LA LUTTE QUOTIDIENNE CONTRE LE PILLAGE ET LE BRADAGE DES RESSOURCES NATIONALES
ET LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES
Comme dans un sursaut, des centrales syndicales, des partis politiques aux passés et pratiques divers et des organisations de défense des droits humains dans le cadre du Front de Défense de la Démocratie (FDD) ont a lancé un appel vibrant « A notre peuple afin qu’il soit constitué partout des Comités Locaux de Défense de la démocratie (CLDD) qui, puisant dans notre longue et riche tradition de luttes héroïques, devront travailler quotidiennement à barrer la route à l’arbitraire, à la confiscation et à l’exercice personnel du pouvoir, au pillage et aux bradages de nos ressources nationales». Au-delà de la lutte contre l’arbitraire et pour les libertés, la question de la lutte quotidienne contre le pillage et les bradages des ressources nationales est reconnue non pas à être menée seulement de là haut, mais au niveau local. Que faire pour que cette lutte se mène vraiment et quotidiennement ?
Il nous faut effectivement reconnaître que la lutte contre le pillage seulement par des institutions là-haut a échoué. Combien d’institutions n’a-t-on pas créées ? Un peu avant 1990 et depuis 1990 sous le Renouveau, il y a eu des commissions (Ahouansou, Amoussou-Kpakpa) ; il y a l’IGF (Inspection Générale des Finances), l’IGE (Inspection Générale d’Etat) ; dissoute par la Conférence nationale pour violation de l’orthodoxie financière ; Kérékou2 a remis en selle l’IGE, puis la Cellule de Moralisation de la vie Publique, la commission Ahanhanzo-Adjaï Cica (affaire 70 milliards) ; il y a les Inspections générales dans chaque Ministère et grande administration après les DIVI dont les plus connues sont l’IGAA (Inspection Générale des Affaires Administratives), l’IGSJ (l’Inspection générale des Services Judiciaires), sans oublier la Direction du Contrôle financier…; il y a les Conseils d’Administration pour chaque office et entreprise d’Etat ; il y a les interpellations et enquêtes parlementaires ; il y a la Haute Cour de Justice ; il y a tout l’appareil judiciaire ; il y a la flopée des organisations de la société civile pour la sensibilisation, FONAC, Observatoire de Lutte contre la Corruption, Transparancy-Bénin, Alcrer, etc., etc. Et le pillage et le bradage enflent au rythme de l’inflation des institutions.
Comme solution, des gens évoquent la nécessité d’une loi sur l’enrichissement illicite. Mais à faire appliquer par quelle justice ? D’autres et très nombreux parlent de « l’esprit béninois ». Dans le domaine de la corruption, que diraient les travailleurs camerounais, congolais, nigérians, péruviens ? Bien sûr, chaque peuple possède certainement des traits psychiques spécifiques, mais le problème est celui de l’attitude face au bien commun, donc un problème d’intérêt. Et dans ce domaine, on retrouve les mêmes comportements chez les dirigeants hauts et grands bourgeois au Bénin comme au Congo, au Pérou, en Grèce, et la morale du sommet finit par corrompre la base.
De l’esprit béninois on passe alors allègrement à la nécessité de changer de mentalité et de comportement. Il faut certainement que les mentalités et les comportements face à la chose publique changent. Mais est-ce uniquement par des discours et les sermons moralisateurs ? L’expérience humaine ne montre-t-elle pas plutôt qu’il faut d’abord changer les choses pour espérer que les comportements et ensuite les mentalités changent ? Bien sûr. Autrement dit ici, il faut changer la manière, les méthodes de gestion de la chose publique d’abord et c’est en cherchant à s’adapter aux choses nouvelles que les comportements et les mentalités des hommes peuvent changer.
Lorsqu’on les examine, toute la kyrielle des institutions, lourdes, coûteuses et parfois inutiles au sommet dans la lutte contre la corruption ont en commun un défaut, un péché originel : elles ignorent, rejettent, combattent le droit et le pouvoir des travailleurs et des populations d’interpeller le responsable gestionnaire, de lui demander des comptes de sa gestion des ressources humaines, matérielles et financières affectées par l’Etat ou générées par l’administration ou l’entreprise.
Seuls les travailleurs dans un service public sont les mieux placés pour savoir où passent les ressources. Le simple principe de subsidiarité implique qu’on les responsabilise à désigner leur DG, à le contrôler à travers des comptes rendus réguliers des opérations en Assemblées générales du personnel (et non pas seulement dans le huis-clos des Conseils d’Administration avec des chiffres consolidés) et de représentants d’usagers. Le personnel se sentirait mieux intéressé à son travail, à la charge de son poste et la motivation au travail pourrait revenir, chacun sachant que les fruits de son travail seront connus de même que leurs répartitions.
Mais question d’intérêt : les hauts bourgeois qui vivent en parasites du bien public par l’intermédiaire de la nomination de leurs hommes, ne verront pas d’un bon œil et n’accepteront pas de gaîté de cœur que tout le monde sache ce qui se passe vraiment. Ils crieront à l’anarchie ; ils crieront à la démagogie, au populisme, car ils ne voudront pas de gaîté de cœur que le planton ou le chauffeur ait le droit d’élire le DG de son entreprise, planton et chauffeur que l’on courtise pourtant pour élire le maire, le Président de la République avec lesquels ils ne sont dans aucune relation et coopération directe de travail.
Question d’intérêt : seuls les travailleurs et les populations dans les différentes contrées, victimes du pillage et des bradages quotidiens, seuls eux ont intérêt à se battre pour conquérir le droit et le pouvoir de désigner et de contrôler leurs dirigeants et la gestion. Et comme pour les libertés conquises par le passé, personne ne leur donnera ce droit et pouvoir en cadeau. Il faut les conquérir dans la lutte d’abord avant qu’une nouvelle loi, une nouvelle Constitution les consacre. Le moment est venu pour le renforcement de partout de ce combat maintenant que nous avons touché le gouffre avec Boni YAYI.
Avec ce droit dans les administrations et entreprises publiques et le droit de leurs organisations nationales représentatives de donner l’avis sur la liste du gouvernement, d’exiger, avant leur aval, de voir leurs revendications essentielles prises en compte dans le programme du gouvernement, les travailleurs et les peuples auront la garantie que le pouvoir est vraiment celui du peuple, qu’on est maintenant une véritable démocratie et le gouvernement le mandataire des travailleurs et des peuples..
Que toux ceux qui pensent effectivement que l’on doit oublier le passé aident alors à construire cet avenir, le pouvoir des travailleurs et des peuples. Tel est depuis toujours en tous cas l’objectif du PCB et le but de ses combats.
EN AVANT POUR LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES !
Cotonou, le 16 novembre 2010
Le Parti Communiste du Bénin