1er CONSEIL GENERAL DE L’ALLIANCE POUR LA PATRIE
Par quoi remplacer L’Etat néocolonial du Bénin actuel?
Cotonou, le 27 Avril 2024
SCHEMA DE LA GOUVERNANCE PATRIOTIQUE DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE
Thème Général : « Edification d’un Bénin Indépendant, Souverain et Développé, De l’Utopie à une concrétisation Approchée de la Réalité »
THEME :
« Gouvernance politique patriotique et démocratique »
Pr. Philippe NOUDJENOUME
Président de l’Alliance Pour la Patrie
Introduction
Distinguées Eminences Dignitaires de notre pays,
Chers Camarades de la Direction Exécutive et du Comité Permanent de l’APP,
Camarades Représentants des Organisations Politiques membres de l’APP,
Camarades Représentants des Organisations Populaires (de Travailleurs, Corps de Métiers, Jeunes, Femmes, Paysans) membres et/ou Alliés de l’APP,
Messieurs et Mesdames les Représentants des Secteurs de Travail de l’APP,
Camarades Délégués Représentants des Conseils Départementaux de l’Alliance Pour la Patrie,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Alliées Invitées à cette Assise,
Chères Personnalités,
Aujourd’hui, le peuple partout se bat dans les rues pour dire non à la gouvernance actuelle. Celle faite de violence politique contre les libertés, d’arbitraire, de famine imposée au peuple ; celle faite de pillage et de livraison de notre pays et de sa population aux troupes assassines françaises sur notre territoire et qui organisent l’assassinat de nos populations sous-couvert de « djihadistes ». Oui, le peuple n’en peut plus de cette gouvernance.
Mais que veut le peuple comme gouvernance ?
Quel Etat voulons-nous bâtir au Bénin pour l’intérêt du Peuple béninois ?
Tel se pose le problème.
Dans le « Manifeste » de l’Alliance Pour la Patrie, nous écrivions ceci : « Il est temps que tous les patriotes béninois (démocrates, possesseurs ou non de moyens et de projets de développement) s’unissent, par un pacte patriotique républicain, en un Conseil National de Gouvernance Démocratique et Patriotique (CNGDP) autour d’un Programme de développement rapide et accéléré du pays…L’Objectif Général de ce programme pouvant se résumer en la suppression du Pacte colonial et l’édification d’une Economie développée, indépendante et épanouie se traduisant par le mot d’ordre « Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons ».
Un tel programme est longtemps considéré comme simplement Utopique, c’est-à-dire irréalisable. Mais aujourd’hui, les vues ont beaucoup changé.
Et le contenu d’un tel Programme s’étale à travers les données actuelles. Il s’avère comme nécessité de faire l’état des lieux.
Quel est l’état de l’Existant politique actuel à changer ?
I- RAPPEL DE L’ETAT DES LIEUX DE L’EXISTANT ACTUEL : LE BENIN COMME « ENCLOS FRANÇAIS D’AFRIQUE »
Il est désormais reconnu par l’ensemble des citoyens que notre pays, le Bénin est et demeure « Depuis 1960, un « Enclos français d’Afrique ». Les éléments de cet Etat sont aisément désormais connus :
1°- La monnaie : maintenue aux mains de la France avec son appellation coloniale « Franc des Colonies Françaises d’Afrique » ; la dernière réforme d’ECO-CFA de Macron-Ouattara ne change pas grand-chose au problème ;
2°- La langue française, proclamée langue officielle dans nos Constitutions dès 1960 alors qu’une telle disposition à cette date n’existait pas dans la Constitution française de 1958 et n’y a été insérée qu’en 1992 ;
3°- Les richesses minières du sous-sol, déclarées propriétés éminentes de la France ; les entreprises et les produits français ont droit de priorité et de monopole dans notre pays. Les points 3 et 4 des 11 points du Pacte colonial sont clairs à ce propos. « Point 3 : « Le droit de premier refus sur toute ressource brute ou naturelle découverte dans le pays ». C’est-à-dire que la France a le premier droit d’achat des ressources naturelles du sol et du sous-sol de notre pays. Et ce n’est que lorsqu’elle a déclaré n’être pas intéressée que notre pays peut s’adresser à autre partenaire…Le point 4 : « Priorité aux intérêts et entreprises françaises dans les marchés publics et appels d’offres publiques ».
