Petit pays aux ressources limitées ?
Le Bénin regorge des ressources minières

Sur la question minière et pétrolière au Bénin


Depuis quelque temps, en tous cas depuis l’accession au pouvoir du Président Talon, on entend sur les forums, des déclarations du genre sur les ressources minières et pétrolières au Bénin : « Le Bénin est un territoire maritime qui dispose d’un considérable potentiel minier, de carrières, de pétrole et d’énergie non encore mis en valeur de façon industrielle… » Dans le domaine du pétrole, « Le Bénin aurait pu commencer l’exportation du pétrole en 2015 n’eût été la chute du cours du baril ; existence de 17 blocs dont 2 onshore (terre ferme) ; et 15 offshore (haute mer) ; 2 blocs contiennent du gaz, le gaz sera exploité d’abord au Bénin et le surplus sera vendu dans le cadre du projet de la CEDEAO. Dans deux ans, (c’est-à-dire 2020 ajouté par la Rédaction), le Bénin pourrait avoir des revenus de ce secteur…exporter du pétrole » (Déclaration du Ministre des Mines et de l’eau Adambi, le 30 Avril 2018, rapportée dans « L’Economiste » du 2 Mai 2018).


Dans le journal "La Nation" du mercredi 13 Mars 2019, on lit : « Exploitation des ressources minières. Le pétrole béninois intéresse deux sociétés britannique et américaine : la société britannique United Oil and Gas s’apprête à entrer sur le bloc B avec une participation de 20%...Le bloc B est situé à l’Ouest de Cotonou, dans la baie du Dahomey, une zone où aucun puits de pétrole n’a été foré jusqu’à ce jour. Il couvre une superficie de 4.590 km2. United Oil pense selon l’agence Ecofin que le bloc démontre des indications positives d’un système pétrolier en bon état de fonctionnement.»


Enfin dans le journal « La Tribune Afrique », on lit : « Le Bénin : un Eldorado minier méconnu … « Coincé entre le Togo, le Burkina Faso, le Niger et le Nigeria, le Bénin absent de la liste des pays africains miniers est entouré d’Etats riches en pétrole, gaz et minerais. Mais le pays dispose aussi d’importantes ressources minérales, rétorque le Ministre des Mines béninois… ». Celui-ci affirme que ces ressources sont « l’or, les matériaux de construction, le fer, les phosphates, l’étain, du lithium, de l’uranium, mais également des indices de nickel, de rutile, de zircon, du diamant». Ainsi, les données affichées par les services des mines du Bénin situent l’or non seulement dans l’Atacora, mais dans l’Alibori, Djougou, le fer (Loumbou-Loumbou- Madécali), phosphate (Mékrou), nickel (Sud Tobré, Pehunco de même que le chrome et cobalt dans la même localité); rutile (Pehunco et Birni), du diamant dans le secteur de Dassari ; lithium dans Ségbana, zircon (Kandi, Ségbana etc.) (Ministère des Mines du Bénin- potentialités minières).


A l’évidence, le Bénin est tout autant que les autres pays africains voisins, un pays minier. Il n’en saurait d’ailleurs être autrement. Avec les formations géologiques similaires et communes, il serait étonnant que ce petit morceau de territoire arbitrairement découpé des autres par les colonisateurs européens, pût être sauté et privé de ressources minières dont regorgent les pays voisins limitrophes. Car diraient certains, c’est « les Béninois qui ont tué Jésus pour être punis par Dieu de cette manière ? Même la terre qui a vu tuer Jésus est bordée de grandes ressources pétrolières et gazières».


Alors, en quoi a consisté cette rengaine longtemps entretenue et colportée de génération en génération selon laquelle le « Bénin n’est qu’un petit pays pauvre, aux ressources limitées ; un pays essentiellement agricole ? » Rengaine que les divers gouvernements du Dahomey-Bénin depuis 1960 ont ventilé pour faire taire les revendicateurs des travailleurs et des peuples, fuir leur responsabilité et couvrir le pillage de nos ressources par eux et leurs maîtres impérialistes, notamment français. La fonction de conditionnement idéologique d’une telle déclaration est claire : accepter la soumission et la servitude au service de la France « généreuse » qui tend des mains secourables aux populations miséreuses des pays indigents comme le Bénin. Une telle déclaration joue la même fonction idéologique que celle ressassée par les différents gouvernements selon laquelle « le budget béninois est essentiellement fiscal ; nous n’avons aucune ressource minière ».


Le Bénin avec ses dimensions démographiques et territoriales, est assez nanti en ressources naturelles et intellectuelles pour faire vivre et s’épanouir sa population.


Mais pourquoi cela ne fut pas le cas depuis ce temps ?
Les raisons sont fort simples :


1°- Absence, pendant les 60 ans, de volonté politique des différents gouvernements pour la prospection, la recherche et l’exploitation de nos ressources minières et pétrolières. Autrement dit, aucun effort financier national de prospection et d’exploration de notre sous-sol. On attend que l’investisseur privé vienne avec ses sous, prenne le risque d’investir (à ses risques et pertes) dans la recherche et la découverte de ressource minière.


L’exemple palpable est le suivant. Pendant que le Ministre Samou Adambi parle d’effort fait par le gouvernement de la Rupture pour investir dans le secteur minier et pétrolier, pour cette année 2022 en cours, le budget alloué au Ministère des Mines et de l’eau, est seulement de 74 milliards de CFA ; et ces 74 milliards de CFA sont ainsi répartis : 66 milliards pour l’eau ; 6 milliards pour les mines ; 2 milliards pour « soutien aux programmes ». Aucun sou n’est prévu pour les recherches minières et pétrolières comme cela est de règle dans les pays voisins.


2°- Absence de politique d’utilisation rationnelle des cadres formés (d’ailleurs en nombre insuffisant de cadres) pour impulser ce secteur stratégique.


3°- Manque de moyens matériels et financier pour impulser le développement minier, etc.


Tout cela répond à une politique, celle de gérant d’Etat Enclos français caractérisé de « Petit pays pauvre aux ressources limitées » qui devra toujours, pour survivre, recourir aux aides de la France. Telles sont les raisons qui fondent un tel comportement de nos gouvernements béninois.
Enfin toutes ces raisons sont synthétisées dans le diagnostic lumineux établi par «Le Cercle de Concertation des Miniers, Pétroliers et Energéticiens Patriotes » dans leur organe « MPE » N°1 du 31 décembre 2020.


Le diagnostic fait dans cet Organe constitue à n’en pas douter, la formulation du Programme de l’Alliance Pour la Patrie (APP) pour le secteur Mines-Pétrole pour un développement harmonieux de notre Pays. Nous nous faisons un devoir de vous en donner la substance dans le prochain numéro de La Flamme.


Pour le Conseil Sectoriel des Mines, Pétrole et Energie de l’APP


Jérôme O. NOMA

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