INSTITUT INTERNATIONAL DE RECHERCHE ET       DE FORMATION (INIREF)

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Cotonou, le 1er février 2012

 

COMMEMORATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LANGUE MATERNELLE

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A P P E L

A chacun et à tous

« Faire de sa langue maternelle une langue d’instruction et d’administration au Bénin »

 

Le 21 février prochain sera célébrée la ‘’Journée internationale de la langue maternelle’’ instituée par l’UNESCO en 1999 afin que chacune des sept mille (7 000) langues encore parlées dans le monde soit langue d’instruction dans le système formel d’éducation et langue d’administration dans son terroir.

Chaque béninois est particulièrement et directement concerné par cette nécessité vitale pour son être. En effet, aucune langue béninoise n’est langue d’instruction, aucune n’est langue officielle d’administration dans son territoire. Les béninois vivent sous esclavage linguistique français contraint depuis la colonisation à ne s’instruire et ne s’administrer que dans la langue du maître colonisateur.

Des générations de militants patriotes ont lutté contre cet état de fait et revendiqué l’instruction et l’administration à travers nos langues. Mais force est de constater que les autorités politiques ont préféré le statu quo dans la déchéance, la servitude et le sous-développement au réveil et à la montée vers les cimes de l’émancipation et du développement.

Mais de toutes parts, la réalité interpelle. La stagnation de nos pays depuis des décennies appelle à réfléchir sur les fondements préalables et nécessaires au développement économique et social. Il apparaît ainsi de plus en plus nettement que sans la maîtrise de la force de la pensée, donc de l’instruction dans leurs langues maternelles que l’on sait supports de l’éclosion du génie des populations, il ne peut y avoir de décollage économique durable. Par ailleurs, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’internet et les GSM offrent des possibilités immenses d’accès de chacun et de tous, même de chez soi, à l’information. L’instruction de chacun et de tous à travers sa langue maternelle se révèle là également comme une nécessité à son statut d’être humain.

L’INIREF, fondé en 1997 par Pascal FANTODJI s’est attaqué à cette question de l’accès à l’information et à l’instruction de chacun à travers sa langue maternelle. Avec d’autres organisations, le PCB et la CSTB notamment, il est allé pour ce faire jusqu’à proposer en mai 2006 un projet de loi portant alphabétisation et réforme de l’instruction publique puis dans un dossier en septembre 2006 envoyé au chef de l’Etat et à l’Assemblée Nationale des modalités pratiques et précises :

1- Alphabétisation immédiate et introduction à l’instruction de tous les adultes analphabètes du pays dans leurs langues maternelles sur une période de 03 ans ;

2- Instruction des enfants à partir de ce moment dans leurs langues maternelles ;

3- Ouverture des enfants dès la quatrième année de l’enseignement primaire à une langue étrangère.

En ce qui concerne l’alphabétisation et l’instruction de tous les adultes, l’INIREF a préconisé :

1- La formation des instituteurs et professeurs de l’enseignement secondaires en activité ainsi que ceux admis à la retraite pour assurer cette tâche dans leur ressort territorial ;

2- Prévoir à cet effet un complément de rémunération en faveur des enseignants alphabétiseurs et instructeurs ;

3- Organiser les cours de manière à prendre en compte les heures normales d’activités régulières des enseignants et les moments disponibles des adultes apprenants.

Depuis lors, les luttes et des manifestations ont continué en mettant en avant ces revendications. Aujourd’hui, la cause est avancée. Le président du Conseil National de l’Education, Monsieur Paulin HOUNTONDJI, lors de la présentation de son rapport en décembre2011 au Chef de l’Etat, a demandé qu’en cette année 2012 les 40 000 instituteurs ainsi que des professeurs de l’enseignement secondaire et du supérieur suivent des stages d’alphabétisation en leur langue maternelle. Il rejoint ainsi les propositions pratiques de rassemblement des ressources humaines, de formation des formateurs. L’INIREF ne peut que se réjouir de cette avancée qui appelle chacun et tous à intensifier la pression pour que ces stages de formation des formateurs démarrent effectivement cette année.

La commémoration du 21 février, journée internationale de la langue maternelle offre une occasion de concentration de cette pression. C’est pourquoi, l’INIREF appelle chacun et tous à clamer haut et fort sa volonté et ses exigences de l’instruction à travers sa langue maternelle. L’INIREF convie chacun et tous à participer massivement, chacun sous sa banderole, aux manifestations suivantes qui se dérouleront du 18 au 21 février 2012 pour la commémoration de la Journée de la langue maternelle.

1- La marche pour sa langue maternelle le 18 février de la place de l’Etoile Rouge au CPA ;

2- L’exposition des livres et matériaux en langues maternelles du 18 au 21 février au CPA ;

3- La conférence publique ainsi que les manifestations culturelles le 21 février 2012 au CPA.

Que tous les professionnels et utilisateurs des langues maternelles (alphabétiseurs, étudiants et chercheurs, journalistes, pasteurs et religieux, enseignants, agents de santé, encadreurs ruraux, etc.) ainsi que tous ceux qui rêvent de voir leur langue sur Internet se lèvent pour faire démarrer l’instruction dans nos langues maternelles.

Vive l’émancipation populaire !

Bonne fête à tous !

Le Président de l’INIREF,

Prof. Hounkpati B. C. CAPO