De la sorte, tous les secteurs stratégiques sont aux mains de la France ou de pays alliés à la France : Le Port, l’aéroport, les stations de recherche agronomiques (CIRAD et l’IRD), les industries cimentières (Lafarge), les brasseries (Castel), même des chaines de télévisions telles CANAL+. Les écoles de formation militaires sont aux mains d’officiers français (ou alors, les officiers béninois sont formés dans les écoles militaires françaises), sans oublier l’armement de notre armée. Toutes les administrations centrales stratégiques (financières, militaires, policières) sont étroitement sous surveillance des représentants physiques du Gouvernement Français (Etat-major général de l’Armée, Services centraux de renseignements).
En dehors de ces pillages matériels, les impérialistes français ont réussi à enchaîner les cerveaux des hommes béninois, ressources humaines ou la force de travail, c’est-à-dire l’intelligence et la créativité de notre peuple sont enchainées pour les empêcher de rechercher des solutions aux équations que pose notre existence quotidienne. Ceci par le biais d’un système scolaire le plus aberrant et archaïque au monde, un système qui coupe la tête des mains et ne permet nullement la cohésion entre ces deux éléments essentiels du travail humain.
Notre pays, le Bénin, demeure ainsi un pays de type colonial, une « Prison française », et notre peuple, un Peuple prisonnier à domicile. De la sorte, les différents Gouvernements du Bénin sont des Appareils d’Administration de Prison, le Chef de l’Etat étant le Régisseur de Prison, assisté des « Gardiens-Chefs » que sont les ministres, le tout descendant au plan local par les « Chefs-Bâtiments » que sont les Préfets et Maires, etc.
La Démocratie, dans notre pays, est une Démocratie de prisonnier ; c’est celle compatible avec les intérêts de domination française au Bénin et de conservation du Bénin comme « Enclos français ». « Vous êtes libres de vous organiser à l’interne, pourvu que cela ne casse pas le carcan de l’enclos colonial français qu’est le Bénin » ; telle est la politique française au Bénin. Et à chaque échéance électorale d’importance, l’impérialisme français s’empresse de susciter de nouveaux « Gouverneurs à peau noire » pour faire le change et conserver l’essentiel ». Le pouvoir de Talon en un représentant, le plus méchant du Système colonial. Le pire est que ce pouvoir s’acoquine avec la France de Macron en guerre contre l’Afrique pour faire massacrer notre population à travers des « djihadistes » que tout le monde sait, sont des fabrications françaises en Afrique. Notre Pays, la Terre sacrée de Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guerra, Kaba devient ainsi aujourd’hui la plaque tournante des manœuvres coloniales françaises d’agression contre les peuples de la sous-région où viennent se réunir les ambassadeurs français en « conclave de guerre » à Cotonou contre les pays voisins.
Dans le contexte actuel, tant au plan international qu’interne, le débat à faire, c’est donc d’abord et avant tout « briser le carcan colonial », « enlever les genoux de la France coloniale sur le cou de l’Etat béninois et qui l’empêchent de respirer », pour impulser un réel développement de notre patrie et instaurer une véritable démocratie au Bénin.
Voilà ce qu’il faut d’urgence changer.
II- PAR QUOI REMPLACER UN TEL POUVOIR ?
SCHEMA DE LA GOUVERNANCE PATRIOTIQUE DEMOCRATIQUE ET SOUVERAINE
En clair, quel Etat nouveau portent les exigences des Travailleurs et Peuples du Bénin aujourd’hui ?
S’agira-t-il seulement de remplacer un homme (Talon) par un autre du même Système pro-colonial que lui, ce serait faire du « surplace » sinon un recul.
Avant d’aller loin, en termes de description de la Virtualité de l’Etat que nous entendons bâtir, il faut en définir les Principes qui nous guident :
Le Premier principe sur lequel se base notre Programme d’édification du Bénin est : La Souveraineté dans tous les domaines.
Le deuxième Principe est la Satisfaction des besoins des hommes et non le principe de la réalisation des profits individuels.
Comme le dit feu Pascal Fantodji, « L’objectif (de notre programme), c’est l’homme, c’est-à-dire la satisfaction des besoins des hommes et si ces besoins s’accroissent, viser toujours à les satisfaire. Ces besoins étant d’ordre matériel, moral, physique, culturel. » (Convention du Peuple, Pascal Fantodji, « Adresse au Peuple pour un Dahomey resplendissant», Cotonou, le 23 Octobre 1988). Il est prouvé qu’en prenant pour base ce principe, un Pays parvient rapidement à un développement accéléré de l’économie et de la société avec la moindre douleur. Les exemples de la Russie et de l’Union Soviétique dans les années 1920-1930, ainsi que de la Chine aujourd’hui, l’ont largement confirmé.
