Saisie des biens de Sébastien AJAVON
Acharnement contre un concurrent économique ?
Le vendredi 1er juillet 2022, l’Etat béninois a procédé à la saisie des biens de Sébastien AJAVON dans sa résidence à Cotonou. L’opération est exécutée par un groupe d’agents du Trésor public appuyé par une équipe de policiers et d’un contingent militaire. Meubles, matériel informatique, appareils électroménagers, véhicules, etc. ont été saisis. Dans le cadre de cette opération, le journal ‘’la Tempête Info’’ dans sa parution du 02 juillet 2022 écrit : « La saisie a été demandée par l’Etat béninois pour fraude dans le cadre d’un redressement fiscal d’un montant de 169 milliards de francs CFA, soit 258 millions d’Euro de TVA non reversées aux impôts, et le 22 mars 2022 dernier la Cour suprême a ordonné la saisie de la maison de l’opérateur économique qui avait alors un mois pour vendre ses biens et payer son amende qui s’élève à 169 milliards de francs CFA ».
Cette opération a suscité des réactions. Ainsi, dans les heures qui ont suivi l’opération, l’Avocat de Sébastien AJAVON, Me. Marc Bensimon, reçu sur la Radio France Internationale (RFI) le 02 juillet 2022 a déclaré : « Qu’ils savent que tous les biens sont saisis, mais de là à aller chercher des petites cuillères, la table de la cuisine, les fauteuils…c’est parfaitement inadmissible… après c’est malheureusement dans la ligne droite de ce que subit son client depuis 2017. Alors que le Président Patrice Talon a renoué des liens récemment avec l'ex-chef de l'État Boni Yayi, dans ces conditions, un dialogue politique avec son client est pour l'heure, impossible. »
En réplique à la réaction de l’Avocat de Sébastien AJAVON, le Ministre de la Justice Séverin QUENUM déclare : « Il ne s’agit que d’une simple exécution de décision judiciaire, comme il y en a chaque semaine des dizaines ».
De quelle justice parle-t-on au Bénin sous la rupture de Talon ? De quelle décision judicaire parle le Ministre Séverin QUENUM ? Lorsqu’on sait et qu’on vit depuis un moment que cette même justice fait deux poids deux mesures face à des individus qu’elle recherche activement et contre qui elle a décerné un mandat d’arrêt international. Sous le sceau de cette justice, il a été publié que 584 personnes sont recherchées. Parmi ces personnes recherchées par la justice béninoise se trouvent Lionel Zinsou, Bertin Coovi, Pascal Tawes, etc. On a vu curieusement que Lionel Zinsou, poursuivi par la justice a été ramené dans le même avion par Patrice Talon et accueilli le 10 novembre 2022 à l’Aéroport de Cotonou. Avec cette scène le mandat d’arrêt international de la justice béninoise est donc rangé dans les tiroirs et classé sans suite. C’est du pareil au même avec Bertin Coovi et Pascal Tawès qui, bien que recherchés par la Justice, ont été reçus officiellement par le premier magistrat Patrice Talon et circulent librement depuis lors, une fois leur allégeance au pouvoir autocratique obtenue et montrée urbi et orbi. Autrement dit, l’allégeance et l’aplatissement publics au prince régnant de Cotonou vous épargnent des poursuites judiciaires et même en cas de condamnation, effacent, comme après la confession catholique, tous les péchés dont on vous accuse sous le ciel de la Rupture.
Tout le monde sait que TALON et AJAVON sont deux opérateurs économiques qui naturellement usent de leurs accointances avec les pouvoirs publics pour faire prospérer leurs affaires. Ainsi, Talon, homme d’affaires devenu Président de la République use de son pouvoir d’Etat pour agrandir et renforcer son empire économique et financier. Alors, les déboires d’AJAVON n’ont-ils pas pour cause essentielle la concurrence de l’hégémonie économique avec l’homme d’affaires TALON ? Après l’affaire des 18 kg de cocaïne pure, le retour de cette affaire de TVA ne procède-t-il pas d’un acharnement politique contre un concurrent économique ? En effet, qu’on se souvienne que cette affaire de fraude fiscale remonte au temps du régime de l’ancien président Yayi Boni où l’Etat béninois a porté plainte contre Sébastien AJAVON en mars 2013 pour tentative d’escroquerie en TVA, faux et usage de faux. En première instance, l’Etat béninois a essuyé un revers. Non content du verdict du tribunal de première instance, l’Etat béninois a fait appel. Mais sans attendre le procès en appel, les deux parties décident d’un accord et l’Etat béninois retire sa plainte. L’affaire est alors classée sans suite. Mais en mai 2020, l’affaire refait surface sous le pouvoir de Talon, à la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme. La Criet condamne AJAVON pour fraude fiscale. Il s’agit de sa deuxième condamnation après celle de trafic de drogue en août 2018.
L’avocat d’AJAVON, Me. Bensimon, évoque le renouement des liens récemment de Talon avec des adversaires politiques de sa classe, notamment avec Boni Yayi, et avance que dans « ces conditions (de saisie des biens), un dialogue politique avec son client (AJAVON) est pour l’heure, impossible ». Ne doit-on pas se demander alors si c’est parce que AJAVON n’aurait pas accepté le deal qu’aurait conclu Talon avec ses adversaires de classe que le pouvoir renforce son acharnement contre lui ?
Afi Tossou