DECLARATION
Et le gouvernement de la Rupture prit des mesures sociales pour victimes de COVID.19
Enfin ! Doit-on dire, cela était demandé. Le Gouvernement de Patrice Talon vient de prendre en Conseil des Ministres de ce mercredi 10 Juin 2020, des « Mesures d’atténuation des effets socio-économiques de la pandémie de COVID.19 » Evaluées à 74,12 milliards de CFA, ces mesures sociales sont déclinées « en trois grands points » : 1°- « Un soutien d’un montant de 63,38 milliards de FCFA au profit des entreprises ; 2°- Un appui de 4,98 milliards de FCFA destinés aux artisans et ceux exerçant de petits métiers ; 3°- Une subvention de portée générale qui s’applique à tous les citoyens sur les tarifs de l’électricité et de l’eau pour un montant total de 5,76 milliards de FCFA. A tout ceci s’ajoutera une subvention particulière au profit des pauvres et extrêmes pauvres dès la fin de l’opération de leur identification qui est en cours » Oui enfin doit-on répéter !
1° Le peuple béninois était haletant, mourant de faim, face aux mesures assassines prises par le Régime de Talon et ce sans compensation. Pendant que tous les Pays aux alentours recourent à des aides sociales de toutes sortes.
Tous les pays dignes de ce nom ont pris tout un train de mesures.
La première consiste à lancer le financement de projets de recherche en vue de découvrir des remèdes face au CORONAVIRUS. Le pays voisin, le Togo a ainsi débloqué immédiatement cent millions à l’Université de Lomé en vue de la recherche du remède anti-COVID.19.
La deuxième est la prise de budget de riposte pour faire face aux conséquences sanitaires sociales et économiques. Le Niger a annoncé un budget de 595 milliards, le Sénégal, 1000 milliards.
La troisième est l’appel et l’organisation de la solidarité immédiate au profit des couches les plus vulnérables ;
La quatrième a consisté en des apports personnels des dirigeants en réponse à l’appel à la solidarité. Le Président ghanéen a offert trois mois de salaires, le président Burkinabè, six mois, etc.
Seul le Bénin de la Rupture où l’on nous chante des performances économiques hors du commun et "jamais vues depuis 1960", seul le Bénin de la Rupture n’avait pas de moyens d’atténuation. Dans l’interview radiotélévisée donnée par Patrice Talon le 29 mars 2020, aucune mesure d’atténuation des graves contraintes imposées aux populations par le cordon sanitaire, par la fermeture des bars, discothèques, restaurants, par l’interdiction de circulation des bus et minibus, par la distanciation physique dans les taxis, par la suspension des cérémonies.
Notre Parti, le PCB, par la voix de son Premier Secrétaire Philippe NOUDJENOUME, a, par deux fois (les 23 et 30 mars 2020) interpellé le Chef de l’Etat par des propositions pour la survie des hommes. Mais rien, contrairement à ce qui s’observe dans tous les pays et autour de nous. Le mépris de la vie des hommes du peuple ne pouvait être plus manifeste. Depuis près de trois mois, des millions de personnes dans un pays où la moitié de la population survit avec moins de 2 dollars par jour, ont été du jour au lendemain jetées dans la misère noire, confrontées à la famine voire la mort.
Et pendant ce temps, le gouvernement, sans un budget préalable annoncé, sollicite et obtient de toutes parts, des aides des organismes internationaux et des pays étrangers. Le 28 avril 2020, la Banque mondiale a approuvé un financement additionnel de 10,4 millions de dollars portant à 40 millions de dollars (soit 23 milliards de francs cfa) le montant total alloué par la Banque mondiale au gouvernement du Bénin pour faire face aux mesures d’urgence de Covid-19. Plus tôt, le 15 avril 2020, la Banque Islamique de Développement (BID) a annoncé le soutien de 20 millions de dollars (11,5 milliards de francs cfa) pour aider le gouvernement béninois à faire face aux défis de la pandémie. Et en ce début de juin, il est annoncé que le Fmi accorde 103 millions de dollars (soit 59 milliards de francs cfa) pour aider le gouvernement du Bénin dans la lutte contre la covid-19. Soit au total plus de 90 milliards de francs cfa.
N’oublions pas les mesures de moratoire sur la dette extérieure prises par le G20 et dont le montant dans le budget 2020 équivaut à 71 milliards dont 41 milliards pour la dette multilatérale. Sans parler de la BCEAO qui a annoncé des mesures de soutien du système bancaire pour la facilitation des crédits au profit des entreprises dont notamment le report d’échéances dans toute la zone, donc pour le Bénin.
C’est donc après avoir engrangé tous ces fonds sans avoir prévu ni annoncé un budget que le gouvernement de Talon se décide à annoncer des mesures d’atténuation des effets socio-économiques de la pandémie de la covid-19.
Enfin ! disons-nous. Mais regardons lesdites mesures. Sur les 74,12 milliards, 63,38 milliards vont aux entreprises soit plus de 85,5% du montant total ; 4,98 milliards soit 6,6% aux artisans et ceux exerçant de petits métiers et le reste, une subvention de portée générale qui s’applique à tous les citoyens sur les tarifs de l’électricité et de l’eau pour un montant total de 5,76 milliards de CFA soit 7,7%.
Si l’on sait que le plus gros propriétaire des entreprises au Bénin, c’est le Président Talon et le clan autour de lui, c’est à ce dernier que revient enfin de compte la plus grande partie du soutien. Tout le monde sait, et toutes les études le confirment, que l’activité au Bénin est informelle à plus de 80 %. Mais à ces artisans et personnes exerçant de petits métiers, Talon ne réserve que 6,6%. Et si l’on s’en tient à l’effectif recensé et annoncé par le communiqué du Conseil des ministres, à savoir 55.000, il ne reviendrait à chacun d’entre eux pour ces mois sans activité ou en sous-activité que 90.000 franc cfa, moins de 1500 franc cfa par jour pour eux et leurs familles.
Pour la grande masse, les pauvres et les extrêmes pauvres qui vivent dans l’urgence et que la faim et la maladie tenaillent tous les jours, on verra plus tard, dit le gouvernement de Talon, lorsque la bureaucratie aura achevé à grand frais, son opération d’identification. Serrez toujours la ceinture pendant que le grand entrepreneur s’indemnise et que les dignitaires du pouvoir de la Rupture continuent de s’engraisser de salaires et rémunérations de rapine.
La grande majorité du peuple est toujours laissée pour compte et doit payer les tarifs de transports qui ont doublé sur toutes les lignes, acheter plus cher les produits de première nécessité dont les prix ont flambé.
Les mesures annoncées enfin par le gouvernement de Talon apparaissent ainsi sous leur vrai jour : satisfaire les plus gros profiteurs du régime, saupoudrer avec des miettes quelques éléments du peuple affamé afin de justifier auprès des organismes prêteurs, FMI, Banque mondiale, BID, les dettes contractées sur l’avenir de la jeunesse et du peuple.
Cotonou, le 11 juin 2020
Le Parti Communiste du Bénin
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