COMMEMORATION DU 42ème ANNIVERSAIRE DE LA CREATION DU PARTI COMMUNISTE DU BENIN
APPEL AX TRAVAILLEURS, A LA JEUNESSE ET AU PEUPLE
Travailleurs, Jeunes, Peuple du Bénin,
Il y a 42 ans, le 31 décembre 1977, a été proclamée la naissance du Parti Communiste du Dahomey, créé sous la direction de Pascal FANTODJI. C’était dans la nuit noire d’une dictature autocratique, celle de Mathieu KEREKOU, instaurée après la répression sanglante des insurrections populaires à Cotonou et Abomey. Aucun journal, aucune organisation, aucun parti politique, aucune manifestation en dehors du parti autocratique, le PRPB n’était autorisé et les auteurs de ces actions risquaient la prison, les tortures ou la mort. Seuls étaient libres l’autocrate, sa cour et sa basse-cour et pouvaient assommer le peuple bâillonné et enchainé par des discours de mensonges, falsificateurs et négateurs de la réalité. Ainsi, l’autocrate, ses dignitaires, seuls maitres de la presse à eux soumise, ajoutaient à la torture physique du peuple, la torture morale.
Dans cette ambiance de terreur, la proclamation de la naissance du Parti Communiste qui appelait à la lutte et à l’organisation pour renverser le pouvoir autocratique, apparaissait à certains comme de l’utopie, à d’autres, de l’aventurisme, pendant qu’elle apportait à la jeunesse et aux travailleurs combattants, l’espoir d’un éclairage et d’une direction ferme et conséquente de leurs luttes. Le courage et l’esprit d’abnégation des communistes dans la mise en œuvre d’une tactique basée sur les revendications et les aspirations des masses populaires, pour le pain et la liberté, ont permis à ces dernières de secouer et de détruire toutes les bases de l’autocratie et de la renverser dans des actes insurrectionnels.
En 1989, la dictature autocratique de Mathieu KEREKOU sera renversée. Mais l’impérialisme français pour sauver son « Enclos français » qu’est le Bénin et sauver le dictateur, va rassembler tous ceux qui avaient dirigé et ruiné le pays depuis 1960 pour instaurer le régime du Renouveau démocratique sur la base de l’impunité des tortionnaires et des bourreaux du peuple ainsi que des pilleurs de l’économie nationale. Le Parti Communiste, seul contre tous, eut le courage de dire que la Conférence nationale, convoquée et dirigée par l’autocrate KEREKOU, était un marché de dupes.
Et effectivement, si les libertés conquises tout au long des luttes ont été formellement admises, la Conférence nationale a instauré un régime d’impunité. Aucune sanction contre les tortionnaires et pilleurs de l’économie. « Vole autant que tu peux, tu es protégé ». Au contraire, ils ont été promus, pendant que les victimes, les communistes étaient pourchassés. Pire, le nouveau régime instauré, le Renouveau démocratique a rejeté et combattu tout contrôle de l’élu par les électeurs, du gestionnaire de la chose publique par les travailleurs et les citoyens. Les droits formellement admis n’étaient pas garantis, puisqu’aucune sanction n’est prévue contre les violateurs.
Pire, depuis 1990, les pouvoirs du régime du Renouveau démocratique se sont évertués à combattre et à détruire systématiquement les valeurs de courage, d’abnégation et de patriotisme qui ont permis de vaincre l’autocratie. Les communistes et leur parti, au lieu d’être décorés, ont été au contraire pourchassés, calomniés, pour que se développent et fleurissent au sommet de l’Etat et de ses institutions le mensonge, la corruption, l’anti-patriotisme. Les élections n’étaient que des opérations où les possesseurs d’argent volé au peuple achetaient les postes par le contrôle des structures chargées de l’organisation des scrutins. La régression a balisé la voie ; ce qui a favorisé la montée au pouvoir de l’un des plus grands racketteurs du patrimoine national, Patrice Talon qui instaure une nouvelle autocratie.
Le nouvel autocrate a confisqué une à une toutes les libertés formelles conquises, bâillonné la presse, soumis toutes les institutions de l’Etat, poussé tous les partis insoumis à l’illégalité, installé son parti unique à plusieurs fourches pour finalement forger une Constitution à sa volonté. Alors, étant seul à parler sans contradicteurs autorisés, Patrice Talon peut déverser à longueur d’antenne et de podiums, des discours mensongers qui ajoutent à la torture physique, la torture morale. On peut, comme dans le dernier discours à la Nation dire que « les conditions des enseignants se sont considérablement améliorées,…que notre pays a résorbé le déficit d’enseignants dans le primaire.. » alors qu’il suffit d’aller au complexe scolaire Gbégamey-Sud ou celui Finagnon à Akpakpa à Cotonou pour constater après un trimestre, des classes sans maitre. Ne parlons pas du cours secondaire où les cris des élèves et de leurs parents dénoncent le manque criard de professeurs ; ce qui fait que de milliers d’élèves n’ont pas composé après un trimestre dans telle ou telle matière faute d’enseignant pendant tout le trimestre. Les conditions des enseignants « sont améliorées » clame Talon, pendant qu’est lancé par la Présidence de la République, l’avis de manifestation d’intérêt pour faire du maitre d’école et du professeur du collège un intérimaire à vie, sans droit acquis ni avancement, à la sous-traitance par de sociétés d’intérim privés choisis par la Présidence.
