POINT DE PRESSE DE L’UNAPEEB


Cotonou le 15 septembre 2022


Bonsoir Mesdames et Messieurs les journalistes

Mesdames et messieurs les responsables de l’UNAPEEB à divers niveaux, ici présents, bonsoir
Merci d’être venus au point de presse que donne l’UNAPEEB, ce jour, jeudi 15 septembre, à cette veille de la rentrée académique 2022-2023.


Il s’agit de voir ensemble avec vous, comment tout le peuple béninois vit cette veille de la rentrée scolaire 2022-2023.

UNE RENTREE SCOLAIRE AU BENIN VECUE COMME UN CAUCHEMAR


Que l’Ecole au Bénin soit en ruine avant l’avènement du pouvoir de la Rupture, en 2016, est une vérité de La Palice. Maintenant, aujourd’hui, où en sommes-nous ?



ETAT DES LIEUX AUJOURD’HUI


C’est d’abord les réformes du système d’enseignement sous la Rupture


Dans l’Emission rupture An 4, le peuple béninois a eu droit à un bilan élogieux des réformes opérées sans référence à des lois et autres textes d’orientation du système éducatif. Des ministres ayant en charge l’enseignement et des conseillers techniques se sont succédé pour nous dire :
« De 07 universités publiques et 22 centres universitaires, le Bénin est passé à 04 universités publiques dont deux pluri-disciplinaires (l’Université d’Abomey-Calavi et celle de Parakou) et deux autres thématiques (l’Université des Sciences, des technologies, d’ingénierie et de Mathématiques d’Abomey et l’Université nationale d’Agriculture de Porto-Novo)….


L’Agence pour la Construction des Infrastructures du Secteur de l’Education (ACISE) ……
Education de base obligatoire de 10 ans ; Le Bepc et la moyenne de classe : Le visa pour le 2nd cycle. ….
La question des déscolarisés ; la suppression des Npe (Nouveaux programmes d’études)


La restructuration du Cne (Conseil National de l’Education) ; la création de la Ciis (Cité internationale de l’innovation et du savoir) ; création de l’Abri … (encore une agence qui) «a pour mission la conception, la coordination, le suivi de la politique de l’Etat en matière de recherche scientifique et de l’innovation.) »
Et pourtant le système d’enseignement se porte mal au Bénin


Le manque d’infrastructures dans les écoles, collèges et universités reste toujours un problème posé à résoudre malgré l’existence de « L’Agence pour la Construction des Infrastructures du Secteur de l’Education (ACISE) ». Le système de classes volantes ou de roulement, au cours secondaire, ou de mutualisation des amphithéâtres dans les universités est toujours pratiqué.


Au CEG : SEME-PODJI : nombre de salles de classes : 97 ; équipées : 48 ; classes volantes : 49 ;; au CEG VAKON : nombre de salles de classes : 44 ; équipées : 38 ; classes volantes : 13 ; au CEG TANKPE : nombre de salles de classes : 54 ; équipées : 30 ; classes volantes : 24.
Le manque d’enseignants qualifiés à tous les niveaux d’enseignement plombe l’Ecole au Bénin.


Pour faire face au manque criard d’enseignants, le gouvernement fait recours à une catégorie spéciale d’enseignants appelés ‘’Aspirants au Métier d’Enseignant’’ (AME), non motivés à la tâche, astreints à exécuter 28 à 30 heures par semaine au secondaire, au lieu de 18 heures pour les titulaires du CAPES et 20 heures pour ceux qui ont le BAPES. Ils ont des classes pléthoriques de 60 à 70 élèves, voire plus, certains parmi eux sont obligés d’intervenir dans 6, 7 voire 8 classes avant d’atteindre le quota horaire. Au cours primaire on dénombre des classes de 80, 85 jusqu’à 90 écoliers. Ils sont sous-payés et neuf (09) mois sur les douze. Ils constituent plus de 80 pour cent du personnel enseignant au secondaire. Ils n’ont pas le droit de réclamer de bonnes conditions de vie et de travail. L’année scolaire dernière, la grève des AME a été réprimée et 174 parmi eux ont été radiés.
Et pourtant, en décembre 2019, au détour d'une audition par des commissions de discipline rapidement montées, 305 enseignants ont été radiés de la fonction publique par des décisions : n°0483/MEMP/DC/ SGM/ CTJ/DAF/SRHDS/DADCDS/SP du 24 décembre 2019 portant rupture de contrat de travail administratif par le MEMP et n°621/MESTFP/DC/SGM/DAF/SA du 24 décembre 2019 portant rupture de contrat de travail administratif par le MESTFP. Et tout cela en violation des textes en vigueur en la matière.


Quant aux effectifs dans les amphithéâtres, dans les universités, on parle de la ‘’chine populaire’’. L’année dernière, en première année de médecine, on a compté 200 étudiants, à Cotonou et 400, à Parakou contre les 45 étudiants des années 80. Et c’est tout à fait normal que les résultats s’en ressentent.
Et tout cela pour décrocher des diplômes qui conduisent tout droit au chômage !

