LA GUERRE EN UKRAINE ET L’AFRIQUE
Depuis le début de la guerre en Ukraine, on observe des positionnements, des attitudes, des prises de position qui indiquent qu’un tournant est en train de s’opérer dans les relations internationales. Sous nos yeux, de nouvelles alliances se nouent tandis que d’anciennes se délitent. Ainsi, alors qu’on devrait s’attendre à un grand rassemblement autour de l’OTAN contre la Russie, on observe au contraire, une prudence sinon une réserve de certains pays alliés vis-à-vis des USA et de ses obligés. Ainsi en est-il de la position de la Turquie, d’Israël, de l’Arabie Saoudite qui font preuve d’une neutralité étonnante face au conflit. Quant aux pays comme le Brésil, la Chine, l’Inde, leur neutralité est en fait une démarcation très nette des thèses arrogantes et agressives de l’OTAN.
Dans de pareilles situations de crise au niveau international, les dirigeants africains nous avaient habitués à démissionner devant leur peuple et à s’aligner honteusement derrière les thèses de l’OTAN, de l’Union Européenne et de la France. D’ailleurs, dans le onzième point des accords léonins imposés par la France à ses colonies avant de leur accorder les pseudo-indépendances des années soixante, il est indiqué qu’ils doivent s’aligner automatiquement sur les positions de la France en temps de guerre. Cette situation a permis jusque-là à cette dernière de contrôler la diplomatie de ces pays et de bénéficier à l’ONU d’un matelas d’une vingtaine de voix à chaque vote à l’Assemblée Générale de cette organisation. C’est ce qu’on a observé jusque-là et qu’on a particulièrement remarqué lors de l’intervention en Libye.
Depuis l’assassinat du colonel Kadhafi, la prolifération des mouvements terroristes au Sahel, la persistance de la domination monétaire et militaire occidentale en Afrique, un vent de révolte des peuples et particulièrement de la jeunesse souffle sur l’Afrique. Ce vent de contestation et de dénonciation de l’humiliation de l’Afrique et de ses peuples commence à submerger les dirigeants vendus d’Afrique qui sont obligés d’en tenir compte. C’est pourquoi lors du vote à l’ONU le 02 mars 2022 sur la présence de la Russie en Ukraine, 17 pays se sont abstenus, un a voté pour, tandis que 28 ont voté contre. Ce vote a suscité un tollé en Occident où les dirigeants impérialistes n’ont pas digéré ces abstentions de pays qui jusque-là votaient les yeux fermés dans le sillage de la France et de l’OTAN.
Lors du vote de suspension de la Russie de la Commission des droits de l’homme de l’Onu, quelques jours plus tard, 9 pays africains ont voté contre, 24 se sont abstenus et beaucoup se sont absentés, seuls 8 pays ont voté pour, dont la Côte-d’Ivoire d’Alassane OUATARA qui est le chien de garde de la France en Afrique de l’Ouest. Ceci est clairement un signe de défiance vis-à-vis de l’OTAN et de ses soutiens. D’ailleurs, après ce vote où le Gabon en tant que pays non permanent du Conseil de Sécurité a voté non, le journal Afrique Intelligence, successeur de La Lettre du Continent, révèle dans sa parution du 18 avril 2022, que la France a envoyé une demande d’explication au Gouvernement gabonais sur la raison de ce vote ; ce qui est une provocation grotesque et un affront au peuple gabonais.
Au-delà de ces votes à l’ONU, les organisations populaires et les peuples africains ne se sont pas laissé manipuler par la propagande de guerre des organes comme RFI, France 24, Jeune Afrique, BBC etc. Elles ont cherché les causes de la guerre pour voir qui sont les vrais fauteurs de guerre et comment se démarquer d’eux. Elles sont de plus en plus convaincues que l’OTAN est une machine de guerre et ennemie principale de l’Afrique. Elles ont correctement situé les intérêts des peuples africains et pousser les dirigeants africains à ne plus continuer d’humilier l’Afrique en continuant d’adopter des positions contraires aux intérêts des peuples africains. Ce sont ces pressions qui ont pesé lors des votes à l’ONU.
Il n’y a aucun doute, l’Afrique est à un tournant de son histoire et la guerre actuelle en Ukraine en est un grand révélateur.
Afia