YAYI BONI FAIT SA PROCLAMATION DE LA NOUVELLE AUTOCRATIE
Ca y est ! YAYI Boni dans tous ses états ! Il peste ; il fulmine tel Jupiter du haut des monts Olympe. Assez «la démocratie nescafé, synonyme de désordre et d’anarchie… Demander au Chef suprême des armées qu’est le président que je suis de présenter des excuses publiques. Où est le respect des institutions ? Mais ils sont gonflés. Je suis l’élu légitime du pays …Si je dis que vous n’êtes pas performants, à vous de venir me voir. Notre cher papa ou M. le Président, franchement parlant depuis un certain temps, vous avez dit ceci, vous avez dit cela, voici comment les choses se passent. Calmement… Celui qui fait la grève sera radié purement et simplement de la fonction publique et rien ne se passera dans le pays. Celui qui oppose la violence recevra la violence. Il n’y a rien à faire» ; etc. Et comme un criminel surpris par la clameur populaire, il tente maladroitement de se justifier des élections calamiteuses au bout desquelles il est proclamé vainqueur. Mais tel n’est plus le débat.
Voilà YAYI Boni tel qu’il est en réalité ! C’est ce que révèle son bavardage ; l’admirateur de Ben ALI et d’Eyadema Père ainsi déclaré dès ses premières prises de parole en tant que Chef d’Etat élu en 2006 ; aujourd’hui à défaut de ces deux désormais vomis par les peuples, c’est Abdou DIOUF, son idole qui a radié 10.000 policiers «Et rien ne s’est passé» ! C’est cela la «Refondation» c’est-à-dire l’autocratie telle que le veulent ses mentors Kérékou et Tévoédjrè. En effet, à l’entendre, on croit entendre Kérékou déclarer à la veille des mouvements de protestations de 1985 et 1989 : «Je marcherai sur des cadavres» et d’ordonner de «tirer à vue sur tout manifestant». C’est Kérékou qui a radié effectivement, aux premiers mouvements populaires, 400 enseignants en janvier 1989 et qu’il a dû rétablir dès le mois d’avril 1989 sous le rouleau compresseur du mouvement populaire ! Et comme en 1985, comme en 1989, YAYI Boni qui a pris en mains pratiquement toutes les presses (tant écrit qu’audio-visuel) ne manque pas de zélateurs plumitifs payés à un franc pour lui faire de la pub ! La télévision Canal-3 de Issa Salifou dit Saley remplace «La Voix de la Révolution» du PRPB et les canards tels que «Fraternité» et «Le Matinal» et d’autres remplacent «Ehuzu» de triste mémoire. Cela, c’est pour les précédents ; c’est pour l’histoire qui inspire le nouvel autocrate.
Voyons un peu quelques points de ce galimatias fasciste. Deux éléments essentiels apparaissent dans toutes ses déclarations : un tissu de mensonges, et proclamation de foi d’un pouvoir personnel et autocratique
I- Faussetés et intimidations
Première fausseté : Parlant des grèves, YAYI Boni n’évoque jamais les causes qui conduisent les travailleurs à la grève. De la part d’un Chef d’Etat, ce n’est pas éthique. Or, à la base de tout mouvement protestataire notamment des douaniers, il y a les provocations du pouvoir lui-même. Exposer comme il l’a fait tout un corps à la vindicte populaire avec les attaques que cela entraine contre les agents de la douane : pas moins de trois attaques en un mois (des douaniers molestés, les uniformes déchirés) ! Quel objectif le Premier Magistrat de ce pays veut atteindre si ce n’est la liquidation de la douane en tant que service public pour la livrer au privé ?
Deuxième fausseté : Selon les déclarations de YAYI Boni, les Conventions de l’OIT excluent du droit de grève les «douaniers». Nous ne savons à quelle source se réfèrent TAMEGNON et son patron YAYI Boni pour faire de telles affirmations. En tous cas les Conventions 87, 98, 135 et 151 de l’OIT ne vont pas dans ce sens. L’article 09 de la Convention (87) concernant la liberté syndicale et la protection du droit syndical dit ceci « La mesure dans laquelle les garanties prévues par la présente Convention s’appliqueront aux forces armées et à la police sera déterminée par la législation nationale ». Conformément aux principes établis par le paragraphe 8 de l’article 19 de la Constitution de l’Organisation Internationale du Travail la ratification de cette Convention par un membre ne devra pas être considérée comme affectant toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord déjà existants qui accordent aux membres des forces armées et de la police des garanties prévues par la présente Convention». Ici la Convention parle des forces armées et de la police. On ne parle pas de douane ni de «corps assimilés ». Or, depuis 1960, «toute loi, toute sentence, toute coutume ou tout accord déjà existants» ont toujours reconnu le droit de grève aux douaniers.
