COMMUNIQUE
A PROPOS DE L’ABROGATION DU DECRET PORTANT TAXATION DES COMMUNICATIONS ELECTRONIQUES
Le 22 septembre 2018, trois jours après la mise en œuvre du décret n° 2018-341 du 25 juillet 2018 portant introduction d’une contribution sur la consommation des services de communications électroniques fournis par les réseaux ouverts au public en république du Bénin, le gouvernement annonce l’abrogation dudit décret et le retour aux tarifs antérieurs à compter du lundi 24 septembre 2018.
Cette reculade donne des leçons.
En effet, on se souvient que le 25 juillet 2018, comme cadeau au peuple et à la jeunesse à la veille de la fête nationale, le Président Patrice Talon, prend un décret portant introduction d’une contribution sur la consommation des services de communications électroniques fournis par les réseaux ouverts au public en République du Bénin. Le décret est illégal car cette taxe est introduite sans l’autorisation de l’Assemblée nationale que l’on sait vassalisée et qui n’arrive même pas à protester lorsque le gouvernement boucle le budget national avant le vote et la transmission de son propre budget.
Lors de son interview à l’occasion de la célébration de cette fête, Talon a justifié cette taxe sur la consommation comme nécessaire aux investissements des opérateurs dans le domaine. Son ministre des finances, Wadagni, en donnera la justification politique en tant que répression financière de ceux qui critiquent le gouvernement et son Chef sur les réseaux sociaux.
Les opérateurs GSM étaient donc parfaitement et bien défendus par le pouvoir pour opérer cette "contribution" du consommateur (car toute taxe à la consommation est payée par le consommateur) fixée dans le décret à 5Fpar mégaoctet. Du reste, l’Agence de Régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) a défendu, bec et ongle et tout le temps ledit décret.
Alors qu’est ce qui a changé pour que tout ce monde se réunisse et recule en catastrophe lorsque le décret est mis en œuvre, abroge le décret, dénonce "l’entente illicite" que l’Arcep a dû superviser et autoriser, entre les deux opérateurs de GSM ?
Lisons à cet effet le communiqué du gouvernement en date du 22 septembre 2018. Il est notamment dit : « En appréciant l’exposé de l’état d’esprit des populations, puis après avoir écouté les opérateurs Gsm et l’Arcep, le gouvernement note que les modalités de mise en œuvre dudit décret par les opérateurs, à partir du 19 septembre 2018, sont de nature à rompre l’économie globale du secteur, au détriment des consommateurs… » Or ce ne sont pas les modalités qui ont été rejetées, mais c’est le décret lui-même qui a été abrogé car indiquant et fixant des taxes précises.
La raison fondamentale de ce revirement qui ne peut être cachée et que Talon est obligé d’opposer aux opérateurs Gsm avec lesquels ils s’étaient auparavant mis d’accord, c’est « l’état d’esprit des populations ».
C’est pourquoi, le FSP salue la levée de bouclier de tout le peuple et notamment de la jeunesse contre ce décret de racket lors de sa mise en œuvre. Il salue les initiatives diverses de manifestations spontanément projetées.
La leçon essentielle est donnée : un peuple organisé et décidé vient toujours à bout de toute mesure dictatoriale. Il y a encore beaucoup de taxes iniques, arbitrairement décidées sur les péages routiers, dans les marchés, les universités, etc. qui étranglent les pauvres. Il y a beaucoup de mesures contre la jeunesse et les travailleurs. La leçon est donnée : s’organiser et lutter.
Alors bravo ! Organisons-nous pour aller à l’assaut de cette gouvernance de dictature autocratique, de pillage, de famine et d’apatridie.
Cotonou, le 24 septembre 2018
Le FSP