Journée Internationale du Droit de da Femme 2023
Adresse de Philippe NOUDJENOUME
ADRESSE A LA FEMME BENINOISE, AFRICAINE ET DU MONDE, A L’OCCASION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME 2023
Chère Epouse, Mère, Sœur, Fille
Chère Compatriote béninoise ! ouest-africaine, africaine et du monde !
LE 8 MARS, C’EST LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME.
Pour beaucoup d’entre vous, analphabètes dans leur ensemble et écrasées par la vie, cette date est inconnue ; pour vous, cette Fête au-delà des discours officiels et Convenus, n’a aucune signification. En fait la Journée Internationale de la femme doit sa naissance aux grands mouvements révolutionnaires des femmes pour leur émancipation ; en particulier à l’action déterminante des dirigeants (socialistes) communistes du monde, telles l’Allemande Clara Zetkin et autres Nadejda Konstantinovna Kroupskaïa qui se sont toujours battues pour la consécration d’une Journée aux Combats des femmes ; ce qui fut réalisé par Lénine qui, en hommage aux grandes manifestations ouvrières à St-Petersburg le 8 mars 1917, annonciatrices de la révolution bolchévique, désigna, en 1921, ce jour du 8 mars comme date de célébration de la femme.
II-LES FONDAMENTAUX DES CONDITIONS DE L’INEGALITE DE LA FEMME
1°- A l’origine, une simple différence chromosomique.
Femme Béninoise, femme africaine, femme du monde !
A l’origine des injustices, une simple différence chromosomique et de gamète !
Il est connu par la science, que la différence des sexes hommes-femmes est simplement due à une fixation différente des chromosomes mâles Y ou femelles X. C’est à partir de ces différences biologiques qu’a été édifiée au cours des millénaires, une grosse injustice sociale. Autrement dit, sur un hasard de mouvement de gamète, on fonde des règles sociales dont le moins que l’on puisse dire, est qu’elles sont fortement injustes, discriminatoires et inacceptables.
2°- Ensuite, une Injustice sociale bâtie sur l’infériorité de la femme.
Depuis la sortie de la communauté primitive, tout a été bâti en faveur de l’homme au masculin : esclavage, servage, capitalisme.
En prenant le cas du Bénin, la femme béninoise est à près de 70% analphabète ; encore objet de rapt, c’est-à-dire donnée en mariage de force, et excisée dans certains endroits du territoire ; la femme béninoise, c’est la femme dans nos villages, soumise aux tâches ardues et non reconnues, d’aller puiser de l’eau à des kilomètres de chez elle, d’aller chercher du fagot de feu pour faire la cuisine, aller travailler le champ du mari ou lui apporter à manger, sans oublier les devoirs conjugaux dépendants auxquels sa vie la conditionne.
La femme béninoise, la femme africaine, est soumise à une double exploitation patriarcale et capitaliste.
3°- L’inégalité femme-homme est consubstantielle (c’est-à-dire intimement liée) à l’existence du capitalisme.
Contre l’exploitation patriarcale dans des pays coloniaux, semi-coloniaux ou dépendants comme le Bénin, le Ghana, le Sénégal ou le Nigeria, bref dans les pays de la sous-région ouest-africaine, il faut d’abord battre le système colonial, néocolonial et d’exploitation impérialiste ; supprimer les entraves d’oppression impérialiste ; ce qui permettrait un franc développement du capitalisme, libérerait les forces productives et ferait tomber bien d’aspects de pratiques patriarcales ainsi que certains aspects aliénants des corvées domestiques.
Contre l’exploitation capitaliste, seule la victoire du socialisme libérerait la femme et lui assurerait une égalité réelle avec l’homme.
En effet dans le monde, l’inégalité homme-femme structure toute la société capitaliste. Ainsi, selon un rapport Oxfam : « Les femmes doivent attendre encore plus de 130 ans avant de connaitre un monde égalitaire…Plus de 60 % des plus pauvres sont des femmes, soit 435 millions de femmes vivant avec moins de 1,9 $ par jour ; 47 millions de femmes avaient basculé dans l’extrême pauvreté à cause de la pandémie de Covid.19… le salaire des femmes ne représente que 77 % de celui des hommes….Les femmes consacrent environ 2,5 fois plus de temps aux soins non rémunérés et aux travaux domestiques que les hommes ( http//www.oxfamfrance.org/inégalités femmes-hommes/8mars- journée internationale droits de la femme).
« Malgré les meilleures législations les plus avancées des pays développés qui affirment la liberté, l’égalité de l’homme et de la femme en droit, dans le réel, on observe la persistance des éléments d’inégalité fondamentale en défaveur des femmes.
Cette inégalité est professionnelle. En fait le capitalisme, tant qu’il demeure capitalisme, c’est-à-dire un mode de production axé sur la recherche effrénée de profits, maintiendra toujours et ce, en dépit des lois et conventions internationales, l’inégalité réelle entre l’homme et la femme. Le capitalisme maintiendra toujours pour sa sûreté, une proportion de chômage (population flottante qui frappe avant tout les femmes) et le capitaliste préférera toujours pour son recrutement et promotion de carrière, un homme à une femme pour une raison fort simple : la femme pour les raisons naturelles et sociales, devra s’absenter pour des obligations de maternité (congés et autres exigences de maternité) dont le coût devra être supporté par le patron ; enfin le patron s’arrange pour des raisons diverses de toujours sous-payer le travail féminin par rapport au travail masculin. Et cette inégalité demeure encore de nos jours dans les pays les plus développés malgré les lois sociales prises.
