ADRESSE AUX ETUDIANTS DU BENIN
Non à la fermeture des portes de l'université aux enfants de parents pauvres !
ÇA SUFFIT ! ON EN A MARRE ! AGISSONS MAINTENANT !
Camarades étudiantes, Camarades étudiants,
Depuis quelques années, étudier dans nos universités et écoles publiques n'est plus chose aisée pour les enfants de parents pauvres. D'abord, pour avoir accès aux écoles professionnelles, il ne suffit plus d'avoir une très forte moyenne au BAC; il faut être parrainé; il faut "avoir la main"; ce qui explique que les écoles professionnelles regorgent des enfants de DG, de ministres, de députés, d'ambassadeurs, de professeurs d'université, de hauts cadres tout court, et ceci au détriment des enfants de parents pauvres, même des plus brillants. Les frais de formation sont taillés à cette mesure-là : 400 000 par ci, 500 000 par-là, 600 ou 700 000 ailleurs en dehors des autres faux frais qui se créent tous azimut. C'est ainsi que les enfants de parents pauvres ne trouvent plus d'autres choix que de ruer vers les facultés et écoles classiques où les inscriptions étaient toujours libres. Mais désormais des barrières s'érigent de plus en plus au point où, dans certaines facultés notamment de l'UAC et ses centres universitaires, il faut constituer un dossier à étudier, payer des frais d'étude de dossiers qui s'élèvent au moins à 2000F et attendre d’être sélectionné comme dans les écoles professionnelles. Une fois, vous avez la chance d'être sélectionné, bienvenue le calvaire : d'abord pour s'inscrire ou se faire photographier, il faut venir prendre place à 3h du matin sans être sûr de pouvoir s'enregistrer juste parce que les postes d'inscription ou de pré-inscription ne sont pas démultipliés. Ainsi, vous pouvez passer un ou deux jours sous le soleil et la pluie avant de vous faire enregistrer. Après tout ce calvaire pour s'inscrire, vous vous rendez compte qu'il n'y a ni suffisamment d'amphithéâtres, ni suffisamment de places dans ceux qui existent pour étudier. Vous êtes obligés de venir prendre place dans les amphis à 3h du matin pour un cours qui démarrent à 8h ; sinon, il faut s'asseoir sur des briques, dans des escaliers ou rester debout... Comme si cela ne suffisait pas, après l'inscription réglementaire, on vous impose d'autres frais sous les vocables de frais d’inscription pédagogique , de relevé et d’attestation de diplôme, de Travaux Pratiques, de frais de reprise, de frais de réclamation...avec des prix qui varient d'un établissement à un autre et au gré des doyens et autres Chefs départements dans chaque université. Avec des conditions si difficiles, il faut payer 15 000F de frais d'inscription (la gratuité ne concernant que les non boursiers ni secourus qui passent en année supérieure) et faire face quotidiennement aux frais de photocopies à chaque cours et ceci jusqu'à la Licence. Après la licence, les études sont terminées pour les enfants de parents pauvres. Désormais, il faut pouvoir se trouver un stage souvent non rémunéré dans une entreprise avec toutes les contraintes financières et matérielles que cela engendre avant de revenir pour s'inscrire en Master et payer des frais de formation qui, comme dans le privé varient entre 300 000 F et 700 000 F. Dans toutes les universités, le manque d'enseignants qualifiés est criard malgré les nombreux Docteurs qui attendent d'être recrutés...
