« CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET DEVELOPPEMENT »


LIMITER PLUTOT LES TAXES ET IMPOTS INJUSTES, LIMITER PLUTOT LE PILLAGE DES RESSOURCES PUBLIQUES


Parmi les raisons avancées par le pouvoir de Talon pour tenter de justifier son projet funeste de limitation des naissances au Bénin, il est dit que la croissance démographique élevée « continue d’inhiber les efforts de réduction sensible de la pauvreté pour favoriser l’émergence économique… ». Ses "experts" et directeurs généraux sont déjà en campagne pour tenter de justifier l’injustifiable. Même le débat au Forum national pour l’atteinte d’ici à 2030, des Objectifs de Développement Durable (ODD), objectifs nobles pour enrayer d’ici à 7 ans la faim, l’analphabétisme pour tous, est détourné et pollué par ces experts. Le Directeur général des politiques de développement, Mr Cyriaque Edon, lors de ce Forum national sur les ODD tenu à Cotonou du 30 mai au 1er juin 2023, après l’évocation des chiffres de croissance démographique conclura qu’il s’agira « de proposer un indice synthétique de fécondité optimale et des mesures conciliant le désir de procréer avec celui du bien-être collectif pressent et futur » (Cf la Nation n° 8253 du 31 mai 2023). En clair proposer des mesures de limitation des naissances.


C’est la défense de l’argument choc du pouvoir : Ce qui maintient la pauvreté, c’est la croissance de la population, c’est le nombre élevé de nouvelles naissances. Le pouvoir et ses experts ne font évidemment aucune allusion de la ponction faite sur la production des populations par les hommes au pouvoir, aucune allusion à l’accaparement et au pillage des ressources par le clan au pouvoir et ses associés intérieurs et extérieurs. Or, le problème principal se situe à ce niveau : la répartition des richesses produites, la part consacrée à la résolution des problèmes sociaux, (nutrition, éducation, santé) qui permet de maintenir une production plus forte et élargie, et la part pillée par la classe au pouvoir de différentes manières et qui aggrave la pauvreté, ruine les producteurs ainsi que leur l’enthousiasme au travail.
Prenons pour être simple la multiplication et l’augmentation des taxes et impôts sous le pouvoir de la Rupture depuis 2016.


1- On observe l’augmentation partout du coût de délivrance des actes administratifs tant au niveau de l’Etat central dans les juridictions qu’au niveau des collectivités locales (mairie, arrondissement, village et quartier de ville).


Dans les tribunaux, les frais sont passés du simple au double : de 700 f la délivrance du casier judiciaire est passée à 2000F. Pour obtenir la procuration, il faut prévoir 3000F au lieu de 1500F. Le coût du certificat de nationalité est de 3500F au lieu de 2000F. En ce qui concerne la cession sur salaire, il faut payer 5.000F au lieu 3500F auparavant. Quant au certificat d’individualité sa délivrance nécessite désormais 2500F au lieu de 1000F. L’homologation du conseil de famille se délivre à plus de 15.000 frs. Au total, les frais soutirés aux populations ont augmentés


A ces taxes viennent s’ajouter les frais d’établissement de la carte d’identité et du passeport qui sont revus à la hausse. Les frais de carte d’identité sont passés de 2400F à 10.000F. Pour vouloir renouveler son passeport dans le contexte actuel de la Rupture, le citoyen doit sortir de sa poche 30.000F au lieu de 25.000F dans le passé.


Lorsqu’on se rend dans les collectivités locales, les mairies et les arrondissements, les actes dont la délivrance relève de leur ressort, les coûts ont également subi des hausses vertigineuses. Ainsi, par exemple les frais de mutation de parcelle à la mairie sont passés de 50.000F à 300.000F. Le coût du dépôt de signature qui était à 500F des communes pour une validité de cinq ans est passé à 1000F et désormais pour une validité d’un an seulement, soit 5.000F en cinq années au lieu de 500F ! Le coût de délivrance du certificat de résidence est passé de 500 frs à plus de 2000 en plus des frais de déplacement vers les recettes du Trésor public et l’arrondissement.