Le troisième principe de développement est de prendre comme appui le dernier cri de la science, c’est-à-dire la technologie la plus avancée comme locomotive entraînant tout le reste. Aujourd’hui, c’est l’informatique, la robotique et l’intelligence artificielle ». Dans ce point, je verrai les sous-points qui suivent : Gouvernance politique, Gouvernance économique, Gouvernance socio-culturelle.
A- Gouvernance politique
Dans mon Programme de Gouvernement au lancement de la campagne présidentielle de 2021, je disais, partant de la situation existante actuelle, au nom de l’Alliance Pour La Patrie (App) que « Mon programme peut se résumer en trois mots d’Ordre :
« 1°- L’Homme, C’est-à-dire placer l’homme, sa vie et le social au centre de mes priorités de gouvernement car l’homme est la mesure de toutes chose ». Or, pour le Gouvernement du Président Talon, l’homme est plutôt considéré comme cible et objet d’exploitation, de création de profits et de richesses pour lui-même et pour son Clan qu’une personne faite de chair et de sang et ayant des besoins vitaux à satisfaire.
2°- La Patrie : Défendre par toutes les fibres béninoises la Patrie et ne jamais accepter l’invasion, l’occupation sous aucun prétexte de la terre de nos Aïeux, par des armées étrangères ; Edifier une société développée à économie indépendante, en prenant pour bases les valeurs culturelles positives de nos peuples. »
Le Président Talon, au contraire, livre aujourd’hui notre Territoire comme base d’agression française et américaine contre le peuple du Bénin et les Peuples de la sous-région.
3°- La démocratie : Instaurer une véritable démocratie axée sur la participation de tous les citoyens (et pas seulement les 25% de lettrés en langue française) aux affaires de l’Etat ; préserver les libertés générales individuelles et collectives ».
Le Président Talon a détruit toutes les libertés élémentaires, a instauré un pouvoir autocratique consacré par une Constitution autocratique, donne la chasse à toute expression non conforme à ses élans tyranniques ; il maintient des citoyens en détentions politiques et d’autres sont contraints à l‘exil.
La Gouvernance politique patriotique à instaurer au Bénin se traduit en termes de Souveraineté : Souveraineté extérieure, Souveraineté intérieure.
1°- La Souveraineté Extérieure
Il s’agit, comme nous l’avons souvent écrit, d’en finir avec la FrançAfrique. Il s’agit, comme le font sous nos yeux les pouvoirs patriotiques de la sous-région du Sahel, de rompre tous les accords et liens de sujétion et de dépendance coloniale à l’égard de la France.
-Accord de défense : Cela signifie rompre les accords de défense et de sécurité (accord de présence militaire sur le sol béninois, accord de formation et d’encadrement de nos forces armées et forces paramilitaires, accord de fourniture d’armes et d’habillements à nos forces armées et de sécurité ; accords de renseignements etc.) Nous n’accepterons pas de bases militaires étrangères sur notre sol.
-Accord de dépendance économique :
Comme je le déclarais dans mon Discours en mars 2021 ,
« Moi, Chef de l’Etat du Bénin,
Je procède au retrait du Bénin du traité de l’UMOA et crée une monnaie nationale au Bénin. Tout en informant les pays de la CEDEAO de la disposition du Bénin à adhérer à la mise en œuvre de l’Eco-CEDEAO ou de toute autre monnaie souveraine à l’Afrique dès les conditions réunies ». Dénonciation de tous accords économiques ouverts ou secrets, constituant les points du Pacte colonial.
-Accord de dépendance culturelle :
« Je soumets au référendum du peuple les questions existentielles ci-après :
1°- La suppression du français comme langue officielle et la mesure de faire de toutes les langues parlées au Bénin des langues officielles avec usage obligatoire dans les administrations publiques, la justice et l’enseignement ».
Le Bénin procédera à la dénonciation de tous les Accords constituant la constellation de la Francophonie et la sortie du Bénin de cette Institution de type colonial à l’instar des Patriotes du Niger.
