La chute des effectifs au BEPC 2022
Un aspect du chaos de l’école le pouvoir de talon


Le 25 mai 2022, le Directeur des Examens et Concours Dr. KOUDOADINOU Roger a rendu public un tableau comparatif des effectifs et des centres d’examen de 2021 et de 2022. De la lecture de ce tableau, il ressort que de 145.959 candidats en 2021, l'effectif des candidats au BEPC est passé à 119.746 candidats pour le compte de l’année 2022; soit un effectif total de 26 213 candidats en moins. De 234 centres d’examens en 2021, l’on est passé aujourd’hui à 211 centres; soit une supression de 23 centres de composition. Pour justifier la chute constatée de l'effectif de cette année 2022, le Directeur des Examens et Concours explique cela par l’extirpation des candidats fictifs et les fraudeurs dont “le recours à la plateforme Educ Master a permis leur identification.”


Ces propos justificatifs du DEC suscitent des questionnements. En effet, l’on se demande ce que le DEC entend par « candidats fictifs et fraudeurs.» Quels sont les critères qui militent en défaveur de ces candidats qualifiés de fraudeurs ou fictifs ? On parle bien d’examens académiques et non de concours. Or, tout le monde sait qu’il n’y a jamais eu de barrières d’âge ni de conditions physiques qui empêchent un candidat de prendre part à un examen académique. Autrement dit, quel que soit l’âge ou la condition physique d’un homme, il peut s’inscrire et passer un examen académique. Ou bien, ce sont les centaines d’élèves renvoyés de l’école chaque année pour insuffisance de travail au nom des mesures instituées par Educ Master que le DEC qualifie de fictifs ou de fraudeurs ? Sinon, cela ne se comprend pas. C’est dire donc que l’argument de filtrage mis en avant par le DEC pour justifier la baisse de l’effectif est plutôt un prétexte. Car en réalité, Educ Master n’est qu’un instrument de dématérialisation administrative. Avec un tel outil, la gestion des effectifs ne devrait plus poser problème, au contraire. C’est donc clair qu’au lieu de s’en servir pour dématérialiser l’administration, cela devient plutôt un instrument d’exclusion. Les diverses manœuvres d’exclusion des centaines d’élèves chaque année explique bien cela. Ces élèves qu’on exclut de l’école sans perspective. Dans les pays sérieux, des formations spéciales ou professionnelles sont initiées au profit des déscolarisés. Mais chez nous, ni le sort, ni l’avenir de ces enfants ne préoccupent pas les dirigeants. On dirait même que ces dirigeants se réjouissent de les voir exclure de l’école. Et comme l’affirmait clairement déjà Monsieur Wahidi Abdou Bello, chef d’équipe de conception de Educ Master dans un entretien accordé au quotidien « La Nation », c’est pour apporter une solution aux difficultés de «l’accroissement exponentiel des effectifs des apprenants comme des enseignants qui rend difficile voire impossible la gestion manuelle des informations dans le temps requis que Educ Master a été institué.» De tels propos confirment l’idée d’instrumentalisation cachée derrière l’institution de cette plateforme Educ’Master. Sinon, dans un pays où le taux de croissance est exponentiel, pourquoi ne devrait-on pas s’attendre également à l’accroissement exponentiel du taux de scolarité et de surcroit des effectifs aux différents examens ?


Ces divers arguments pour couvrir la politique d’entretien de la chute des effectifs cachent mal ce nouveau fléau qui n’est qu’un des aspects du chaos de l’école sous la rupture.


Brieux.

ICI N°456 de La Flamme