Les résultats aux différents examens de fin d’année
Oui les examens ! Les résultats de fin d’année aux examens sont connus :
Au C E P : Selon les statistiques rendues publiques par le DEC, il ressort sur le plan national, un taux de réussite de 81,90 %. Il est en légère baisse par rapport à celui de l'année 2021 qui était de 82,67%.


Au BEPC : Contrairement au taux de la session de 2021 qui s’établissait à 60,50%, la session unique de juin 2022 a donné 66,46% au plan national. Un candidat sur trois a échoué.

Au Baccalauréat : 59% de taux de réussite au BAC 2022 sur le plan national. Ce taux est en baisse par rapport à celui de l’année dernière qui s’établissait à 64,42%.


Au total, au baccalauréat, cette année, plus de 40% d’élèves et de parents (2 élèves sur 5) ont connu comme une année blanche.
Dans les premières années de médecine, la réussite est de 30 à 35%. Malgré tout cela, il faut préparer une nouvelle rentrée académique 2022-2023 !
La rentrée académique 2022-2023


Tout coûte cher. Tous les parents d’élèves et d’étudiants s’en plaignent, des parents des candidats admis au bac. aussi. Ecoutez l’un d’entre eux : « c’est pour la première fois que j’ai un bachelier. Notre joie a été de courte durée, car aussitôt le succès connu, on a parlé d’orientation, puis d’inscription en ligne pour la filière de formation universitaire. Après ces petits sous, c’est maintenant de gros sous qu’il s’agit : il faut apprêter 450 000 FCFA, pour la scolarité, louer une chambre, à Cotonou, Parakou ou ailleurs, seul ou en groupe de deux ou trois, lui assurer le manger, le déplacement et l’habillement etc. Je ne sais pas où donner de la tête. Je suis un artisan avec un peu de moyens ! Mais ce n’est pas facile. C’est un véritable casse-tête ! J’avoue que les enfants d’ouvriers-paysans ou d’autres artisans aux ressources limitées sont de fait exclus de telles formations universitaires. »


Depuis plus d’une semaine beaucoup de parents d’élèves font des va et vient entre les étalages de vente de fournitures scolaires et leur maison sans résolution des problèmes qui se posent à eux.
Tenez comparativement à l’année dernière !


Le tissu kaki pour la confection de tenue de classe est à : 1500 FCFA, le pantalon au lieu de 1000 à 1100 FCFA, la rentrée dernière ; soit une augmentation de 50% ;
le paquet de cahiers de 100 pages = 1400 à 1500 FCFA au lieu de 1000 à 1100 FCFA, l’année dernière ; soit 50% de plus ;
le cahier de T P, petit format de 100 pages = 500 FCFA au lieu de 400 FCFA, l’année dernière ;
le cahier de T P, grand format de 100 pages = 900 à 1000 FCFA au lieu de 750 à 800 FCFA, l’année passée ; soit une augmentation de 25% ;
le stylo à bille Shneider = 125 FCFA au lieu de 100 FCFA, il y a un an ; ce qui fait 25% d’augmentation ; etc.


Quant aux cahiers et manuels d’activités, désormais vendus aux apprenants du primaire ainsi que les manuels des élèves du secondaire, les parents disent qu’ils ont ajourné « mis en berne » leur achat pour le moment, pour reprendre les termes de l’un des parents. S’agissant des contributions scolaires les parents des élèves qui rentrent en 6ème ou en 2nde ne savent pas où donner de la tête puisqu’il faut payer ces contributions dès le 19 septembre 2022 prochain.


Mesdames et Messieurs les journalistes,


Constatons ensemble que l’Ecole au Bénin, aujourd’hui, est détruite et qu’il faut que tout citoyen s’en préoccupe.


Voilà pourquoi l’UNAPEEB demande à tous les parents d’élèves et d’étudiants d’user de toutes les voies et de tous les moyens dont ils disposent pour convaincre le Président de la République et son gouvernement à agir prioritairement sur l’Ecole, la redresser, la reconstruire, la sauver.

En urgence, face à tout ce que nous venons de décrire, et en ce moment de la cherté de la vie généralisée, nous venons humblement recommander au gouvernement de :


doter les écoles, collèges et universités d’infrastructures, de mobiliers adéquats, de laboratoires et de matériels didactiques ;
améliorer le contrat des AME pour leur garantir 12 mois de salaire par an avec des quotas horaires de 18 ou 20 heures par semaine selon le corps d’enseignant ;


rétablir dans leur droit les 305 enseignants qualifiés radiés le 24 décembre 2019 ;
subventionner les fournitures scolaires ;


rétablir la mise à disposition des écoles primaires, à titre gratuit, des cahiers et manuels d’activités ; et enfin,
prendre en charge les contributions scolaires pour renforcer la gratuité de l’Ecole au Bénin.


Car, sans école point de développement d’un pays !

Je vous remercie


Pour le Bureau National,


Le Président,


Paul Kakpovi KOUDOUKPO

 

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