Nous définirons nos choix stratégiques et nos partenaires en rapport avec la défense des intérêts stratégiques du peuple béninois et des Peuples africains comme l’ont si bien défini les patriotes du Mali.
2- Souveraineté Intérieure.
La Souveraineté intérieure signifie que le peuple dans ces différentes couches et composantes est représenté dans toutes les Institutions d’Etat, désigne librement ses représentants et participe à la prise des lois et en contrôle l’exécution.
Ce qui n’est pas le cas en ce moment. L’Etat actuel est la suite de l’Etat colonial français imposé par la guerre (1894-1916) et la victoire sur les héros patriotes tels Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guerra, Kaba. Un Etat étranger aux Traditions et Valeurs Positives de nos peuples, un Etat minoritaire (de ceux à peine 20% formés en langues et cultures françaises à l’exclusion des 80% de la population). En bref, un Etat au service de la France Coloniale. Les lois qui y sont faites sont des lois de sujétion de nos peuples au Pacte de domination coloniale.
La souveraineté intérieure signifie que l’Etat soit l’incarnation des cultures et Valeurs positives Le programme de développement patriotique « doit, dans sa mise en œuvre, d’une part, prendre appui sur les valeurs et savoirs positifs de nos cultures et les développer, et d’autre part, arrimer d’emblée notre pays aux secteurs les plus en pointe dans tous les domaines » (J.K.Zounon, Conférence 2010). En clair, l’Etat patriotique doit prendre pour Axes : L’histoire de nos Peuples et l’épistémologie. Autrement dit : Traditions et Sciences. L’Angleterre nous en donne l’exemple.
Enfin, la Souveraineté intérieure signifie encore la liberté et le droit pour le peuple de désigner tout citoyen à tous les postes représentatifs ; le droit aussi de lui retirer sa confiance.
En application de ces principes, nous avons établi notre Programme en les points suivants :
- Le Rétablissement dans leurs prérogatives, des institutions traditionnelles fondamentales du pays (Rois et autres Dignitaires traditionnels) à tous les niveaux (parlementaire, juridictionnel) matérialisé par la création d’une Chambre des Autorités Traditionnelles au Parlement (chargée d’étudier la conformité des lois votées avec nos traditions positives) ainsi que d’une Chambre de droit traditionnel de la base jusqu’à la Cour suprême.
Autrement dit : les Rois et Dignitaires Organisés en Institutions de juridiction traditionnelle, doivent aussi au plan administratif, être consultés au plan central et local sur les décisions concernant les niveaux respectifs comme cela se fait déjà au Nigeria voisin. Et ils seront pris en Charge par l’Etat et payés en conséquence.
Cette prise en compte des richesses du passé en matière d’administration, de justice, de médecine, de sécurité, s’étend à la reconnaissance des acteurs traditionnels tels les chefs de couvents, guérisseurs, groupes de chasseurs, devins) dans ces domaines.
La souveraineté intérieure c’est encore
- L’élection des Députés et des Conseils communaux au suffrage universel direct uninominal et l’exclusion de scrutin de liste.
- La Représentativité des divers secteurs modernes au Parlement (Travailleurs salariés, Paysans, Opérateurs économiques, Artisans, Jeunes, Femmes, etc.) Et l’institution du mandat impératif.
- La Reconnaissance de toutes les langues nationales comme langues officielles avec pour conséquences :
- Leur usage obligatoire à tous les niveaux de l’Administration de notre pays dans leurs terroirs respectifs ;
- L’instruction dispensée à tous les niveaux de l’enseignement dans les langues nationales et institution de l’alphabétisation obligatoire de toute la population dans les différentes langues du pays ;
- Les libertés démocratiques totales rétablies aux citoyens et aux peuples (libertés de conscience, de culte, d’association, de réunion, de presse, liberté de manifestation, rétablissement du droit syndical de grève, du multipartisme intégral) ; une justice indépendante et proche des justiciables.
Contre la Corruption.
- Au plan de la Défense :
La Réhabilitation de l’armée en la sortant de l’état de ruine actuel (ruine matérielle, ruine de formation, conditions misérables des hommes en armes) à une armée moderne patriotique et performante.
