A PROPOS DU RALLIEMENT DU PARTI ‘LA RENAISSANCE DU BENIN’ A LA MOUVANCE PRESIDENTIELLE
Début juin 2011, a débuté une série d’actes politiques signifiant le ralliement de la Renaissance du Bénin (RB) au pouvoir de Boni YAYI : Participation au Bureau de l’Assemblée Nationale contre l’avis des partis membres de l’Union fait la Nation, participation au gouvernement, pour finir par l’audience du président de ce parti, Léhady SOGLO avec le Chef de l’Etat.Les dirigeants de la RB notamment Léhady SOGLO, à l’occasion de cette audience à Boni YAYI le 18 juin 2011, a déclaré « Nous sommes venus pour le remercier très sincèrement pour avoir fait preuve de clairvoyance en initiant cette politique d’ouverture ; la politique de la main tendue en direction d’autres forces et personnalités politiques que celles qui se trouvaient regroupées autour de lui » (Cf le Matinal du 20 juin 2011). Aucun texte d’accord n’est publié ; aucun autre objectif précis de ce revirement n’est annoncé. L’opacité est totale. Ainsi, la seule justification du ralliement de la direction de la RB à Boni YAYI, c’est « la prise en compte de la politique de la main tendue » prônée par ce dernier. Mais, doit-on se poser comme question : la RB attendait-elle déjà cette main tendue ? Et lorsqu’on entend dire de la bouche de Boniface YEHOUETOME, parlant de l’Union fait la Nation, « qu’en fait, il n’y avait pas d’opposition », ne peut-on pas être abasourdi de découvrir que ces dirigeants trompaient le peuple et leurs militants depuis longtemps ? Ainsi, la RB ne faisait opposition que de façade ?
Ce revirement du parti des SOGLO, après que l’on ait vu le père Nicéphore et la mère Rosine monter aux premiers rangs contre le hold-up électoral opéré par YAYI, a suscité et suscite émoi, amertume et interrogation de la part de larges couches du peuple tout entier. Notre parti, le PCB, et ses militants sont quotidiennement interpellés par les éléments du peuple qui veulent comprendre et, surtout, mieux se situer. Devant ces interpellations pressantes et angoissées, le PCB rend publiques les observations ci-après :
1.- L’alliance entre deux partis se noue pour atteindre des objectifs précis profitables pour les deux alliés. Et si les partis ont quelque respect pour le peuple et les électeurs auprès de qui ils sollicitent la représentation, ils rendent publics le contenu ainsi que les objectifs de leur accord. Cette exigence démocratique et éthique est encore plus impérative lorsqu’il s’agit de partis déjà au pouvoir, soit exécutif, législatif ou municipal, comme c’est le cas actuellement de la RB et des FCBE. Ainsi les travailleurs et le peuple électeurs peuvent juger si leurs intérêts sont sauvegardés ou trahis.
2- En ce qui concerne les objectifs et le contenu de l’accord, pour servir le peuple, ils doivent viser le combat contre l’obstacle du moment à l’émancipation, à la démocratie et à l’avancée économique et sociale du peuple et du pays.
3- Ainsi, l’alliance du PCB avec la RB en 1995 a visé le danger de retour de l’autocratie au pouvoir avec Kérékou et le contenu a été publié à l’attention du monde entier. De même, l’accord du PCB en octobre 2010 avec les partis de l’Union fait la Nation, les centrales syndicales et les organisations des droits de l’Homme au sein du FDD (Front de Défense de la Démocratie) visait des objectifs clairs publiés dans l’Appel au peuple, à savoir la lutte quotidienne contre l’arbitraire, le pillage et la braderie des ressources publiques organisés par le pouvoir de Boni YAYI.
