Halte-là Monsieur le Président de la République !
L’ODHP dénonce les dérives criminelles antidémocratiques du Président YAYI et soutient la grève des douaniers en lutte contre une loi barbare.
1. La loi du septembre 2011 qui interdit de grève les douaniers, les agents des eaux et forêts, les policiers, etc. est anticonstitutionnelle. Elle viole l’art 31 de la constitution. Elle foule aux pieds la Décision 06-034 de la Cour constitutionnelle du 04 avril 2006 qui confirme et consacre le droit des douaniers à jouir du droit de grève. Les travailleurs et tous ceux qui exigent son retrait pur et simple ont pleinement raison. Et alors ; les douaniers qui sont les premiers visés par ladite loi sont fondés à aller en grève et à user de toutes autres formes de manifestations pour demander son retrait à un pouvoir qui s’entête à violer la constitution et les droits élémentaires des travailleurs en recourant même au mensonge.
L’ODHP félicite les douaniers pour leur courage républicain et les soutient dans leur combat face à un forfait aussi grossier et inacceptable.
2. Par sa sortie médiatique d’une rare violence verbale le 28 septembre 2011 avec forces menaces contre les douaniers et au-delà de ce corps, le Chef de l’Etat se révèle une fois encore aux yeux de l’opinion publique nationale et internationale comme un gouvernant peu soucieux du respect des droits démocratiques des citoyens et du peuple. Dans une colère injustifiable il s’écrie : « Demander au chef suprême des armées qu’est le président que je suis de présenter des excuses publiques ? Où est le respect des institutions. Nous sommes en démocratie et tout le monde ne saurait gouverner à la fois. Il faut respecter le choix du peuple et son choix a été porté sur ma personne. Si je dis que vous n’êtes pas performants ; à vous de venir me voir (en disant) : ‘Notre cher papa ou Monsieur le Président’, franchement parlant, depuis un certain temps vous avez dit ceci ; vous avez dit cela ; voici comment les choses se passent. Calmement…. ». Il transparaît de toute évidence de ces propos une conception de personnalisation du pouvoir, une conception patrimoniale et tyrannique du pouvoir. Etre élu n’a jamais signifié en démocratie qu’on a plein pouvoir de fermer les oreilles et la bouche au peuple qui vous a élu. Etre élu implique l’obligation de se soumettre à la volonté exprimée du peuple et non le contraire. C’est pour cela qu’on désigne la démocratie en ces termes concentrés: gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Ainsi, l’élu fut-il Chef d’Etat ; chef suprême des armées et chef absolu de la clé de la bombe atomique reste un délégué du peuple à la bonne gestion des affaires publiques. Il n’a pas droit de vie et de mort sur des sujets. Du reste tous les dirigeants qui ont feint d’oublier cela se sont vus chassés du pouvoir par les urnes à terme non échu pour élection anticipée. Et lorsqu’ils sont en plus coupables de parjure ou autres manipulations des lois pour s’éterniser au pouvoir, la rue se charge de les rappeler à l’ordre en les boutant dehors même en cours de mandat. Il en a été ainsi récemment de la rue tunisienne qui a crié ‘Ben Ali dégage !’ et poussé le général dictateur à prendre la clé des champs sans demander ses restes. Il devra répondre devant le tribunal du peuple tunisien. Il en été ainsi de la rue égyptienne qui a dégagé le général Moubarak dont le procès est en cours. Abdoulaye Wade qui joue avec le feu fait face depuis des mois à des manifestations de rue avec une victoire à la clé pour les manifestants : le retrait de la loi visant à lui faire gagner les élections avec son poulain de fils sur la base d’un taux de participation de 25 pour cent.