En tant que principal instrument Central de la Défense du Territoire et donc l’instrument de mise en œuvre du Patriotisme et de la Souveraineté, l’armée doit faire l’objet d’attention particulière pour la soustraire de son état actuel d’instrument de domination et des plans d’agression français contre le peuple béninois et les peuples africains. Pour ce faire, « une Commission particulière sera installée chargée de l’étude et de la résolution des énormes problèmes qui assaillent l’armée de notre pays ; depuis la situation matérielle des hommes jusqu’aux structures qui la composent ; l’institution des formations en stratégie militaire, en balistique et la création immédiate d’une industrie d’armements pour la fabrication d’armes légères, de munitions variées ; la formation militaire généralisée pour tous les hommes et femmes béninoises » ( proposition de 2023).
B-Gouvernance Economique
Objectif : Le rapide développement du pays sur la base de la satisfaction des besoins sans cesse croissants des hommes et femmes du Bénin.
Principes de base :
1°- Viser la levée des entraves pour le développement économique accéléré et durable de notre pays et l’amélioration du sort des populations.
2°- Privilégier la production nationale pour nourrir la population et satisfaire ses besoins sans cesse croissants et en exporter après cela.
3°- Prendre appui sur les valeurs et savoirs positifs de nos cultures pour les développer, et d’autre part arrimer d’emblée notre pays aux secteurs les plus en pointe dans tous les domaines (génie logiciel, énergétique, électronique, biotechnologique, etc.)
4°- Permettre et garantir aux producteurs nationaux le large accès à la connaissance, à l’information, au crédit et aux marchés.
5°- Appliquer pleinement le Partenariat Public-Privé avec priorité aux opérateurs économiques nationaux.
6°-Viser comme principe, la transformation des produits nationaux au Bénin avec association de capitaux privés, prioritairement béninois dans un juste partenariat avec les capitaux publics et obligation de donner priorité aux opérateurs et aux experts béninois dans l’attribution des marchés publics et des études des projets.
Moyens d’action
-Organiser le recueil systématique et la centralisation dans des banques de données des informations relatives aux ressources humaines et matérielles, du sol, du sous-sol ainsi que du savoir et du savoir-faire collectif de la population.
. - Réunir les opérateurs économiques béninois sans exclusive en Etats Généraux de l’Economie et signer avec eux une charte pour un plan de développement rapide et harmonieux du Pays.
Etant entendu que tout cela doit être sous-tendu par une Monnaie souveraine.
C – Gouvernance socio-culturelle.
Réunion des Etats Généraux de l’Instruction Publique pour l’adoption d’une feuille de route comprenant :
1°- La Suppression dans un délai rapide de l’analphabétisme.
2°- Le Développement d’une formation technique moyenne généralisée avec la création de multiples écoles techniques et polytechniques sous la forme duale, combinant la formation théorique à la formation technique, du primaire à l’université sous la supervision de centres de recherche de hauts niveaux capables de répondre aux besoins de transformations des divers secteurs de l’économie nationale.
3°- La Révision du contenu actuel de l’histoire telle écrite et l’enseigner à tous les niveaux.
4°- L’Institution de bourses et allocations scolaires et universitaires pour les fils de pauvres.
5°- La Redynamisation de l’Académie des Lettres, Sciences, Arts existante en l’expurgeant de son caractère néocolonial et exogène actuel.
6°- La Création d’Instituts de recherche de haut niveau et d’écoles supérieures dans tous les domaines possibles, mais nécessairement en énergie renouvelable et durable (soleil, thermique), en énergie nucléaire, en sciences cognitives et en génie logiciel.
7°- La Réforme immédiate du secteur de la santé avec pour objectif l’équipement en plateaux techniques des centres de santé, l’amélioration des conditions matérielles des personnels de santé et la gratuité progressive de la santé aux travailleurs et aux peuples, l’éducation sanitaire intégrée aux programmes d’enseignement à tous les niveaux.
Voilà en gros l’exprimé du Programme.
Est-ce réalisable ?
Nous allons ici regarder quelques traits de la faisabilité de la chose.
III-QUELQUES ESSAIS DE PRESENTATION DU PROCESSUS D’EDIFICATION DU BENIN
A- Des exemples édifiants de la Sous-Région
Je prends quelques expériences en cours au niveau des pays du Sahel.
1°-Le projet des pays de l’Alliance des Etats du Sahel de mutualisation de leurs énormes ressources d’uranium pour créer une Centrale d’Energie nucléaire à usage civil comme énergie pour leurs économies.
2°- Le traité signé entre les trois Etats pour la fourniture par le Niger de gaz et de pétrole aux deux autres : Le Burkina Faso et le Mali.