Talon dans son discours répète que l’être humain est le premier facteur de développement. Mais justement, c’est cet être humain, le producteur, qui est enchainé, bâillonné, affamé, humilié par son pouvoir. Le salarié est réduit à l’état d’esclave avec des contrats à durée déterminé à vie, sans pratiquement le droit de grève, à la merci de l’employeur qui peut le licencier sans préavis avec une indemnité de misère. L’artisan, le paysan, le vendeur des marchés sont accablés de taxes, sans aucune garantie d’aide à la promotion de leur affaire. Les employeurs mêmes qui ne sont pas sous la protection de Talon et son groupe, sont pourchassés et la liberté d’entreprendre est réduite. L’entrepreneur aujourd’hui au Bénin étouffe et a peur de réussir.
TALON, sur la base de statistiques à polémique, laisse entendre que la faim a reculé. On peut fabriquer et faire dire aux chiffres tout et son contraire. Mais, dans le cas d’espèce, il suffit d’observer l’ambiance actuelle des fêtes de fin d’année, de faire un tour dans les hôpitaux pour voir les ravages de la faim et de la misère aggravées sur les hommes au Bénin.
TALON proclame que l’heure du développement a sonné en indiquant les performances des projets d’infrastructures ou dans les domaines agricoles, notamment le coton. Mais c’est ce qui a été toujours fait au Bénin, et ce, dans le cadre du pacte colonial. Ce qu‘il y a de pire sous l’autocratie, c’est qu’on a renoué avec l’opacité totale dans la gestion du bien public. Le kilomètre d’asphaltage peut coûter jusqu’à plus de deux milliards de francs comme à Lokossa par exemple. Dans une telle opacité, où l’on ne connait même pas le salaire d’un ministre, proclamer « l’assainissement de la gestion des finances publiques et que l’impunité est en recul » sonne faux. Comme par le passé, on poursuit les petits et ceux en dehors du système autocratique. Mais la cour et la basse-cour sont protégées : les auteurs des surfacturations au ministère du cadre de vie, ceux du scandale au ministère des finances avec des milliards évaporés à la Direction générale des impôts sont toujours libres.
Les discours mensongers servent à délégitimer les cris de ceux qui souffrent et se plaignent. Ils servent à intimider, à empêcher les affamés de crier leur faim, les opprimés de dénoncer les oppresseurs. Ils servent à justifier la répression.
C’est une forme de torture des autocrates qui se moquent de leurs victimes. C’est une pratique connue, éculée et qui n’a jamais de prise durable sur la vie réelle du peuple affamé et assoiffé de libertés.
C’est pourquoi, le Parti Communiste du Bénin, à ce jour du 42ème anniversaire de sa fondation, appelle le peuple à poursuivre ses luttes pour le patriotisme, le pain, les libertés et pour une autre gouvernance. Le Parti Communiste du Bénin est débout, inébranlable, vivace et coriace. Né dans la tempête d’une autocratie barbare, il a affronté et surmonté tous les complots. La force brutale de la dictature autocratique de Mathieu KEREKOU n’a pu le vaincre, celle de la corruption des pouvoirs du Renouveau ne l’a pas contaminé. Le Parti Communiste fait face aux deux forces combinées par le pouvoir autocratique de la ruse et de la rage. Avec le PCB, le peuple vaincra, à coup sûr, la nouvelle autocratie et instaurera un autre pouvoir, un pouvoir patriotique et de probité.
C’est avec cette conviction en la victoire du peuple sur l’autocratie que le Parti Communiste du Bénin adresse aux travailleurs de toutes catégories, ouvriers, employés, fonctionnaires, artisans, paysans, à la jeunesse, aux démocrates et patriotes tant de l’intérieur que de la diaspora ses meilleurs vœux de courage, de détermination sans faille dans la lutte pour la dignité recouvrée de l’homme et de notre patrie.
A bas l’autocratie !
En avant pour le pouvoir au peuple !
Cotonou, le 31 décembre 2019
Le Parti Communiste du Bénin