Manifestations au Sri Lanka :
Une illustration de la souveraineté populaire en œuvre
Le samedi 09 Juillet 2022, des centaines de milliers de manifestants ont pris d’assaut le palais présidentiel du Sri Lanka pour ainsi obliger le Président Gotabaya Rajapaksa à démissionner. Cette manifestation fait suite à une série de manifestations qui secouent le pays depuis près de quatre mois et ayant pour cause l’incapacité du Gouvernement à résoudre la crise économique historique que traverse cette île asiatique. Le Sri Lanka connait de graves pénuries de produits de première nécessité, une inflation galopante et des coupures d'électricité paralysantes. Beaucoup craignent que le pays, qui traverse sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948, fasse défaut sur sa dette extérieure.
En effet, le Vendredi 1er Avril 2022, le Président du Sri Lanka, a décrété l'état d'urgence dans le pays, après des manifestations pendant 24 heures, de jour comme de nuit. Cette décision qui donne aux forces de sécurité des pouvoirs étendus pour réprimer, arrêter et emprisonner les manifestants a provoqué et multiplié les manifestations contre le gouvernement. Dans plusieurs villes, des pancartes brandies par la foule réclamaient le départ du gouvernement. On peut lire des slogans comme "Il est temps pour vous de partir Rajapaksa !" (en allusion au Président Gotabaya Rajapaksa et à son frère, le Premier ministre, Mahinda Rajapaksa) ; "Assez de corruption, rentre chez toi Gota. Il faut noter que le gouvernement est un pouvoir clanique qui inclut trois frères du Président dont Mahinda, Premier ministre, Basil, ministre des Finances, ainsi qu'un de ses neveux.
Des manifestants avaient été blessés par des tirs de la police. Cinquante-trois manifestants ont été arrêtés, selon la police. Au cours de cette répression, deux cars militaires et une jeep de la police avaient été incendiés dans la nuit de jeudi à vendredi. Les manifestants avaient lancé aussi des briques contre les forces de l'ordre et monté des barricades de pneus enflammés sur l'un des grands axes de Colombo.
Selon le bureau de la présidence, "La manifestation de jeudi soir a été menée par des forces extrémistes appelant à un printemps arabe", une référence aux manifestations antigouvernementales qui ont bouleversé les pays arabes il y a plus de dix ans en réaction à la corruption et à la stagnation économique.
Selon l’AFP, de nombreux économistes affirment que la crise a été exacerbée par la mauvaise gestion du gouvernement et des années d'emprunts accumulés.
Après sa fuite le samedi de son palais quelques minutes avant la prise d'assaut par les manifestants, le Président Gotabaya Rajapaksa a promis démissionner le 13 juillet, « pour assurer une transition pacifique ». Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe qui a été nommé en remplacement du frère de Gotabaya a été également récusé par les manifestants et sa résidence prise d’assaut et incendiée par une foule en colère.
Ce qu’il faut retenir de cette insurrection au Sri Lanka, est qu’un peuple déterminé vient toujours à bout d’un pouvoir qu’il soit autocratique, dictatorial et/ou impopulaire quand bien même il clame sa légalité. Espérons que le peuple Sri-Lankais se dotera d’un pouvoir populaire (et patriotique) qui respecte ses aspirations. Et ainsi faire renaitre le Sri Lanka de ses cendres.
Babatundé I.