nantis où comptent seulement la mer et le soleil. J’avais une discussion avec notre regretté frère Roland Thésauros, disparu récemment, et nous nous demandions pourquoi les fruits de l’indépendance tardaient tant à être savourés. Quelles fautes avons-nous commises ? Avons-nous manqué de courage et d’abnégation ?


Ainsi, quand en 1986 je suis revenue en Guadeloupe, ni l’université, ni la radio, ni la DRAC n’ont voulu de moi. Affolée, j’ai alors accepté l’invitation de l’université de Berkeley en Californie et j’ai quitté mon pays natal. Ai-je eu tort ? Cependant peu importent les regrets stériles et les remords tardifs. La lutte n’est pas finie. Il faut garder la foi. Un jour la terre sera ronde. C’est sur cette note d’espoir que je fais part à tous les camarades de mon soutien et de ma foi en l’avenir. Fraternellement, Maryse Condé. » La Guadeloupe n’a pas attendu son décès pour l’honorer : depuis le 10 décembre 2012, le collège de la Désirade a été dénommé « Collège Maryse Condé ».

 

Maryse Condé était une indépendantiste Guadeloupéenne qui s’est élevée contre le colonialisme et toutes autres formes d’oppression. Elle nous a quittés, mais cet être cher ne disparaîtra pas. Nous continuerons à nous inspirer de son œuvre et à la faire vivre dans nos cœurs. » Au nom du CNCP et, nous le croyons, traduisant les sentiments de tout le Peuple Martiniquais, nous rendons respectueusement hommage à notre sœur, notre mère et notre porte-drapeau, Maryse CONDE. Nous exprimons toute notre sympathie envers tous ses proches et le Peuple Guadeloupéen.