4- Il est indéniable que l’obstacle actuel à l’émancipation des travailleurs et du peuple, à la démocratie et au progrès économique et social de notre pays est toujours représenté par le pouvoir tyrannique de Boni YAYI. Ce dernier qui est au centre des scandales les plus scabreux lors de son premier mandat et qui, pour son second mandat, a usurpé le suffrage populaire par un hold-up électoral flagrant et ignoble ne fait pas mystère de sa volonté, avec son projet de Refondation, de mettre les libertés dans les fers, de renforcer la main mise extérieure sur le pays. Il le démontre encore avec les répressions organisées contre les populations de Natitingou et maintenant contre les acquis des fonctionnaires en lutte. "La main tendue" de Boni YAYI ne va point vers les travailleurs et les peuples dans leurs luttes contre l’arbitraire, le pillage et le bradage des ressources publiques. La main tendue de Boni YAYI recherche plutôt ceux qui pourraient l’aider à réaliser sa Refondation, à ensevelir la démocratie pour le règne plus triomphant de l’arbitraire, du pillage, de l’impunité et de l’apatridie.
5- En répondant positivement à la main tendue de Boni YAYI, la direction de la RB, s’inscrit peu ou prou dans le projet de Refondation autocratique, dans le renforcement du pouvoir tyrannique, apatride et corrompu de Boni YAYI. Les dirigeants de la RB rejoignent ainsi ouvertement le camp des défenseurs du pillage, de la tyrannie et de l’apatridie.
6.- Ce qui vient de se passer à la RB est par conséquent une manifestation du détournement complet de la RB des préoccupations des travailleurs et des populations pour une entente ouverte et verte avec Boni YAYI. L’encre des protestations contre le hold-up électoral n’a pas encore séché, les blessures des femmes molestées devant le CEG Ste Rita de Cotonou ou dans les rues de Porto-Novo pour crime de protestation contre la fraude électorale ne sont pas encore cicatrisées, le peuple se remet à peine du coup de marteau du brigand fraudeur électoral, la terre de la tombe du jeune martyr Fawaz de Natitingou est encore fraîche, le combat contre l’attaque du droit de grève fait rage et voilà que la RB veut faire accroire que Boni YAYI serait un homme de paix, un homme de la main tendue. Le ralliement de la RB à l’homme de ICC-Service, de la CEN-SAD, des machines agricoles, à l’homme qui envoie des chars contre les travailleurs et les populations de Porto-Novo, la troupe contre les populations de Natitingou, etc., pour amer que cela peut être, ne peut sauver le pouvoir autocratique de Boni YAYI de la faillite. Les travailleurs et les populations laborieuses apprendront mieux et plus vite qu’ils sont leurs propres sauveurs, qu’il faut toujours surveiller et contrôler les nouveaux venus et les fils à papa que l’on monte au devant de la scène politique.
7.- En laissant croire, comme l’a prétendu Boniface YEHOUETOME, député RB monté 1er Vice-président au Bureau de l’Assemblée nationale en disant qu’il n’existe pas de parti d’opposition au Bénin, la RB veut jeter sur tout le monde la boue de la fange dans laquelle elle s’enfonce. Or il est aisé à tout homme honnête de voir qu’il existe dans ce pays au moins un parti d’opposition conséquent, le Parti Communiste du Bénin. Le Parti Communiste du Bénin, fort de ses expériences de plus de trente ans contre les pouvoirs autocratiques et néocoloniaux et pour le développement économique accéléré de notre pays, reste debout contre le pouvoir apatride et despotique de Boni YAYI. Sans sectarisme, il a noué, lorsque c’est nécessaire, des alliances pour la sauvegarde des libertés et de la démocratie, en a publié le contenu à l’attention des travailleurs et du peuple. Ainsi ont été ces alliances avec la RB en 1995 et au sein du FDD avec d’autres partis en 2010. La défection de partis ou d’hommes au cours de ce combat ne l’a pas empêché de poursuivre inlassablement, aux côtés des travailleurs et des patriotes, son objectif : aider à l’avènement dans ce pays d’un pouvoir véritablement démocratique et patriotique, formé d’hommes probes et dévoués à la cause du peuple, un pouvoir des travailleurs et des peuples pour le développement économique et social accéléré et harmonieux du pays.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, le PCB appelle les travailleurs, la jeunesse, tous les démocrates et les patriotes à renforcer leurs organisations contre le pouvoir tyrannique de Boni YAYI et pour leur propre pouvoir. Les peuples autour de nous indiquent la voie de l’honneur et de la gloire : la Révolution.
Cotonou, le 30 juin 2011
Le Parti Communiste du Bénin