Dans le secteur social, les bourses et secours, sensés venir en aide aux enfants de parents pauvres pour mieux étudier, sont devenus des primes d'excellences avec des conditions d'âge et de moyenne. Le peu d'entre vous qui bénéficiez de ces allocations n'arrive pas à en jouir parce que les fonds qui vous sont destinés sont tournés pour des intérêts dans les banques par les autorités ; ceci justifie les retards jusqu'à deux ans dans le paiement des allocations qui devraient être perçues en cours d'année pour faire face à vos multiples besoins. Aucune nouvelle résidence universitaire n'a été construite ni à l'Université d'Abomey-Calavi, ni à l'Université de Parakou ni dans aucune autre université publique depuis 10 ans ; ce qui justifie l'insuffisance criarde des résidences universitaires avec plusieurs éléphants blancs (bâtiments inachevés ou mal construits) dont les auteurs sont connus mais jamais inquiétés. Malgré les milliers de francs que vous payez avant d'y avoir accès, ces résidences ne sont jamais réfectionnées mais sont régulièrement louées à des tiers au point où, vous y restez à peine 6 mois sur les douze. Le transport étudiant destiné à soulager un peu les peines des étudiants qui sont éloignés des campus n'existe dans aucune autre université publique en dehors du campus d'Abomey-calavi où il n'existe que de nom : le parc automobile est vétuste et insuffisant avec des bus qui datent de la 2ème guerre mondiale au point où l'on assiste à des pannes répétitives ; quelques lignes seulement sont desservies et les étudiants sont entassés dans les bus comme des sardines conduisant à des crises fréquentes des étudiants surtout des étudiantes. Les restaurants universitaires n'ouvrent que des mois après le démarrage des cours alors que vous avez besoin d'énergie pour assimiler les enseignements ; malgré que le plat de 75F soit vendu désormais à 150F, aucune amélioration ni de la quantité ni de la qualité. Pire, l'on assiste à des ruptures répétitives et le nombre de plats servis dans les restaurants n'est jamais suffisant et les vivres sont souvent avariés et sont régulièrement volés dans les magasins par certains agents du COUS en complicité avec les responsables jusqu'au plus haut niveau du pays. Pas d'infrastructures de sport et de loisirs. Les quelques infirmeries qui existent ne sont équipées ni en matériels ni en médicaments.
Comme si tout cela ne suffisait pas, le pouvoir de Patrice TALON, depuis son arrivée, s'attaque frontalement à tous les petits acquis ainsi que les semi-libertés conquises par les aînés au prix de lourds sacrifices. Ainsi, dès son arrivée, il réduit la carte universitaire en supprimant des universités et centres universitaires pendant que nous réclamions la création de nouvelles universités. Même les universités et centres universitaires qui ont commencé à être viabilisés n'ont pas été épargnés. Le pouvoir de TALON s'attaque ensuite aux libertés démocratiques : interdiction d'activités aux organisations estudiantines avec violations répétées des franchises universitaires; instauration des lignes rouges ; prise de un décret liberticide portant réorganisation des organisations estudiantine qui donne tous les droits de répression des étudiants aux Recteurs et Chefs d'Etablissements. L'objectif inavoué de ces différentes mesures vise la privatisation des universités publiques et la fermeture de leurs portes aux enfants de parents pauvres sans que personnes ne puissent broncher. C'est ainsi qu'au début de cette rentrée 2017-2018, le pouvoir de TALON et de ATANASSO Odile son Ministre de l'Enseignement Supérieur, annonça l'augmentation des frais d'inscription qui passeront de 15000f à 25000f pour le 1er cycle, 50000f pour le second cycle et 75000f pour le 3ème cycle et ceci indépendamment des frais de formation qui peuvent aller jusqu'à 700000f. Avec les luttes engagées, le pouvoir recule en reportant cette mesure d'augmentation des frais d'inscriptions pour l'année prochaine. Ensuite TALON et ATANASSO décident de supprimer les bourses et secours universitaires à travers le décret N°2017-155 du 10 mars 2017 qui attribue les allocations en fonction des disponibilités budgétaires, sur quotas et en fonction des priorités de l'Etat. Autrement, avec ce décret, le gouvernement peut décider ne octroyer aucune bourse aux étudiants. L'on apprend même que la volonté de privatisation des universités publiques va jusqu'à l'installation de Conseil d'Administration pour leur gestion. Et dans cet élan, TALON se prépare à privatiser également le secteur social. Ainsi, les coûts des plats des restaurants ou du transport universitaires, pourraient être doublés ou triplés les jours à venir et les trois repas quotidiens pourraient également passer à un seul. La rage de ce pouvoir n'épargne pas le privé dont les promoteurs subissent le calvaire avec l'imposition d'un examen national de Licence et Master rien que pour les étudiants du privé et ceci dans des conditions chaotiques.
