Cotonou, le 29 avril 2011
Le Secrétaire Général
de la CSTB
A
Monsieur le Ministre du Travail et
de la Fonction Publique
COTONOU
Objet : Plate forme revendicative
Monsieur le Ministre,
Chaque année les travailleurs sacrifient à la tradition de vous présenter nos cahiers de revendications ce qui vous permet de régler vos comptes avec des institutions internationales montrant que vous pratiquez la démocratie.
Or tout ceci n’est que folklorique. Après cette cérémonie vous ne vous occupez plus de nos préoccupations si nous ne nous mettons pas en luttes.Pire la plupart du temps vous nous laissez souvent en grève des mois durant sans vous soucier de nous, tentant de retourner les populations contre nous. Les exemples sont légions : cas des grèves dans le secteur de la santé – cas des grèves dans le secteur financier – cas des grèves des enseignants.
Il nous faut une détermination, il nous faut de la ténacité avant d’obtenir un minimum.
Monsieur le Ministre !
Le gouvernement du Dr Yayi BONI est passé maître dans l’art du mépris des travailleurs se faisant passer pour le seul détenteur de tous les pouvoirs, violant allègrement la constitution et volant de dérives en dérives, d’escalades en escalades, installant ainsi les bases d’une nouvelle autocratie dans notre pays.
Monsieur le Ministre !
De mémoire d’hommes, nous n’avons jamais assisté à cette escalade qui a consisté le 12 novembre 2010 de fermer la bourse du travail, de la faire occuper par des voitures à jet d’eau de l’entourer de charres d’assaut et de la gendarmer la plaçant sous état du siège.
En ce jour de commémoration de la fête du 1er mai, les travailleurs salariés par ma voix vous disent que la bourse du travail est un sanctuaire, qu’il n’est permis à aucun gouvernement de la violer. La violation des franchises de la bourse du travail est un crime inadmissible, une atteinte grave au droits de l’homme et du travail, droit non négociable et nous vous disons ici : plus jamais ça
Monsieur le Ministre
Sur un autre registre plus simple, nous voulons vous faire remarquer que votre lettre d’invitation porte à titre d’objet : “invitation à la cérémonie de réception des cahiers de doléances“.
Nous réprouvons le terme doléances car si même il est admis généralement que nous avons des rapports de partenariat, nous ne saurons vous présenter des doléances. Le terme doléance à valeur de faveur. Nous ne vous demandons aucune faveur. Nous n’exigeons que la satisfaction des revendications dont vous nous privez pour continuer soit de nous exploiter soit de profiter de votre privilège en tant que pouvoir public pour nous diminuer moralement.
A plusieurs reprises nous avions fait remarquer que nous revendiquons nos droits, nous ne les sollicitons pas et le caractère d’exigence fait que vous devez vous référer aux textes internationaux, au textes de la république, que vous ne cessez d’ailleurs de violer et au bon sens pour les satisfaire. Donc nous revendiquons.
Enfin Monsieur le Ministre le contexte tout particulier des dernières négociations nous a fait révéler le caractère dépendant de la politique économique et sociale de notre pays, disons notre politique nationale tout court. Sinon comment se prévaloir de critères de convergence de ratio Masse salariale sur recettes fiscales devant rester à 35 % pour se refuser de satisfaire nos besoins pourtant jugés par vous de légitime et d’indispensables. En sorte nous nous sommes rendu compte que notre pays n’est pas souverain et nous ne pouvons permettre cela car la dépendance est la source de toute arriération de notre pays.
Quelles sont alors nos principales revendications ?
Nous vous présentons ici le répertoire synthétique de nos revendications et nous annexons la plate forme détaillée.
L a cessation sans conditions de toute attaque contre les libertés démocratiques et dans ce sens la levée immédiate de tous les arrêtés d’interdiction des marches :
- Le rejet de l’accord de partenariat ACP UE ouvrant les frontières des pays ACP aux produits Européens sans taxe de douane. Cet accord étant la négation de toute industrialisation des pays A.C.P ;
- L’arrêt des nouveaux programmes d’études et l’instruction de tous les fils du pays dans nos langues ;
- L’organisation sans délais des élections professionnelles ;
- La cessation de toutes attaques contre la loi portant exercice du droit de grève au Bénin ;
- La cessation du bradage des entreprises publiques ;
- L’élection et la révocabilité des responsables de tous les services publics (DG - DT et autres directions, chefs de services et coordonnateurs) ;
- L’obligation d’approvisionner prioritairement les industries locales en matières premières produites dans notre pays ;
- La cessation des différentes menaces et licenciements pour tentative et /ou constitution d’organisations syndicales dans le secteur privé et pour chômage technique ;
- La cessation des licenciements arbitraires et autres affectations politiques et partisanes ;
- La cessation de la précarité de l’emploi dans toute l’administration publique en rétablissant les contractuels, les communautaires, les agents occasionnels licenciés et ou sans contrats dans leurs droits ;
- La sortie des actes administratifs concernant les divers avancements, reclassements, nomination et la prise en compte des listes d’aptitude ;
- La prise de dispositions urgentes en vue de l’achèvement du processus de reversement en cours ;
- La régularisation des situations administratives et financières aux agents en poste et demeurés sans salaires depuis près de six (06) mois au moins : cas des anciens normaliens, de l’hôtel PLM ALEDJO ;
- La révision des différents statuts particuliers partout où cela est réclamé.
- ’affectation d’un coefficient indiciaire égal à 2 pour toutes les catégories d’agents à la fonction publique.
- L’application diligente de la décision de l’affectation du coefficient 1,25 au salaire de tous les APE ;
- Le payement des arriérés de 13e mois aux ayants droit ;
- L’application des conclusions du relevé des négociations avec les agents de la santé ;
- La sortie des actes administratifs concernant les divers avancements, reclassement, nominations et la prise en compte des listes d’aptitudes ;
- La cessation de la contractualisation de l’administration ;
La suppression de la TVA sur la consommation de l’eau et de l’électricité.
- Le paiement à tous les APE ayant droit en activité ou à la retraite des arriérés salariaux découlant du déblocage de la CRAPE 3.
Monsieur le Ministre !
Chaque année les besoins pour continuer de produire et faire de notre pays un pays prospère, s’augmentent du fait de votre mépris de nos revendications. Et pourtant le credo du gouvernement, serait la prospérité partagée.
Mais le comble de tout ceci reste que nous avons fait le constat que notre économie est totalement dominée et tournée vers l’extérieur à savoir la France, l’Union Européenne, le FMI et la Banque mondiale.
Il n’y a et il n’y aura aucun développement ni aucune émergence pas même une quelconque refondation dans ces conditions.
C’est pour toutes ces raisons que la responsabilité des syndicats est grande dans le sens qu’ils ne doivent jamais abdiquer face à la recolonisation ouverte de notre pays par le capital financier.
La CSTB quant-à elle ne faillira pas à sa mission.
Seulement, nous en appelons encore une fois à votre sens de patriotisme, celui que doit avoir tout citoyen, en vous demandant de vous départir des injonctions du FMI qui prescrivent des critères de convergence et autres formes de domination de notre pays.
Il reste en fin que le contexte actuel ne prête à aucun contrat social tant qu’aucune lueur ne pointe dans le sens du renversement des valeurs actuelles.
Pour la CSTB
Le Secrétaire Général Adjoint Confédéral
Paul Essè IKO.-