DECLARATION A L’OCCASION DE LA COMMEMORATION DU 59ème ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DE NOTRE PAYS
Le 1er août 2019 sera le 59ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays en 1960. Les démocrates et patriotes qui ont lutté pour l’indépendance ainsi que les luttes du peuple depuis 1960 ont montré qu’il s’est agi du retrait physique et direct de l’ancien colonisateur, mais que l’impérialisme français continue de dominer économiquement, culturellement et politiquement notre pays à travers une haute bourgeoisie à son service. Cet état de chose a été perpétué par tous les pouvoirs qui se sont succédé dans notre pays depuis lors jusqu’à l’avènement de celui de Talon qui en donne une illustration criarde par ses initiatives apatrides, liberticides, anti-démocratiques et antisociales. Néanmoins, cette proclamation formelle de notre souveraineté constitue un progrès sur lequel le peuple doit s’appuyer et chaque commémoration est une occasion de renouveler, contre les pouvoirs apatrides, la volonté de sa liberté complète, de sa souveraineté et de son indépendance réelles. La situation politique actuelle interpelle particulièrement à la réflexion pour des actions allant dans ce sens.
Depuis avril 2016, le pouvoir de Patrice Talon a fait opérer à notre pays et au peuple des reculs de plusieurs décennies. Talon a accentué la dépendance du pays vis-à-vis des puissances étrangères, notamment avec l’ancien colonisateur devant lequel il a déclaré que notre pays est un désert de compétences. Economiquement et culturellement, le pays est livré aux monopoles étrangers dans une opacité où le Chef d’Etat, toujours homme d’affaires, cherche et trouve ses propres comptes. Tous les secteurs stratégiques et rentables, le Port, le numérique, l’énergie, eau, etc., sont livrés aux monopoles étrangers (Safran, Total, Hôpitaux de Paris, Aéroport de Paris, Port d’Anvers), avec la complicité du Chef de l’Etat et de son clan. Tous les grands projets dit phares de Talon sont confiés aux entreprises étrangères dans l’exclusion de l’expertise nationale et le mépris de sa valorisation et promotion. Sur le plan culturel orienté vers le développement du tourisme, c’est toujours les monopoles étrangers qui sont privilégiés et soutenus au détriment de la souveraineté du pays. Les parcs nationaux, les sites touristiques et historiques sont livrés à la gestion des monopoles étrangers avec les risques de trafics de toutes sortes y compris de notre histoire. Le secteur de l’éducation, secteur combien déterminant pour l’avenir du pays est pris comme cible à asservir davantage à l’exploitation capitaliste privée et dans le renforcement de la domination culturelle française. Talon rejette toute réorientation des programmes scolaires en vue de leur adaptation à l’environnement de l’apprenant et donc pour leur ancrage à nos cultures nationales à travers l’instruction à travers nos langues. Proclamant s’occuper seulement de l’aspect administratif, il s’est lancé dans la chasse aux enseignants, commettant ce qui est juste de qualifier de crime contre l’Ecole. La privatisation accélérée de l’éducation, par le refus de doter l’enseignement public d’enseignants, de matériels et d’infrastructures adéquats, alourdit la charge des parents et conduit à l’exclusion des fils des pauvres de l’instruction. Les crimes contre les enseignants, depuis le primaire jusqu’au supérieur se sont traduits par le refus de satisfaire leurs revendications légitimes objets des grèves de 2017-2018, les décisions scélérates de suppression des élections des recteurs et doyens, de retrait du droit de grève, les évaluations punitives et en dehors des situations de classe des enseignants du primaire et du secondaire. Dès le départ, ces enseignants ont perçu les intentions cachées de Talon de faire de ces évaluations hors situation de classe, des concours pour des licenciements dans le secteur. Ils ont boycotté massivement ces évaluations. Mais le dictateur n’est pas prêt à cesser les crimes contre les enseignants et l’assassinat