3°- Les deux projets de complexes textiles que vient d’initier le Burkina par le Capitaine Traoré le 27 mars 2024 :
« L’un : un complexe industriel textile à 272 millions $ soit 165 milliards FCFA qui, selon le communiqué du dernier conseil des ministres, sera réalisé par la société IRO-TEXBURKINA SA, une société d’économie mixte créée en mars 2024…pour permettre la transformation annuelle de 20.000 tonnes de fibres de coton conventionnel et biologique ».
«Le deuxième : Le Projet textile Ouagadougou, la pose de la première pierre du complexe industriel Textile des Forces armées du Burkina Faso (TEX-FORCES-BF).
4°-Du côté du Mali on note les mêmes processus.
« Le Mali et la Chine ont signé le 21 novembre 2022, un protocole d’accord pour l’installation de deux unités industrielles de filature de coton pour un investissement de 300 millions de dollars. Dénommée Société malienne de filature (SOMAFIL) à qui appartiennent les deux usines, le capital de la nouvelle société est détenu à 85 % par l’Etat du Mali via la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) et à 15 % par le partenaire chinois.
5°-Par ailleurs, le Mali a signé en novembre 2023 un protocole d’accord avec la Russie pour la construction d’une raffinerie locale d’or. D’une capacité de 200 tonnes par an, elle serait la plus grande de la sous-région ouest-africaine et permettrait au pays d’accroitre les revenus générés par l’exploitation de l’or.
Enfin en novembre, le Burkina Faso a signé avec la Société russe spécialiste de l’énergie nucléaire et les Produits de haute technologie, Rostom, un Accord de construction d’un Réacteur nucléaire au Burkina Faso.
L’on sait que le Niger le plus grand possesseur d’uranium des Etats de l’AES ne tardera pas à franchir rapidement ce pas.
Donc, transformation sur place des minerais extraits du sous-sol et arrimage à la technologie de pointe au plan mondial.
Quelles leçons tirer de ces expériences ?
B- Quelques Descriptions de secteurs de développement du Pays.
1°- L’industrie textile et l’énergie comme un des facteurs induits d’industrialisation.
Dans le processus de développement, deux choses déterminent les avancées et se trouvent comme des constantes : ce sont l’énergie et le textile.
Nous partons de l’expérience du premier Pays industrialisé dans le monde : L’Angleterre jusqu’aux derniers pays qui montent à la pointe du développement économiques tels les dragons d’Asie et la Chine.
Qu’avons-nous observé ? Les pays ont toujours commencé leur processus de développement industriel par ces deux facteurs de production ; le textile et l’énergie. Ce fut ainsi avec la question de la laine et le charbon en Angleterre ; ce fut ainsi en Chine avec le textile, etc. Actuellement, le Bengladesh et l’Ethiopie sont dans la même voie.
C’est dire que le textile, en plus de la transformation et du conditionnement des produits agricoles, constitue les bases d’un développement rapide. Il apparaît nettement que les friperies et « prêt-à-porter » constituent de véritables fléaux à éradiquer ardemment si l’on veut aller au développement industriel.
C’est dire que les expériences en cours dans les pays du Sahel montrent le chemin tortueux, mais en cours vers l’industrialisation de leurs pays.
2°- Le processus d’industrialisation passe par les étapes suivantes :
a)- Commencer par la transformation et le conditionnement sur place des produits du secteur primaire : agriculture, élevage, pêche, pour satisfaire les besoins en aliment, en habillement, en soins de santé, de la population. Dans cette phase, le textile occupe une place de choix.
Transformer sur place des richesses minières éventuelles découvertes pour en faire des produits de consommation et d’exportation. Le cas ci-dessus cité du Mali ouvrant une usine de raffinerie d’or est illustratif.
b)- Aider à la coopérativisation des artisans dans le sens de leur regroupement en grandes manufactures et en fabriques et l’aide de l’Etat à la formation continue des artisans pour le maintien et l’élévation constante de leur niveau technique. Par exemple, rassembler les nombreux tailleurs et couturiers en des unités plus grandes pour la fabrique en série de tenues « prêt-à-porter » ; par exemple, rassembler les petits artisans du froid et de réparateurs de frigidaires en une usine de fabrication des produits tels les frigos, les climatiseurs, etc. Cela, en même temps que l’on les accompagne d’écoles techniques de recyclage et de mise à niveau, etc.
c)- Œuvrer à la coopérativisation du secteur agricole, c’est-à-dire au remembrement des parcelles agricoles en de grandes unités de production pouvant permettre l’utilisation des méthodes et moyens modernes, de sorte à accroître la production agricole. Ce que l’on nomme transformer l’agriculture elle-même en une industrie, ce que l’on appelle l’agro-industrie.