Cette stipulation a été reprise dans la «Convention (98) concernant l’application des principes du droit d’organisation et de négociation collective» en son article 05 ainsi que dans la Convention (151) concernant les agents de la fonction publique en son article 01. Ensuite les stipulations d’une Convention Internationale de l’OIT ne sont pas supérieures aux dispositions formelles d’une Constitution et la nôtre en son Article 31 sur le droit de grève est claire et précise. Car même ratifié, le traité n’est supérieur qu’à une loi et non à la Constitution (article 147 de la Constitution)
Troisième fausseté : Il est faux de dire que les douaniers ne font que «grève, grève, grève». Ceux-ci, compte tenu du caractère sensible de leur secteur, vont rarement en grève même pendant la période du mouvement prolongé des autres régies financières qui a duré pendant huit mois. Les douaniers ne vont souvent en grève que lorsque des voies de fait sont réalisés à leur encontre. En opérant l’amalgame avec les autres travailleurs du ministère des finances, YAYI Boni en fait révèle quelque chose : c’est la mise sous index de tout le Ministère des finances et l’interdiction générale de la grève à tous les agents des régies financières.
Quatrième fausseté : C’est toutes les affirmations concernant l’affaire DANGNIVO (avec le monstrueux montage de Womey), déclarations qui démontrent encore que les auteurs de la disparition de DANGNIVO se trouvent du côté de la Présidence de la République.
II-Affirmation d’un pouvoir patrimonial et autocratique.
Tout le langage de YAYI Boni l’atteste : «Demander au Chef suprême des armées qu’est le Président que je suis de présenter des excuses publiques. Où est le respect des institutions ? Mais ils sont gonflés. Je suis l’élu légitime du pays». En d’autres termes, vous m’avez élu, je peux faire de vous ce que bon me semble ! C’est justement parce qu’il est «l’élu» du pays que lorsqu’il pose un acte de nature à désorganiser tout un corps d’Etat, comme la douane, qu’il a l’obligation, dans le respect de ce peuple et de sa fonction de Président, de présenter des excuses. Seule une conception patrimoniale de l’Etat peut faire penser et déclarer le contraire. C’est par respect à ce peuple qui l’a «élu» qu’il a l’obligation de traiter les agents de la douane comme tous les autres agents publics en citoyens avec des droits et obligations et non comme «ses enfants» et même ses «petits-fils» qui doivent aller le voir et lui dire «Notre cher papa».
Enfin YAYI Boni l’a promis lors de sa campagne électorale et sa prestation de serment : la « Refondation » c’est la mise au rancart des libertés démocratiques conquises de hautes luttes par les travailleurs et les peuples. Ce n’est pas seulement le droit de grève qui est en cause. C’est aussi toutes les autres libertés. Liberté d’expression : «Il y en a qui vont à la télévision et m’attaquent. Ils n’ont même pas l’âge de mes enfants» ; la liberté de presse : YAYI Boni a déjà muselé toutes les presses y compris celle du secteur public comme l’ORTB, produit de tout le corps social ; liberté de manifestation : « Je mets en garde quiconque va prendre la rue pour faire du désordre. Je dis bien quiconque. On ne peut pas continuer comme çà».
Au total, YAYI Boni inaugure une nouvelle autocratie. Celle qui rappelle la période noire de l’autocratie de Kérékou-PRPB (1977-1989) avec la fameuse Loi Fondamentale. L’objectif de cette nouvelle autocratie, c’est instaurer un silence de cimetière propice à tous les crimes économiques et politiques, empêcher les citoyens et les travailleurs de se prononcer sur les graves atteintes aux libertés si chèrement conquises, les graves destructions du patrimoine national mettant en danger la vie de milliers de citoyens et même de millions de personnes. Car en définitive la question essentielle autour de laquelle gravite la question de liberté, c’est celle de la gestion des affaires du pays. YAYI Boni, l’homme des plus graves crimes économiques que notre pays ait connus depuis 1960 veut un Etat libre, c’est-à-dire un Etat qui ne puisse subir un quelconque contrôle du peuple.
Le PCB qui lutte pour la levée des entraves néocoloniales et autocratiques au développement du pays, condamne énergiquement la fuite en avant despotique de Boni YAYI. Il réaffirme son soutien total aux douaniers en grève. Il appelle tous les démocrates et leurs organisations à dénoncer et à barrer la route au dictateur qui veut instaurer le silence afin de gérer comme bon lui semble les ressources du pays.
Cotonou le 30 septembre 2011
Le Parti Communiste du Bénin