de l’enseignement public. Tel est le sens du projet annoncé par Talon lui-même lors de sa rencontre avec les responsables des différentes confédérations syndicales le mardi 23 juillet 2019 : licencier tous les enseignants reversés depuis 2008 pour soi-disant incompétence, (alors que ceux-ci ont été formés tout au long de leur parcours) en vue d’une nouvelle évaluation. Le Parti Communiste du Bénin condamne le nouveau projet funeste contre les enseignants reversés de 2008 et l’Ecole. Il appelle le Chef de l’Etat à renoncer à ce projet criminel. Au-delà des enseignants, tous les agents contractuels de l’Etat reversés depuis 2008 sont concernés par la volonté de détruire le service public au profit des monopoles privés. La note demandant à tous les ministères de faire (encre une fois) le point de tous les contractuels va dans ce sens. Jamais, depuis notre indépendance nationale, on n’a vu un tel acharnement à détruire le service public ainsi que les conditions de vie déjà précaires du peuple. Cet acharnement contre les conditions de vie des masses populaires s’est accompagné de la réinstauration d’un pouvoir autocratique sanguinaire et des crimes de masse contre les manifestants non armés. Les lois scélérates contre les libertés, le droit de grève, les manifestations publiques, les élections inclusives, l’instauration d’une justice à ordre ont abouti au remplissage à nouveau des prisons de détenus politiques, à l’exil forcé des opposants politiques, à la mainmise du clan au pouvoir sur les richesses du pays. Les 1er et 2 mai 2019 à Cotonou, du 9 au 14 juin 2019 à Tchaourou et Savè demeurent des jours mémorables de soulèvement du peuple contre cette autocratie ainsi que la manifestation de la barbarie de celle-ci. Les exigences populaires de la libération de tous les détenus politiques, de retour des exilés, d’abrogation des lois scélérates, de la charte des partis et du code électoral, d’annulation des élections législatives exclusives et la dissolution du Parlement de sang issu de celles-ci sont rejetées par le pouvoir. Le dictateur nie toute crise dans notre pays. Il nie par conséquent l’accroissement et l’aggravation de la misère de l’immense majorité du peuple. Il reste sourd à la souffrance du peuple qui crie la faim. Il nie l’existence de détenus politiques, (Laurent Mètongnon et ses coaccusés, les jeunes embastillés pour attroupement non armé, etc.) ainsi que celle des exilés politiques. Et pourtant le récent arrêté interministériel n°023/MJL/DC/SGM/DACPG/SA/023SGG19 en date du 22 juillet 2019 et « portant interdiction de délivrance des actes de l’autorité aux personnes recherchées par la justice en République du Bénin » en les privant de tout document administratif et surtout de pièce d’identité, vient de prouver que non seulement des citoyens béninois sont poussés à l’exil, mais en plus, le pouvoir en fait des hommes sans patrie, contrairement aux normes nationales et internationales. Talon montre par son silence à propos des tueries et la confiscation des corps des citoyens assassinés sur ses ordres à Cotonou, à Kandi et ailleurs que le sort du peuple ne le concerne pas. Seul compte pour lui, le profit, le profit maximum sur le travail et la vie de l’homme béninois. Le projet de licenciement massif des enseignants reversés avec toutes les conséquences sur les conditions de vie de ces nouveaux chômeurs et de leurs familles, ainsi que sur l’Ecole et les apprenants, achève de convaincre que le pouvoir de Talon est étranger au peuple qu’il considère et combat comme son ennemi. Au vu de toutes ces considérations, le Parti Communiste du Bénin appelle les travailleurs, la jeunesse et le peuple à commémorer le 1er août dans le renouvellement de la volonté d’en finir avec le pouvoir de dictature autocratique de Talon pour l’affirmation de la souveraineté du peuple, la conquête de la liberté et l’avènement d’un gouvernement démocratique, patriotique et de probité.
Cotonou, le 30 juillet 2019
Le Parti Communiste du Bénin
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