Campagne du gouvernement contre le travail des enfants
Sans la gratuité de l’école, Talon dans l’arbitraire
Depuis quelques jours, le Gouvernement a lancé une campagne de sensibilisation contre le travail des enfants par le biais du Ministère du Travail et de la Fonction Publique. Il est donc interdit désormais de faire travailler des enfants de moins de 14 ans ; que ce soit devant les étalages au marché pour vendre ou dans un atelier pour apprendre un métier. Cette campagne a été reprise par les agents départementaux du Ministère du Travail et de la Fonction Publique. Ainsi, dans le Couffo, les agents du ministère du travail et de la fonction publique ont expliqué aux populations l'importance de cette opération et les risques auxquels les adultes s'exposent en ne respectant pas les textes. Dans le département du Zou, le même exercice a été fait. À Cotonou, Alain OROUNLA, Préfet du département du Littoral est passé dans des ateliers pour la même sensibilisation. Ces sensibilisations débouchent sur des mises en garde comme on peut en entendre des agents sur les réseaux sociaux : «Si nous effectuons une descente inopinée dans les marchés ou ateliers et que nous faisons un tel constat, nous allons prendre l'enfant qui se trouve devant l'étalage, saisir les marchandises et embarquer la personne à qui appartient les marchandises. Il en sera de même pour le patron de l'atelier ainsi que pour l'apprenti concerné. >>
Au sein de l’opinion publique, la situation soulève beaucoup d’interrogations à savoir : lorsqu’on aura embarqué les enfants, où les emmène-t-on et à quoi seront-ils occupés ? Lorsqu’on saisit les marchandises, on en fait quoi ? Déposséder la revendeuse ou le revendeur de ses marchandises n’entrainera-t-il pas sa ruine ? Lorsqu’on embarque le revendeur ou le patron de l’atelier, on les met où et que deviendront-ils? Voilà donc autant de questions que se pose l’opinion publique.
C’est dire donc qu’avant d’engager sa décision, le gouvernement a manqué de résoudre au préalable un certain nombre de préoccupations.
En effet lorsqu’il est établi le fait qu’il y a eu des enfants en âge d’aller à l’école mais que l’on retrouve dans les marchés ou ateliers, cela suppose une cause. D’où le problème de la gratuité de l’école pour la rendre obligatoire soulagerait les parents qui faute de moyens, seraient obligés de faire travailler les enfants d’une manière ou d’une autre. La réflexion pour soulager les parents et maintenir les enfants à l’école est même allée jusqu’aux questions de cantine à l’école pour que les enfants aient au moins un repas par jour, pour les plus démunis. Le Gouvernement de la rupture a-t-il résolu les questions ci-dessus entièrement ?
On sait que depuis 1952, l'UNESCO a préconisé 10 ans de scolarité ferme pour les enfants. Ce qui veut dire que si l’enfant commence l’école à 6 ans, il a au moins le niveau du Brevet d'Etude du Premier Cycle (BEPC) à 16 ans ; si tout se passe bien avec la gratuité, en plus des fournitures scolaires, les enseignants en nombre suffisant, etc.
Les données dont nous disposons montrent bien qu’il y a encore du chemin à faire puisque même avec les contributions supprimées, il se trouve bien des filles démunies qui ont besoin d’assistance et à qui on distribue depuis quelque temps des subventions pour les jours ouvrables.
Alors, une bonne solution du maintien des enfants à l’école supposerait une politique conséquente de gratuité avec fournitures scolaires et autres. Et cette approche nous semble celle que propose le Président de l'Alliance Pour la Patrie (APP), Philippe NOUDJENOUME :
« Au plan éducationnel et socio-culturel :
1- Loi portant une réforme totale de l'instruction et institution obligatoire de l'instruction en langues nationales suivie d'une alphabétisation de tout le peuple en langues nationales ;
2- Loi portant développement d'une formation technique moyenne généralisée avec la création de multiples écoles techniques et polytechniques sous la forme duale, combinant la formation théorique à la formation technique, du primaire à l'université sous la supervision de centres de recherche de hauts niveaux capable de répondre aux besoins de transformation et de développement des divers secteurs de l'économie nationale.
4- Loi portant Institution de bourses et allocations scolaires et universitaires pour les enfants de conditions peu favorables » (Extraits du programme de l’APP).
Si en dehors de ces propositions intéressantes le gouvernement ne fait pratiquement rien et prétend combattre le travail des enfants en réprimant tous azimuts comme c’est dit lors des campagnes de sensibilisation, et parents et enfants, etc., alors il est dans l'arbitraire.
NB. Dans une prochaine livraison, nous indiquerons l’état de la gratuité dans certaines régions du pays pour permettre à chacun de mieux apprécier.
Clenon K
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