C’est l’un des plus gros défis de développement dans notre pays. Je vais un peu m’attarder sur ce sujet. En effet, notre pays est caractérisé par un extrême morcellement et petitesse des exploitations agricoles. Selon les statistiques de la Direction de la Programmation et de la Prospective du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche « l’essentiel de la production agricole du Bénin est assurée par des exploitations familiales. On estime le nombre des exploitations agricoles à 569.672 dont 75% sont de petites tailles (0,50 ha à 2 ha) pour environ 696.321 ménages agricoles sur 1.210.463 ménages au plan national ».
Les statistiques récentes émanant du Recensement Agricole de 2021 donnent les chiffres globaux de 913.415 exploitations agricoles sur 6.863.378 hectares avec une « moyenne par exploitation de 3,3 hectares par exploitation. Les moyennes les plus élevées sont enregistrées dans les départements du Borgou et l’Alibori avec respectivement 6,8 et 5,8 ha » ( MAEP « Recensement National de l’Agriculture », Octobre 2021).
Ces chiffres statistiques même variant en chiffres absolus, n’apportent rien en termes de conclusions tirées des statistiques anciennes.
La faible productivité, l’accès difficile aux moyens modernes de production et aux intrants, l’accès difficile au financement, la faible capacité technologique ; la non maîtrise de l’eau et bien d’autres facteurs ».
A l’extrême morcellement des exploitations qui ne permettent point l’utilisation des moyens technologiques modernes, des intrants agricoles et méthodes, la solution idoine est de procéder au regroupement des petites exploitations en coopératives agricoles. Il faut aller vers la coopérativisation des exploitations agricoles « familiales » au Bénin. Seules les grandes superficies agricoles peuvent permettre la fourniture en intrants et autres moyens modernes, l’usage des grands moyens de labour, la maîtrise de l’eau pour l’irrigation avec les retenues d’eau, etc.
La question existentielle de construction d’une usine de fabrication des engrais et pesticides au Bénin devient urgente. L’exemple du grand complexe de fabrication d’urée de Dangote (Nigeria) en est un exemple de participation du Privé au développement d’un Pays. En l’absence de telles initiatives privées, l’Etat se trouve dans l’obligation de le faire.
Comme il est un devoir pour l’Etat de financer le secteur agricole, la création d’une Banque publique Agricole pour faciliter l’accès aux crédits aux paysans est une nécessité. L’exemple de confier la gestion d’une structure de Gestion des crédits agricoles aux Banques privées tel que le fait le Gouvernement Talon avec le FNDA est contre-productif et contraire aux intérêts et du pays et des paysans.
Et comme on ne peut être un bon producteur et accroître la production que si l’on est instruit, il revient d’’urgence au pouvoir central et aux collectivités locales de créer des écoles du soir pour l’instruction des paysans en les langues nationales.
Tout cela constitue ce que l’on peut appeler l’industrialisation primaire ; l’industrialisation-substitution à l’importation des produits de base.
Pour passer à l’industrialisation secondaire et même à la haute technologie, il faut comme je le disais, s’arrimer à la technologie la plus avancée. Voilà pourquoi nous préconisons la mise sur pied de grands complexes électriques, électroniques, électrotechniques, informatiques et robotiques en même temps que le développement du nucléaire.
Nous avons parlé de développement industriel accéléré du pays. Mais les deux plus grands soubassements demeurent l’école et la monnaie.
Mais je ne traiterai ici que de l’école.
A ce propos, je rappelle les missions de l’école française au Bénin.
La mission de l’école française au Bénin est celle définie par M. Brévié, Gouverneur général de l’AOF qui a déclaré devant le Conseil du Gouvernement de l’AOF en 1933 :
« Le devoir colonial et les nécessités politiques et économiques imposent à notre œuvre d’éducation une double tâche. Il s’agit d’une part de former des cadres indigènes qui sont destinés à devenir nos auxiliaires dans tous les domaines et d’assurer l’ascension d’une élite soigneusement choisie ; il s’agit d’autre part d’éduquer la masse pour la rapprocher de nous et transformer son genre de vie. Au point de vue politique, il s’agit de faire connaître aux indigènes nos efforts et nos intentions de les rattacher à leur place, à la vie française. Au point de vue économique enfin, il s’agit de préparer les producteurs et les consommateurs de demain ».
