DISCOURS SUR L’ETAT DE LA NATION 2022

TALON SE COMPLAIT DANS SON PROGRAMME DE PACTE COLONIAL



Le Président Talon a prononcé le 08 décembre à l’Assemblée nationale le rituel Discours sur l’état de la Nation au titre de l’année 2022. Il a passé en revue les domaines de la sécurité contre « les velléités djihadistes », du secteur de l’Education où « toutes les mesures prises sont destinées à améliorer la formation de nos enfants et à les rendre plus compétitifs sur le marché de l’emploi »…, « du retour pertinent de l’Etat et de son rôle moteur dans la promotion de l’industrialisation »…, « du retour stratégique de l’Etat dans le domaine des télécommunications »… de la santé où « l’assurance-maladie obligatoire entrera en vigueur en 2023 pour l’ensemble de la population », de l’accès à l’énergie, de la décentralisation où « chaque commune devra se considérer désormais en compétition avec les autres »…, de « notre agriculture de plus en plus performante »…., des infrastructures de transports, pour conclure que « les performances nous distinguent comme un pays de progrès et que nous montrons que le développement n’est pas une fatalité et que le sous-développement peut-être vaincu ». Et après cette conclusion, il s’est longuement étendu sur les effets des mesures de revalorisation des salaires pour chaque catégorie de fonctionnaire dans chaque secteur pour en attribuer le mérite également « aux pressions sans cesse » de ces deux partis jumeaux le BR et l’UP-R . Et pour les élections législatives, Talon note « qu’elles s’annoncent sous de bonnes augures avec la participation de toutes les sensibilités ». (Cf. La Nation, n° 8136 du 09 décembre 2022).


Pour ceux qui ont eu un intérêt et la patience de s’intéresser à cette allocution, il s’est encore et toujours agi de la revue habituelle des divers domaines d’action du gouvernement et l’énumération des "performances" du pouvoir dans ces domaines. Rien ne distingue ce discours de ceux entendus les années passées dans l’autosatisfaction, et surtout dans le camouflage au peuple par ces présidents gouverneurs à peau noire, des obstacles à l’émancipation et au développement du pays.


Ainsi Talon, parlant de la sécurité et de la lutte contre « les velléités djihadistes », se tait, devant l’Assemblée nationale, sur la livraison du pays à la France coloniale et la présence de la base militaire Barkhane dans notre pays. L’expérience ayant montré que la présence de ces forces a toujours aidé les djihadistes, il va sans dire que la promesse de « faire du Bénin un oasis de paix » est un leurre. Il en est ainsi dans tous les autres domaines.
Dans le domaine de l’Education, sans parler des conditions non épanouissantes faites aux enseignants (exemple des AME), de la pénurie des infrastructures et du matériel didactique, le contenu demeure néocolonial avec l’instruction dans la langue française, dans le détachement comme voulu par le pacte colonial, de l’apprenant d’avec le milieu qu’il aura à transformer. Talon, qui proclame sa fierté d’être français, qui conçoit au Bénin le renforcement de la culture française et de faire de Cotonou le centre du rayonnement de la culture française en Afrique, trompe par conséquent le peuple en parlant « d’un pays en progrès » et « de vaincre le sous-développement ». Car la réalité montre que la culture constitue le socle du développement et que tout pays se développe dans ses langues nationales, vecteurs de sa culture, et a contrario, aucun pays ne se développe dans la langue d’autrui.


Et dans ce sens, si le retour de l’Etat et de son rôle moteur dans la promotion de l’industrialisation, ainsi que dans le secteur stratégique des télécommunications peut être une bonne chose dans la forme, l’absence d’appropriation dans nos cultures de la science constitue un handicap insurmontable à toute industrialisation durable et à la maîtrise du progrès technologique.


Au mieux, le Bénin sera comme la Côte-d’Ivoire, trainant toujours derrière, consommant les technologies construites ailleurs et n’apportant rien de nouveau à la culture universelle. Du reste, les industries à Glo-djigbé sont de transformations primaires sous la tutelle quasi-complète en capitaux et en technologies étrangères. La nouvelle société publique des télécommunications est sous-tutelle de la société française Orange via une succursale sénégalaise. Le mépris ou à dire vrai, la répression de l’initiative nationale de recherches et d’invention, comme l’a montré la répression du compatriote Valentin AGON avec son médicament, Apivirine, dans la lutte contre la Covid-19 afin de laisser libre cours aux produits des puissances étrangères, voilà la logique du discours de camouflage de l’assujettissement au pacte colonial.


Ainsi, la récitation de l’action du gouvernement dans les divers domaines ainsi que des performances dans le cadre d’un programme sans but de l’indépendance linguistique, monétaire et économique du pays n’est qu’un exercice de fidélité au pacte colonial. Et dans ce cadre, il n’est pas étonnant que Talon se réjouisse, sans les nommer, de la participation aux prochaines élections législatives, pour l’accompagner du parti « Les Démocrates ». Et cela seul suffit pour lui de conclure à la « participation de toutes les sensibilités ». Ainsi, Talon en a pour son compte avec le maintien de toutes les lois scélérates et liberticides. Et l’autocrate dès lors, peut se lancer en campagne en faveur de ses partis jumeaux, le BR et l’UP-R à qui il attribue aussi la revalorisation des salaires.


Tout le discours de Talon sur l’état de la Nation 2022 reste ainsi dans le cadre de l’autocratie et de la volonté de son renforcement au service du pacte colonial.

Sanni

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