Cette inégalité est sociale : Tant que, n’existe pas la grande production (ce qui est déjà réalisé dans les pays capitalistes développés et assure une plus grande liberté aux femmes de ces pays par rapport à celles des pays arriérés comme les nôtres), tant que pèsent encore sur la femme les multiples tâches domestiques et ménagères non évaluées dans toutes les sociétés capitalistes (développées et non développées) du monde, les appels à l’égalité et à la parité sont de vains mots.
Voilà pourquoi seule une société libérée de l’esclavage salarié et de l’exploitation capitaliste pourrait assurer l’émancipation totale de la femme.
III- COMMENT REALISER L’EGALITE DE LA FEMME ET DE L’HOMME
Se démarquer de fausses solutions des tenants du capitalisme.
1° Les fausses solutions ou les récupérations de la lutte émancipatrice de la femme par le capital : Les questions de « genre » et de « parité »
Comme on l’avait souligné dans des adresses précédentes : « Face à toute la situation de non liberté et d’inégalité que subissent les femmes, face aux luttes qu’elles mènent partout sur la planète, les grandes Institutions internationales comme les Nations-Unies et d’autres Institutions, instrument du grand capital financier, pour se donner bonne conscience, ont mis en œuvre le paradigme « Gender » ou « Genre » venant intégrer le mouvement féministe mondial. Le paradigme « Genre » a ceci de particulier que, comme le mouvement féministe en général, il déplace la contradiction non sur le terrain de classes et de luttes de classes, mais sur le terrain de l’opposition Homme (vir)/Femme (femina), sur le terrain de lutte des sexes. Ainsi, toutes les femmes auraient une communauté d’intérêts à défendre contre tous les hommes. Tous les grands mouvements féministes nagent dans cette eau. Ce qui est une aberration. A titre d’exemple, peut-on mettre dans la même eau comme ayant les mêmes intérêts, Isabel do Santos, la femme supposée la plus riche d’Afrique, avec une Ouvrière de l’une de ses nombreuses entreprises capitalistes ? Et dans nos vies ordinaires, l’on voit les traitements qu’infligent les femmes à leurs domestiques femmes, à leurs « bonnes », ceci parfois au grand dam des époux, pour comprendre la fausseté de considérer la communauté d’intérêts à travers le sexe. On veut résoudre de graves problèmes de société en occultant les classes et les luttes de classes.
La question de la « parité » participe donc de ce courant.
La question de la parité est un faux-fuyant parce qu’en général posée en dehors des classes et luttes de classes, en dehors des conditions réelles que vivent et femmes et hommes. Par exemple, on veut 50% de femmes au Parlement et 50% d’hommes ainsi que de femmes dans les autres institutions de décisions de l’Etat, sans poser les questions des conditions d’évolution de la femme par rapport à l’homme. On crée dans la loi des postes spécifiques pour elles à l’Assemblée nationale. C’est très bien. Mais dans une société comme celle béninoise (patriarcale et majoritairement analphabète pour les femmes) où selon les chiffres officiels (UNESCO 2018), 69% de femmes sont analphabètes contre 46% pour les hommes, où l’on ne s’attaque pas aux causes du mal, exiger la parité est une position dérisoire. Ce sont des questions posées en dehors de classes et de lutte de classes.
IV- Que faire ?
Dans une société comme la nôtre en Afrique (néocoloniale, patriarcale), la femme a une triple révolution à mener.
La première : Ensemble avec les hommes pour la révolution anti-impérialiste et patriotique qui libère le travail producteur social et permet un rapide développement des forces productives. Ce qui permettra de remplacer la petite production actuelle par la grande production. Ce qui veut dire qu’il faut que la femme s’engage dans la lutte, aux côtés des hommes, pour mettre fin au système de pacte colonial : La suppression de l’arnaque du franc CFA, la suppression de l’économie de traite, consistant à exporter brutes nos productions agricoles et à importer tout ; la propriété étatique sur nos richesses naturelles et entreprises essentielles ; c’est-à-dire la Révolution Nationale Démocratique Populaire et Anti-Impérialiste. La deuxième : Ensemble avec les hommes pour la révolution socialiste. A cette étape, non seulement assurer la santé pour tous, l’éducation pour tous, le travail comme droits et obligations pour tous y compris pour la femme, mais encore créer partout des conditions d’allègement des tâches ménagères par la création partout dans les centres ruraux et urbains notamment dans les administrations, les quartiers des villes, les services, etc. des crèches, des cantines, et réfectoires publics. La troisième : A travers toute cette révolution, se battre avec le soutien de toute la société pour la libération de la domination patriarcale et du travail domestique.
Il est observé que partout où les femmes se sont émancipées, cela n’a pas été un cadeau des hommes. Cela a toujours été le fruit de leur participation aux diverses étapes de la révolution sociale.
Tel est l’appel que je lance à toute femme béninoise, à toutes les femmes membres des Organisations de base de l’Organisation des Peuples de l’Afrique de l’Ouest (OPAO), à toutes les femmes africaines en général.
En avant !
Vive l’égalité réelle entre l’homme et la Femme
Cotonou, le 08 Mars 2023
Philippe T. NOUDJENOUME
Premier Secrétaire du PCB
Président de l’Alliance pour la Patrie
Président du CC WAPO