ADRESSE V
Aux Travailleurs, au peuple du Bénin en lutte
Une victoire ! Une grande victoire à ranger parmi les grandes conquêtes populaires du Bénin.
La Cour Constitutionnelle, selon les informations de ce jour 18 Janvier 2018, aurait cassé les deux lois portant retrait du droit de grève aux fonctionnaires de justice, de la santé et aux paramilitaires. En attendant la précision des choses, il s’agit là d’une grande victoire, d’une victoire à ranger parmi les grandes victoires de notre peuple.
Comme un seul homme avec le soutien actif de tout le peuple, les travailleurs se sont levés en un mouvement unitaire pour dire au gouvernement Talon-Houngbédji « Halte là ! Il y a une ligne rouge à ne pas franchir ! » Les deux journées du 16 et 17 janvier furent, depuis 1990 les plus grandes que notre peuple ait connues. Et pendant que la Cour siégeait, la population en voie de spoliation de Glo-Djigbé, insurgée, était sur les barricades empêchant toute circulation routière sur la Nationale 2 Cotonou-Parakou. C’est dire l’ambiance dans laquelle la décision de la Cour constitutionnelle devait se prendre et a été prise.
Travailleurs et peuple du Bénin !
La décision de la Cour ne provient pas d’une magnanimité des « Sages » ni d’une certaine bonne administration du droit. Certes, elle est un cinglant revers pour les aventuriers « rupturiens » va-t’en guerre- à la manière d’un Djogbénou ou Jacques Migan ; elle est un revers pour tous les tenants de la décision inique DCC 2011-065 du 30 septembre 2011 déclarant non absolu le droit de grève reconnu à l’article 31 de notre Constitution. Mais avant tout elle est essentiellement le fruit de votre mobilisation et de votre détermination démontrée à défendre la démocratie menacée.
Au regard de la mobilisation populaire, la Cour ne pouvait dire autre chose que le rejet de ces lois liberticides : Déclarer non conforme à la Constitution les deux lois fascistes et anti-constitutionnelles . Car agir autrement, c’est prendre le risque de nier sa propre existence en tant qu’institution constitutionnelle et d’être engloutie par la colère populaire.
« Ici c’est le Bénin ! » Doit-on dire à l’attention de tous les apprentis sorciers fascistes. La victoire de ce jour s’inscrit dans la lignée de sursaut patriotique de mars 2016 rejetant le néo-colon Lionel Zinsou ; elle est à inscrire dans la lignée du sursaut démocratique d’avril 2017 contre la Constitution fasciste de Talon.
Pour une fois depuis 1990, notre peuple a exercé sa souveraineté, il a légiféré. Il aurait agi ainsi en 2012 que le droit de grève n’aurait pas été retiré aux douaniers. A partir de cette décision de la Cour qui nie celle de 2011, le droit de grève de fait et de jure est rétabli aux douaniers.
Travailleurs et peuple du Bénin !
Une manche de l’intérêt général est gagnée ; la bataille continue.
Que faire maintenant ?
1°-Poursuivre les combats pour la satisfaction des revendications notamment :
- les revendications matérielles ;
- la libération immédiate des détenus politiques et le respect des libertés démocratiques (libertés de presse, le non brouillage des radios, etc.) ;
- la non privatisation (sous diverses formes : affermage, gestion déléguée, mandat de gestion) des secteurs essentiels et stratégiques tels les hôpitaux, le port, l’électricité, la télécommunication, l’aéroport, etc.
2°- Assurer l’effectivité de la récupération du droit de grève aux douaniers.
3°-Veiller à ce que l’encadrement du droit de grève reconnu aux députés ne se transforme en suppression de ce droit par le contenu par le contenu d’une nouvelle loi différente de celle déjà en vigueur depuis 2002.
4°- Veiller que la situation actuelle (trahison par les députés des intérêts des travailleurs…) ne se répète à l’avenir. Et pour cela, réunir à travers les Etats-Généraux, les conditions de définition de nouvelles règles d’élection des députés au Parlement avec obligation de désignation des représentants des travailleurs à l’Assemblée nationale.
Vive les travailleurs et le peuple debout !
Vive la souveraineté du peuple !
Vive le Bénin !
Je vous remercie Cotonou, le 19 Janvier 2018.