Elections législatives françaises 2022
Une confirmation de la contestation de la démocratie représentative
J’ai lu la déclaration du Bureau Politique du Parti Communiste du Bénin (PCB) sur la situation internationale en date du 13 juin 2022, intitulée "Le basculement de l’ordre mondial" qui indiquait ceci : « La crise du système capitaliste mondial s’exprime par ailleurs par la crise de la gouvernance politique de la bourgeoisie sur le prolétariat et les peuples: Elle est caractérisée par l’essoufflement du système que l’on appelle « démocratie représentative »….
… la pratique de cette expérience a conduit partout sur la planète à un divorce profond entre « l’élite » et le peuple ; entre les électeurs, mandants et les élus mandataires.
La conséquence la plus spectaculaire aujourd’hui, c’est le fait que les Electeurs constatent que les Elus ne les représentent plus ; pire, que ces élus se comportent comme ennemis des électeurs, une fois le pouvoir obtenu ; ce qui entraîne le désintéressement du peuple de la politique et l’extension de l’abstentionnisme qui gagne du terrain partout dans le monde.
Les autres conséquences, c’est le développement des contestations actives du régime représentatif provenant tant de l’intérieur que de l’extérieur du système lui-même: D’une part, du sein du système lui-même, cela donne naissance au développement du mouvement populiste d’extrême droite (Trump aux Etats-Unis, Bolsonaro au Brésil, Marine Le Pen en France, Orban en Hongrie, etc.) qui se proclame « antisystème », et d’autre part de l’extérieur du système, avec le mouvement dit des « Gilets jaunes », expression de la démocratie directe ».
Les résultats des élections législatives en France viennent comme une confirmation de la justesse de l’analyse pertinente du Parti Communiste du Bénin.
Ces résultats des dernières élections législatives françaises sont marqués par trois faits majeurs : Le président réélu par défaut ne dispose pas de majorité au parlement pour gouverner à sa guise. L’abstention atteint des records et l’extrême droite raciste et xénophobe monte en puissance.
1 - Plus de la moitié du corps électoral s’est réfugié dans l’abstention. (52,49% au premier tour et 53,77% au second tour) Le fossé ne cesse de se creuser entre l’élite dirigeante et le peuple comme l’illustre l’évolution de l’abstention ces dernières années.
2022: 12 juin (premier tour), 52,49 %; 19 juin (second tour):53,77 %
2017: 11 juin (premier tour), 51,3 %, 18 juin (second tour), 57,36 %
2012: 10 juin (premier tour), 42,78 %; 17 juin (second tour), 44,59 %
2007:10 juin (premier tour), 39,6 %, 17 juin (second tour), 40,0 %
2 – L’abstention n’épargne aucun type d’élection dans ce système de «Démocratie Représentative»
a) Pour l’élection présidentielle en France, on est passé de 16,23% d’abstention en 2007 à 20,52% en 2012, puis 22,23% en 2017 pour atteindre 28,01% en 2022.
b) Pour les élections municipales, on est passé de 33,46% d’abstention en 2008 à 36,45% en 2014 et 55,2% en 2020. Ici, le taux d’abstention dans des élections de proximité montre le fossé béant entre les électeurs et les élus. La distance entre le mandant et le mandataire montre clairement la déliquescence du système de la « Démocratie Représentative ».
3 - Dans le même temps, on assiste à la montée en puissance des populistes racistes et xénophobes du Front National rebaptisé Rassemblement National. Ainsi Marine Le Pen passe de 17,90 % à la présidentielle de 2012 à 21,3% en 2017 et à 23,15% en 2022. Aux législatives, ce parti passe de 3,66% des suffrages exprimés en 2012 avec 2 députés à 8,75% en 2017 et 8 députés pour atteindre 18,68% avec 89 députés en 2022
Plus que jamais la démocratie représentative est de plus en plus contestée au cœur même des vieilles «démocraties» qu’on nous nous donne en exemple depuis des siècles, tant en France qu’ailleurs dans le monde. Une nouvelle gouvernance politique est appelée pour faire des citoyens électeurs, des acteurs actifs de la vie démocratique.
Le 23 juin 2022
Un correspondant de La Flamme en France