3. Dans la situation en cours chez nous ; le Président YAYI s’est déjà rendu coupable d’incitation au meurtre sur les douaniers. Ses dénigrements livrant les douaniers à la vindicte populaire provoquent non seulement des voies de fait sur les douaniers mais encore et pire des tentatives d’assassinat sur leur personne ; il y en a au moins un qui a été aspergé d’essence et a manqué de justesse d’être brûlé vif enflammé. C’est extrêmement ahurissant et inadmissible. En des circonstances aussi graves et dangereuses pour la vie humaine qui est sacrée et inviolable (Cf. art 8 de la constitution), l’élu du peuple, le chef suprême des armées présente en toute modestie ses excuses publiques aux victimes et à leur famille, au corps socioprofessionnel dont elles relèvent, corporation qui est ainsi bafouée et humiliée, voire à la nation entière. Avec exhortation publique aux zélateurs et criminels ainsi fabriqués de toutes pièces d’avoir à cesser de vilipender et de broyer du douanier ou tout autre citoyen béninois ou étranger. Ce n’est pas faiblesse que cela mais une grande manifestation de hauteur et de respect pour le peuple détenteur absolu du pouvoir.
4. Au lieu de cela, le Chef de l’Etat s’enfonce dans des forfaits inadmissibles contre la constitution et les droits des citoyens et des peuples. Que ses zélateurs et lui relisent le préambule de la constitution, la déclaration universelle des droits de l’homme, la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, les conventions de l’OIT sans les trafiquer si cela leur avait échappé. Ils sont en porte à faux avec toutes les dispositions relatives aux droits démocratiques du citoyen, aux droits syndicaux ; avec la constitution. L’envoi d’huissier pour assister le DG/Douanes Théophile SOUSSIA qui fait défoncer les bureaux de grévistes afin d’y installer des retraités (Cf. Fraternité du 30 septembre 2011) ; ces actes constituent des actes de vandalisme d’Etat. Les retraités veulent de meilleures conditions de vie plutôt que leur instrumentalisation comme briseurs de grève ou sapeurs pompiers. Ce sont des actes crapuleux visant à terroriser les douaniers et par-dessus tout l’ensemble du peuple en violation de la constitution et des conventions internationales pour imposer une loi inique largement rejetée. Mais l’art 19 de la constitution et les conventions contre la torture rattrapera YAYI et ses complices et le peuple saura les punir en conséquence. Depuis les attaques frontales du Chef de l’Etat contre les droits fondamentaux des douaniers, des citoyens et des peuples, la Cour constitutionnelle de Robert DOSSOU ne s’autosaisit pas pour dire son fait à YAYI Boni et le sommer de cesser de provoquer les douaniers et le peuple alors qu’elle sait très bien qu’il existe en plus une jurisprudence favorable aux douaniers. En effet, la décision DCC 06-034 de la Cour Constitutionnelle rendue publique lors de la Présidence de Conceptia Ouinsou dispose dans l’un de ses articles que les travailleurs de la fonction publique, dont les forces armées, disposent du droit de grève… Au contraire c’est YAYI qui a attendu, comme il en a donné l’assurance face à des douaniers à la retraite, que la Cour vienne couvrir ses forfaits. Et cela vient d’être fait de façon honteuse puisqu’un quotidien de la place, (L’indépendant du 29/09/11) avait déjà averti : « Car, donner un avis favorable pour l’application de cette loi peut être objet d’un autre débat sur la crédibilité de cette institution (la Cour). Wait and see ! ». Malgré cela, YAYI jubile. Quel sadisme ! Mais ses menaces sont d’ores et déjà vouées à l’échec car malgré la caution que la Cour lui donne dans sa tentative de vouloir gérer le pays en association de malfaiteurs au mépris des normes démocratiques, la grève des douaniers a mis à nu les relents tyranniques du Président de la République et cette grève appelle le peuple à rester debout d’autant que d’autres mesures antidémocratiques sont au programme de la Refondation fasciste.
Une fois encore l’ODHP félicite et encourage les douaniers. Votre grève est salutaire ; elle a levé le voile sur le pouvoir et les velléités tyranniques du Chef de l’Etat YAYI Boni et les arguties et autres trafics des conventions de l’OIT par TAMEGNON et Cie ne le sauveront pas.
5. L’ODHP invite par conséquent les démocrates, les patriotes, les jeunesses, les femmes, toutes les autres couches sociales à se lever et accompagner les douaniers dans le combat pour barrer la voie à la tyrannie baptisée Refondation en vue de tromper, piétiner les libertés et instaurer une gestion patrimoniale et archaïque du bien public.
Cotonou, le 1er octobre 2011
Le Bureau Exécutif National (BEN/ODHP)