Et avant lui, la circulaire du 1er mai 1924 (voir J.O. de l’AOF) dit expressément :
Le français doit être imposé au plus grand nombre d’indigènes et servir de langue véhiculaire dans toute l’étendue de l’Ouest africain français. Son étude est rendue obligatoire pour les futurs chefs.
Du point de vue du contenu des programmes, ceux-ci doivent montrer la supériorité de la civilisation française, l’infériorité « congénitale du Noir ». Le Gouverneur Général Roume dans l’arrêté général ci-dessus déclare :
« Par un enseignement bien conduit, il faut amener l’indigène à situer convenablement sa race et sa civilisation en regard des autres races et civilisations passées et présentes. C’est un excellent moyen d’atténuer cette vanité native qu’on lui reproche, de le rendre plus modeste, tout en lui inculquant un loyalisme solide et raisonné ».
Cette mission définie par le Colonisateur français n’a point varié aujourd’hui.
Le Point 7 des 11 Points du Pacte colonial est clair : « L’obligation de faire du français, la langue officielle du pays et la langue pour l’éducation ». Et pour cela, toute une Organisation a été instituée : La Francophonie » avec toutes ces organisations satellites dont les objectifs sont clairement définis que sont entre autres : Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.
Elle comprend entre autres quatre opérateurs principaux que sont :
- L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) dont fait partie le CAMES
- TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone
- L'Association internationale des maires francophones (AIMF)
- L'Université Senghor d'Alexandrie.
Toutes ces organisations sont affiliées et contrôlées par le ministère français des Affaires étrangères.
Tout Gouvernement patriote doit parmi les premières tâches à accomplir comme la dénonciation des accords de défense et accords monétaires du CFA, quitter aussi cette Institution, la Francophonie comme viennent de le faire les Dirigeants patriotes du Niger sous la direction du Général TIANI.
La plus grande gangrène qui inhibe tout développement et qui empêche tout décollage est l’école. La monnaie certes, mais l’école a cette spécialité de toucher au culturel et le culturel détermine tout développement. Et ce culturel ne se conçoit pas sans la langue française.
Regardons seulement comment les intellectuels béninois se comportent : leur marque de « civilisation » c’est de parler le français, le « plus gros français » que l’on puisse imaginer. Le plus grave, c’est que cela pénètre et gagne même les sphères de la vie privée des foyers faisant des ménages «les ménages français » et de la langue française, celle dans laquelle on élève les enfants, qui du coup naissent et se développent acculturés ou « cultivés » à la française. La couenne de ce fléau est si épaisse qu’elle mettra du temps à s’estomper sans une volonté politique.
L’école constitue pour tout système le moteur essentiel ; dis-moi quelle école tu as, je te dirai quelle économie tu as.
Il faut comme première tâche détruire l’école française actuelle conçue pour satisfaire les besoins de domination de la France, une école de fabrication d’hommes inadaptés à la transformation de leur milieu, une Ecole-Usine à fabriquer des chômeurs, où l’on répète comme par exemple en droit les galimatias du Code civil français ou des codes de commerce et autres ripolinés à la sauce africaine (comme l’OHADA) et pour lesquels on délivre de grands diplômes. Une telle école doit être remplacée immédiatement par une Ecole patriotique.
Cette école se doit de remplir les conditions suivantes : Se baser sur nos cultures et valeurs positives dont par exemple la langue et orienter principalement vers la satisfaction des besoins de la population béninoise et l’édification patriotique du pays.
CONCLUSION :
L’édification d’un Etat patriotique, démocratique et développé peut commencer à se réaliser dès demain ; car tous les matériaux, toutes les ressources sont existantes. Il ne manque qu’une chose : Sauter le verrou politique aux mains de la France. Il faut qu’à un certain moment donné, face à la faillite et au caractère insupportable de la gouvernance du pouvoir existant, le peuple en ses structures de prise en charge, décide de se rebeller pour installer un pouvoir qui satisfasse leurs aspirations.
Et c’est cela qui est appelé.
Pr. Philippe T. NOUDJENOUME.