PARTICIPATION AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2023
" LES DEMOCRATES" EST-IL UN PARTI DU PEUPLE ?
A la réception du récépissé définitif le 19 novembre 2022 après leur repêchage par le pouvoir de Talon pour les élections législatives de janvier 2023, Éric Houndété, le président du parti "Les Démocrates", déclare : « Le récépissé que nous recevons, c’est le récépissé des Béninois épris de paix, épris de justice, épris d’égalité, c’est le récépissé de tout le peuple béninois ». Éric Houndété laisse ainsi entendre que le parti « Les Démocrates » est le parti de tout le peuple béninois. Avant et après lui, et de façon tonitruante, « " Les Démocrates", parti du peuple » est clamé par les propagandistes du parti repêché. Par cet élément de propagande, Boni Yayi et autre Éric Houndété prétendent porter les revendications essentielles du peuple béninois.
Par ailleurs, des éléments du peuple, ployant sous le joug du pouvoir liberticide, affameur, pilleur et clanique de Talon, pensent trouver dans le parti "Les Démocrates" l’alternative de survie contre l’autocratie actuelle.
Si comme on le dit chez nous, aucun vendeur ne crie que sa marchandise est frelatée ou que son gâteau s’est affadi, il appartient à l’acheteur d’être vigilant pour ne pas se laisser duper. Et dans le cas d’espèce, de se poser la question de savoir si le parti " Les Démocrates" est un parti du peuple.
Pour répondre correctement et sérieusement à cette question, il faut et il suffit de se souvenir de deux sortes de choses :
1- le rôle et les positions des dirigeants actuels du parti "Les Démocrates" dans l’étouffement des libertés démocratiques, même sous l’autocratie ;
2- leurs positions face aux aspirations fondamentales patriotiques, anticolonialistes françaises du peuple.
1- Les dirigeants du parti "Les Démocrates" sont de faux démocrates.
La nature et la ligne d’un parti politique sont indiquées et traduites par ses dirigeants. La conséquence dans leurs démarches et positions constituent un critère important de jugement. Les dirigeants du parti "Les Démocrates" sont, pour la plupart des anciens responsables FCBE du pouvoir de Boni Yayi, et d’anciens députés rescapés de l’ex-UN (Union fait la Nation) dont notamment Eric Houndété de Forces Clé, Joël Godonou de la RB (Renaissance du Bénin), Basile Ahossi de l’UNDP (Union nationale pour la démocratie et le progrès de l’ex président-gouverneur Zinsou). Ils ne sont par conséquent, pas inconnus du grand public et tout le monde peut reconnaître leur pratique.
Le rappel de quelques hauts faits, vécus par le peuple et notés dans des publications (La Flamme n° 390 et 460) permettent de montrer la nature de ces dirigeants. « C’est déjà sous YAYI Boni que le droit de grève a été retiré aux travailleurs de la douane, parce qu’ils protestaient contre la livraison du contrôle des importations à Bénin-Control de Patrice Talon ; une loi a été votée dans ce sens par les députés FCBE actuels dirigeants du parti "Les Démocrates". C’est sous YAYI Boni que les Secrétaires Généraux des centrales syndicales manifestant pacifiquement devant leur siège à la Bourse du Travail, ont été gazés et blessés par des grenades offensives et dont le sang a été traité de « sang de mouton » par ce même YAYI. C’est sous déjà Boni YAYI que le principe de la représentation des travailleurs proportionnellement au poids électoral a été remis en cause avec l’exclusion de la CSTB du Conseil Economique et Social en 2014 ; c’est sous YAYI Boni que déjà la question de la Charte à signer (entre Syndicats et le gouvernement) est intervenue avec Lionel ZINSOU, Premier Ministre. C’est sous YAYI Boni que le jeune FAWAZ manifestant pacifiquement à Natitingou a été abattu froidement le 04/5/2011; et pour compléter les choses, l’actuel Secrétaire Général de la CSTB, KASSA MAMPO, alors responsable départemental de la CSTB et membre de la direction de l’Association de Développement de Natitingou (ADENAT) a été arrêté trois fois et envoyé en prison à Missérété en 2013 avec d’autres de ses camarades de Natitingou, Paul FARADITO, Ignace SABI YERIMA et son fils, Philibert SABI YERIMA simplement parce qu’ils exigeaient que les fonds débloqués pour l’aménagement de la ville de Natitingou ne soient pas détournés. C’est sous YAYI Boni que Dame SOHOUDJI, ancienne ministre et Directrice du Conseil National des Chargeurs du Bénin (CNCB) a été assassinée sans que jusqu’à présent, les criminels aient été retrouvés ; c’est sous YAYI que Dangnivo Pierre Urbain a disparu et jamais retrouvé ; c’est sous YAYI que le Président d’ALCRER a été fusillé sans que jusqu’aujourd’hui les criminels soient retrouvés. Face au K.O électoral de 2011, YAYI Boni avec les protestations populaires, a déployé des chars dans les villes de Cotonou et de Porto-Novo et a prêté serment sous état de siège ; il est allé jusqu’à même gazer une manifestation de Députés pro-Houngbédji (avec leur écharpe de député) manifestant pacifiquement à Cotonou dans la zone du « Ciné Okpè-Oluwa », etc.