Camarades étudiantes, camarades étudiants !
Allons-nous rester indifférents face à ces nombreux problèmes pour être obligé de vider les universités publiques que nos parents et nous même avons contribuées à construire par les impôts, taxes et redevances que nous payons tous les jours ? Allons-nous croiser les bras pour que nos petits frères et nos enfants ne puissent étudier dans des universités publiques ? Allons-nous laisser le pouvoir de la rupture nous arracher notre droit constitutionnel à l'éducation ?
Nous pensons NON, NON et NON !
Le pouvoir de TALON fait usage de la ruse et la rage pour arriver à ses fins. Il compte frapper tous ceux qui se lèvent contre sa politique de prédation et de privatisation des biens publics. C'est ce qu'il faut comprendre de l'arrestation de Laurent METONGNON dont-on connait les valeurs morales positives, pour une affaire qui n'a ni queue, ni tête. En frappant ainsi Laurent METONGNON, TALON nous demande de nous taire pour qu'il nous vide des universités pour nous plonger encore plus dans le chômage. Mais nous ne devons pas nous taire. Nous devons engager les luttes pour l'amélioration de nos conditions de vie et d'études. Nous devons nous battre pour exiger : la suppression du décret N°2017-155 du 10 mars 2017 portant critères d’attribution des allocations d’études universitaires, le retour des frais d’inscription à 6200 FCFA et l'octroi des bourses et secours aux étudiants issus de parents pauvres, sans conditions d'âge ni de moyenne ; le paiement immédiat de tous les arriérées d’allocations et de frais de mémoire ; la suppression des faux frais dans nos facultés et écoles ; l’accès libre aux facultés sans étude préalable de dossiers ; le retour à l’ancienne carte universitaire ; la suppression des frais de formation dans les facultés jusqu’en Master 1 et la diminution des frais de formation du Master 2 au Doctorat ; le recrutement massif d’enseignants qualifiés ; la Construction et l’équipement de nouveaux amphis, bibliothèques et laboratoires modernes ; la construction et l’équipement de nouvelles infrastructures sanitaires, sportives et de loisirs conformément aux avancées des sciences et techniques ; la construction, la réfection et l’équipement des restaurants et résidences universitaires ; l’acquisition des bus de transport étudiants au profit des universités, centres universitaires, instituts et écoles de formation publiques de notre pays ; la garantie de la liberté d’association et d’organisation populaire au sein des universités, centres universitaires, instituts et écoles de formation ; la fin de la violation des franchises universitaires (occupation des universités, centres universitaires, instituts et écoles par les hommes en arme) etc.
C'est pourquoi, le Bureau Exécutif National de l'UNSEB vous appelle, étudiants de toutes les universités du Bénin, à vous lever autour de vos revendications pour exiger leur satisfaction immédiate. Il appelle toutes ses sections universitaires, des universités d'Abomey-Calavi, de Parakou, de Porto-Novo,... et de tous les centres universitaires et universités privées, à aider à l'organisation des camarades étudiants au combat pour la satisfaction immédiate de leurs revendications.
NON à la privatisation des universités publiques ! NON à la suppression des bourses et secours !
SUFFIT la chasse aux enfants de parents pauvres ! En avant pour les luttes qui nous libèrent !
Cotonou, le 28 novembre 2017
Pour le BEN/UNSEB
Le Secrétaire Général,
Damien DEGBE