A propos du patrimoine culturel Boo
Lettre Ouverte au préfet Ky-samah Bello de l’Alibori
INSTITUT INTERNATIONAL DE RECHERCHE ET DE FORMATION (INIREF)
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Lettre ouverte à M. Bello KY-SAMAH, préfet de l’Alibori,
A propos de la ‘’ destruction ‘’ des hauts-fourneaux de Bensèkou (Commune de Kandi) et GBèssè (Commune de Ségbana)
Monsieur le Préfet,
C’est avec respect que nous venons porter à votre connaissance la préoccupation qui suit.
Depuis la fin du mois de mars, et de sources concordantes, il nous est parvenu l’information selon laquelle les hauts-fourneaux ci-dessus indiqués seraient mis en péril sinon ‘’ détruits ‘’. Cette mauvaise nouvelle a créé en nous un si grand émoi qu’il nous est paru invraisemblable que quelqu’un puisse pousser la bêtise humaine à ce point dans le contexte régional et international actuel. Alors, nous nous sommes dit que si c’était le cas, le préfet de l’Alibori, réagirait pour infirmer ou confirmer l’information. Mais hélas, jusqu’à présent, rien n’est venu de vous pour éclairer l’opinion publique. Voilà pourquoi, nous avons rompu notre silence pour vous adresser cette lettre ouverte.
Monsieur le Préfet, l’importance des objets culturels est si claire pour tous d’autant plus que tous les pays africains réclament et obtiennent que leurs objets culturels volés pendant la colonisation soient restitués. Et c’est pendant que ce mouvement d’émancipation patriotique se déroule avec intensité et fierté méritée dans notre propre pays, que les objets culturels du peuple boo, au lieu d’être entourés de vos soins, sont plutôt vandalisés. Est-ce que vous vous rendez compte de l’importance de la perte que vous faites encourir au pays en matière de ressources économiques potentielles ?
Est-ce que vous vous rendez compte de l’importance de la perte que vous causez à la Nation béninoise et à l’humanité en matière de génie métallurgique du peuple boo qui savait fabriquer le fer avec ces haut-fourneaux artisanaux ?
Monsieur le Préfet, si nous nous référons à la définition de l’UNESCO : « Le patrimoine culturel est , dans un sens le plus large , à la fois un produit et un processus qui fournit aux sociétés un ensemble de ressources héritées du passé, créées dans le présent et mises à disposition pour le bénéfice des générations futures », les déprédateurs actuels des hauts-fourneaux et leurs complices conscients et inconscients sont autant criminels que le colonisateur français qui a mis sous boisseau ce savoir-faire industriel pour étouffer le développement du pays.
Vous comprenez alors pourquoi nous vous accablons aussi bien que tous les préfets qui sont passés dans le département avant vous n’aient rien fait pour protéger ces objets culturels. Oui, cela est vrai, ils sont aussi responsables de ce qui est arrivé, mais seulement partiellement puisqu’ils ne sont plus là ; et le vent patriotique en leur temps n’était pas si fort qu’aujourd’hui. De sorte que les acteurs publics d’aujourd’hui pour peu qu’ils pêcheraient par antipatriotisme subiront toute la colère et la fureur du peuple. Par conséquent, vous voudrez bien faire diligence pour faire la lumière sur la ‘’destruction ‘’ des hauts-fourneaux et/ou mettre la main sur les criminels.
En tout état de cause, le peuple béninois ne vous pardonnera pas que le patrimoine culturel du vaillant peuple boo qui a enfanté BIO GUERA soit mis en péril sous votre mandat. A bon entendeur, salut !
Nous vous prions, M. le Préfet, de recevoir l’expression déterminée de nos sentiments patriotiques.
Cotonou, le 12 mai 2022
Pour le Président et p.o
Le 2ème Vice-Président
NOMA J. Oroutoui