Envoi de troupes béninoises en Haïti
Le peuple béninois doit dire non
Le 26 février 2024, l’Ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, à l’occasion du 46ème Sommet des Chefs de Gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à Guyana, annonce l’envoi en Haïti d’un contingent de 2.000 militaires et policiers béninois. Au niveau de l’opinion publique, c’était la surprise et la stupéfaction. 2.000 militaires pourquoi faire ?
Depuis l’assassinat du dernier Président Haïtien le 7 juillet 2021, les gangs ont gagné beaucoup d’influence dans le pays, surtout la Capitale Port-Au-Prince est plongée dans un chaos total.
C’est dans ce contexte que le premier ministre haïtien, Ariel Henry, avait réclamé, à la tribune de l’ONU, en octobre 2022, une intervention sécuritaire en urgence. Presqu’un an après, le 2 octobre 2023, le Conseil de Sécurité des Nations unies a finalement donné son accord. Or qui dit Conseil de sécurité, dans cette région, dit les USA. Or, au niveau d’Haïti, ce sont les USA, gendarme de cette région, le Canada, qui abritent une importante communauté haïtienne et la France, ancienne puissance colonisatrice qui sont à la manœuvre.
Il faut aussi savoir que l’histoire des milices et des gangs en Haïti est une vieille histoire. En effet, ce sont les hommes politiques liés aux USA, au Canada et à la France, qui entretiennent ces milices et tous les rapports indiquent que la plupart des armes qu’elles utilisent, proviennent des USA. On se souvient des fameux tontons macoutes des Duvalier père et fils qui ont tant terrorisé le peuple Haïtien. Depuis l’indépendance d’Haïti, toutes les interventions étrangères consistant à venir régler une situation interne dans le pays n'ont contribué qu’à les aggraver. Combien de missions l’ONU n’ont pas été envoyées en Haïti depuis. Il y a quinze ans, l’ONU déployait la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), une opération de maintien de la paix établie par le Conseil de sécurité pour soutenir la stabilité du pays ayant connu plusieurs crises politiques successives. En octobre 2017, la MINUSTAH a cédé la place à la MINUJUSTH qui a achevé son mandat le 15 octobre 2019. Au dernier jour de cette mission, son chef déclarait, « l’organisation maintenait son soutien au pays mais la sortie de la crise politique que traverse l’Etat des Caraïbes, était « du ressort des Haïtiens ».
D’où sort-il actuellement qu’on veut envoyer des troupes en Haïti ? En réalité, les USA, le Canada et la France ont un calendrier caché qui n’a rien à voir avec les intérêts du peuple haïtien. C’est pourquoi ce dernier n’a jamais voulu de troupes mercenaires sur son sol. Pour essayer de cacher leur jeu, les puissances impérialistes veulent envoyer des troupes africaines noires de préférence. Voilà pourquoi elles ont convaincu le gouvernement kényan de prendre la tête de la mission et Patrice Talon d’envoyer des troupes. Mais le peuple kényan est contre.
Comment peut-on comprendre alors la décision de Patrice Talon d’envoyer des troupes béninoises en Haïti ? Cela semble en effet bizarre au moment où l’insécurité gagne le nord de notre pays, où Patrice Talon négocie avec les étrangers afin de faire venir leurs troupes pour éradiquer les terroristes.
En fait, en décidant d’envoyer nos militaires et policiers en Haïti, Patrice Talon est guidé par trois considérations.
1) Dans le cadre de la sauvegarde de son pouvoir, Patrice Talon ne peut plus rien refuser aux impérialistes sur qui il compte pour perpétuer son pouvoir. Tout ce qu’ils peuvent lui demander, il est prêt à le leur céder, attendant le retour d’ascenseur pour 2026.
2) Une mission de l’ONU, c’est de grosses sommes d’argent. En général, pour l’ONU, au cours d’une mission, un soldat béninois vaut un soldat américain. Si ce dernier est payé 4.000 dollars le mois, le béninois reçoit théoriquement la même somme. Or, tout le monde sait que le soldat béninois reçoit des miettes de la part du gouvernement qui dispose du reste. On se souvient que c’est au retour d’une de ces missions que le caporal Dangou a été froidement abattu parce qu’il réclamait le reliquat des miettes que le gouvernement lui devait. Avec les difficultés financières découlant de la fermeture de la frontière avec le Niger, on comprend que les revenus provenant d’une mission éventuelle de l’ONU sont une manne financière inespérée pour Patrice Talon.
3) En décidant d’envoyer des troupes en Haïti, Patrice Talon trouverait là, après les radiations arbitraires, l’occasion de se débarrasser avec facilité de quelques militaires et policiers encombrants qu’il aurait été obligé de trainer dans la situation de crise actuelle.
Comme on le voit, les raisons qui poussent Patrice Talon à envoyer des troupes béninoises en Haïti, n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple béninois ni du peuple haïtien. Voilà pourquoi notre peuple doit s’opposer de toutes ses forces à cette décision.
Non à l’envoi de troupes béninoises en Haïti.
Houeto