Si l’on ajoute qu’au temps de YAYI Boni, l’ORTB a été surnommé Office de Radio diffusion et Télévision Boni, et que l’accès y a été interdit à tout opposant, on peut comprendre le sens que YAYI Boni donnait à la démocratie dans notre pays. » (Cf. La Flamme n°460 du 1er juillet 2022).
Ainsi, pendant qu’ils étaient au pouvoir, les dirigeants actuels du parti "Les Démocrates" ont piétiné le droit à la vie, les libertés fondamentales du peuple, le droit d’accès aux média publics, le droit de manifestation, le droit de grève, le droit de la libre représentation, balisant de la sorte la voie à Talon.
A l’arrivée du pouvoir de ce dernier, beaucoup de lois scélérates ont été votées par des députés, dirigeants actuels du parti " Les Démocrates" : la loi sur le système partisan dans son contenu essentiel qui remet en cause le droit des citoyens de créer librement leur parti politique a été voté par tous les anciens députés membres de ce parti : Eric Houndété, Basile Ahossi, Guy Mitokpè, etc. Talon avait ainsi un bon filon pour y ajouter le certificat administratif de conformité. Et depuis, la confiscation par le pouvoir de Talon des récépissés des partis comme le PCB qui ont pourtant fourni toutes les pièces nécessaires, comme atteinte grave aux libertés ne fait nullement la préoccupation de nos "Démocrates". Le code électoral renforçant l’exclusion du peuple par le relèvement des cautions financières (de 100.000 à 1.500.000 par candidat pour les législatives), a été également voté par eux. Le premier projet de révision de la Constitution par Talon en avril 2017 a été voté par Eric Houndété, vice-président de l’Assemblée nationale à la 7ème législature, et Basile Ahossi s’est simplement abstenu.
Des lecteurs peuvent penser qu’il s’agit là des faits du passé. Certes, on peut se tromper ; mais nulle part, on n’a vu un repentir de leur part et la volonté de ne pas recommencer.
Au contraire, le parti "Les Démocrates" avalise les principales lois scélérates du pouvoir autocratique. Ce parti, s’est soumis et a avalisé le code électoral en présentant des candidats aux élections présidentielles de 2021 qu’il traitait auparavant de parodie et contre lesquelles il appelait les masses à s’insurger. Yayi Boni et les siens ont avalisé la trahison de Paul Hounkpè/Théophile Yarou, conclu avec eux d’aller aux élections municipales de 2020 et ne se sont désolidarisés d’eux qu’à cause du rejet de leurs partisans de la liste des candidats. C’est ce même tripatouillage et fabrication de liste de candidats par Yayi Boni et Eric Houndété en entente et sur directive de Talon qu’on observe lors des présentes élections législatives. Les protestations jusqu’aux assignations des dirigeants "faussaires de listes" en justice par des militants ainsi floués sans débats internes, révèlent aux yeux de tous, que la compromission de Eric Houndété et de Boni Yayi avec Talon prime sur les droits des militants de leur propre parti, et évidement sur le sort du peuple. Et lorsque la Cour Constitutionnelle aux mains de Talon a couvert le deal en les repêchant, nos "Démocrates" se sont mis à encenser cette Cour en clamant que " le Droit a été dit " ! L’institution, clé de voûte du système, qui a avalisé toutes les lois scélérates contre le peuple, contre les travailleurs, est aujourd’hui réhabilitée par Houndété et Yayi. Talon ne peut espérer meilleure caution ! Contrôlant toutes les structures de l’organisation des élections, il a acquis le feu vert de faire proclamer par la Cour Constitutionnelle réhabilitée tout résultat qui lui plaira bien.
Et Boni Yayi qui a renoué avec son ami Talon, a retiré sa plainte contre son pouvoir devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Il a ainsi renié toutes les dénonciations de crimes de sang portées contre l’autocrate et, partant, toutes les revendications démocratiques populaires et les combattants victimes.
Les faits sont têtus : Le parti "Les Démocrates" est un parti de faux démocrates. Tout le parcours de ses dirigeants indique que pour ce parti, la démocratie signifie non pas les libertés et le pouvoir du peuple et pour le peuple, mais la possibilité offerte à eux de partager les fruits de l’exploitation du peuple, même avec un autocrate. C’est le seul objectif poursuivi. Le parti "Les Démocrates" n’est pas un parti du peuple.
A suivre….