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LA DECLARATION DE MARIE-ELISE GBEDO SUR LES MAGISTRATS EST INACCEPTABLE.
L’opinion publique nationale et internationale a suivi avec ébahissement le 08 décembre dernier les propos de Marie Elise Gbèdo, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice : «La justice de mon pays est corrompue. Tous les juges de mon pays sont corrompus». Une telle déclaration pour le moins stupéfiante surprend à plusieurs points de vue.
Premièrement parce qu’elle provient du ministre qui a en charge la justice et en particulier la gestion des magistrats et qui dispose à cet effet des moyens d’action pour agir. Si comme elle le déclare, elle est à la tête d’un ministère dont elle « a honte », l’on pourrait se demander pourquoi elle y est allée et pourquoi elle y est encore.Ensuite, par son caractère excessif et mensonger. Certes l’on ne saurait nier que la justice de notre pays souffre de graves maux dont la corruption. La sulfureuse affaire des frais de justice criminelle connue dans ce pays l’illustre. Mais, l’on ne saurait sans tomber dans des affirmations mensongères occulter le cas de ces magistrats qui difficilement, péniblement, face à tous les appâts et même des pressions du pouvoir exécutif, résistent et exercent leur métier dans la dignité et la probité.
Quelles raisons peuvent conduire un ministre de la justice en fonction à tomber dans des stigmatisations aussi gratuites contre tout le corps judiciaire au risque de compromettre l’image de son pays à l’extérieur avec les conséquences graves que cela peut comporter ? Est-ce la Marie Elise Akouavi Gbèdo, avocate, mue par des mobiles subjectifs et personnels à l’encontre des magistrats ? En observant la pratique du pouvoir de YAYI Boni depuis son avènement, de telles stigmatisations sont courantes. La dernière fois, YAYI Boni en personne, a publiquement jeté l’opprobre sur le corps des douaniers accusés de voler toute la richesse du pays. La déclaration de Marie Elise Gbèdo n’est donc pas fortuite. Elle fait partie de la politique de YAYI Boni tendant à se présenter blanc comme neige en accusant les autres de tous les péchés d’Israël. Ceci pour tenter de faire oublier tous les grands scandales financiers dont notre pays est le théâtre depuis l’avènement au pouvoir de YAYI Boni et qui éclaboussent peu ou prou le chef de l’Etat en personne : affaires – CEN-SAD, Avion présidentiel, machines agricoles, ICC Services –, etc.
Aujourd’hui la question de la corruption, la question de la mal-gouvernance se pose avec acuité et se trouve au cœur des préoccupations politiques. C’est ce qui a amené notre Parti à prendre l’initiative de la tenue du colloque sur le sujet en septembre dernier. Si le phénomène est généralement répandu dans tous les corps de l’administration béninoise (avec des occurrences plus fréquentes au niveau de certains corps en particulier), il va sans dire que les plus gros actes de corruption se commettent au sommet de l’Etat avec au centre, singulièrement depuis 2006, les dignitaires du pouvoir de « la refondation ». La hargne de ce pouvoir contre les magistrats ne peut exprimer que le dépit de YAYI Boni de n’avoir pas réussi jusque-là à les transformer en éléments d’assaut pour l’instauration de la nouvelle autocratie pour laquelle il œuvre tant.
La déclaration de Marie Elise Gbèdo n’est donc qu’un pitoyable cache-sexe qui ne couvre nullement la nudité du pouvoir de YAYI Boni, l’un des plus corrompus qu’ait connus l’histoire récente de notre pays. Elle est irresponsable et doit être fermement combattue par tous les démocrates.
Cotonou, le 16 Décembre 2011
Le Parti Communiste du Bénin.