En dehors des actes administratifs, il y a les impôts et taxes sur la production : les taxes des places dans les marchés ont doublé sans égard à la mévente généralisée. Le petit producteur paysan doit payer, des taxes sur le maïs, l’igname, 200 à 500 frs sur le poulet, sur le mouton à vendre au marché local. Les taxes sur l’exportation du maïs, du gari, du soja, de la noix d’acajou sont prohibitives (de 10 Frs jusqu’à 140 frs le kg), lorsque l’exportation n’est pas tout simplement interdite aux petits producteurs, que l’on traque par la police et l’armée pour les obliger à livrer à vil prix le fruit de leur labeur aux trafiquants au pouvoir. Les petits et moyens contonculteurs, ouvriers à domicile des entreprises monopolistes des hommes au pouvoir sont également ruinés et en désespoir.


Conséquence : la grande masse des producteurs et leurs familles sont ruinées et réduites à la misère. Leur labeur ne suffit plus à assurer les repas, l’éducation, la santé de la famille. Voilà une face de la réalité, les impôts et taxes injustes ruineuses, que les experts payés par le pouvoir et les officines étrangères dit Partenaires techniques et financiers (Banque Mondiale, Union Européenne, FNUAP, etc.) s’appliqueront à cacher et/ou à ne jamais prendre en compte pour « des mesures conciliant le désir de procréer avec celui du bien-être collectif pressent et futur. » (sic)

2- L’autre face, c’est la politique d’accaparement direct des richesses produites par les hommes au pouvoir. En plus des détournements des finances publiques qui n’ont jamais cessé et que l’opacité dans la gestion sous la nouvelle autocratie ne permet pas de mettre au grand jour, le pouvoir de la Rupture a une spécificité : Le président Talon cumule le rôle du Chef de l’Etat et celui de l’Homme d’Affaires. Sa politique économique a consisté et consiste toujours à soumettre l’Etat au service des intérêts des puissances étrangères et des hommes d’affaires nationaux complices et, naturellement du premier d’entre ces derniers, Patrice Talon et son clan. L’accaparement et le pillage des ressources nationales par les hommes de la Rupture se sont considérablement accrus. Le pillage des ressources publiques a été légalisé par des lois et décisions qui ont fait passer les monopoles d’Etat en monopoles privés. L’importation et la distribution des engrais et pesticides, l’égrenage et l’exportation du coton, le Port autonome, les ressources douanières avec PVI-Bénin Control, la traite de l’acajou, du soja, l’hôtellerie et le tourisme, tout est sous contrôle des hommes du pouvoir de la Rupture. La taxe d’exportation sur le coton qui était de 60 francs le kg auparavant lorsque la SODECO était monopole d’Etat a été « légalement » réduite à 10 francs pour le profit maximum de la SODECO, monopole privé. Observons que pendant ce temps, la taxe sur le soja, le maïs, l’acajou est fixé par le pouvoir en place à plus de 100 frs le kilo. Les cris des producteurs qui en sont arrivés à crier zéro coton indiquent le désarroi des hommes et femmes qui n’en peuvent plus. Les suicides, phénomènes naguère rarissimes, qui se multiplient montrent les drames de producteurs, ruinés et sans espoir de lendemain par la SODECO dont les premiers responsables sont au sommet de l’Etat. Cette seconde face des causes de la misère des masses, à savoir le pillage des ressources par un clan au-dessus du peuple, au service et en complicité avec des puissances étrangères n’est naturellement pas non plus pris en compte par les experts stipendiés.


Or à l’analyse, tout montre que ce qu’il faut aujourd’hui pour « concilier le désir de procréer avec celui du bien-être collectif présent et futur » des producteurs béninois, c’est limiter les taxes et impôts injustes, c’est limiter le pillage des ressources publiques.


Kokou ZOUNON

Téléchargez La Flamme N°505 ici:

https://www.la-flamme.org/images/La_Flamme_N505_du_09_Juin__2023.pdf