LA FRANCE ENTREPREND LE REDEPLOIEMENT DE SES FORCES D’APPUI IMPERIALISTES EN AFRIQUE.

 

Depuis décembre 2019, la crise sanitaire due au COVID-19 a bouleversé les donnes mondiales et sème partout la panique et bouscule toutes les certitudes.
Un monde s’effondre sous nos yeux : le monde occidental avec les deux piliers que sont : le judéo-christianisme et l’individualisme capitaliste. En Afrique, les peuples observent cette situation et ils constatent que les pays d’Asie, qui, il ya encore 60 ans étaient presqu’au même niveau de développement qu’eux, s’en sortent bien alors que les maitres du monde, ceux-là qui régentent le destin du monde et particulièrement de l’Afrique comme la France, ne s’en sortent pas. Les peuples africains, à l’instar de l’effet idéologique libérateur de la deuxième mondiale, se libèrent idéologiquement de leur soumission vis-à-vis des dominateurs du présent qui ont révélé au monde leur effroyable faiblesse. En clair, il y aura désormais un « Avant » et un « Après » COVID-19. Parmi les premiers à prendre conscience de ce tournant inévitable, il y a naturellement la France impérialiste qui, avec ses « think thank », entreprend d’ores et déjà de prendre les dispositifs pour maintenir son hégémonie coloniale en Afrique.
Nous lisons dans une « Note diplomatique » du Centre d’Analyse, de Prévision et de Stratégie (CAPS) lié au Ministère des Affaires étrangères de France et datée du 24/03/2020 ces réflexions : « L'effet pangolin" : la tempête qui vient en Afrique ? La crise du Covid-19 peut être le révélateur des limites des capacités des Etats, incapables de protéger leur population. En Afrique notamment, ce pourrait être « la crise de trop » qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale). Vu d’Afrique, le Covid-19 se présente sous la forme d’un chronogramme politique qui va amplifier les facteurs de crise des sociétés et des Etats. Face au discrédit des élites politiques, il convient (pour la France) de trouver d’autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques ».

Et qui sont ces « autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques » ? Le texte précise : « A ce stade, quatre catégories d’acteurs ont la capacité de mobiliser des foules qui doivent d’ores et déjà constituer des interlocuteurs pour nos efforts de gestion de la crise en Afrique » (Souligné par nous)
● Les premiers sont les autorités religieuses. Si des institutions ont accepté d’accompagner les premières consignes (l’Eglise catholique, certaines confréries musulmanes), d’autres pourraient vouloir défier l’ordre public...
● Les deuxièmes sont les diasporas : elles ont un devoir d’information civique
● Les troisièmes sont les artistes populaires
● Les quatrièmes sont les entrepreneurs économiques et les businessmen néolibéraux.
Et le rapport conclut : « Anticiper le discrédit des autorités politiques signifie accompagner en urgence l’émergence d’autres formes d’autorités africaines crédibles pour s’adresser aux peuples afin d’affronter les responsabilités de la crise politique qui va naître du choc provoqué par le Covid-19 en Afrique… et sans doute ailleurs. »
En synthétisant ces réflexions nous avons :
1° La crise risque d’emporter les chefs d’Etat qui sont à la tête des pays africains francophones (qui sont tous soumis aux ordres de la France) et dont la plupart sont complètement désarmés face à la situation actuelle.
2°-Il faut pour la France se trouver des interlocuteurs crédibles pour s’adresser aux peuples et les maintenir sous la soumission impérialiste française.
3° Ces interlocuteurs « crédibles pour la France », ce sont les autorités religieuses catholiques et « certaines confréries musulmanes » (Il faut sûrement penser aux confréries musulmanes du Sénégal) ; la diaspora, les artistes et les « entrepreneurs économiques et les businessmen néolibéraux »
Et les élites politiques dans tout cela ? Non. Elles sont, selon le rapport « au discrédit ». Ainsi donc la France choisit les couches sociales sur lesquelles (les moins officiellement politiques) elle peut s’appuyer pour conserver son influence en Afrique. Prenons l’exemple de l’Eglise catholique.
Tout le monde sait le rôle catalyseur des missionnaires catholiques dans la conquête coloniale de l’Afrique au point que l’union du tri-type « Missionnaires- Marchands-Militaires » (les 3 M) est demeurée gravée dans les mémoires. L’on sait par ailleurs qu’au contraire de sa consœur d’Amérique latine dont une bonne partie s’est résolument rangée aux côtés des peuples avec « la théologie de la libération », la haute hiérarchie catholique dans sa grande majorité en Afrique, a continué dans la lancée de la mission coloniale. Tout le monde a vu la mission et le rôle qui furent les siens dans l’organisation de la Conférence nationale et ce qu’en sont aujourd’hui les résultats. N’est-ce une raison pour que la France impérialiste la désigne comme devant continuer le maintien de son système abject de domination en Afrique francophone ? Apparemment oui.
Et pourtant la France elle-même est, de tous les pays européens, celui qui a défendu et organisé la stricte séparation de l’église et de l’Etat. Ainsi en France, depuis 1905, il y a une loi séparant l’Eglise de l’Etat et interdisant aux religieux de se mêler de la politique en tant qu’institution. Cette victoire des laïcs et des républicains sur l’église toute puissante qui régentait tout et se mêlait de tout a été obtenue après une lutte de longue haleine.
Les diasporas ont toujours été composées de trois groupes dont une minorité sincèrement s’est toujours engagée pour la libération de son pays ; une minorité au service des impérialistes et la grande masse qui se dit neutre mais qui dans les faits, est sous la coupe idéologique et politique du deuxième groupe, tant il lui est lié par divers fils invisibles à travers des sectes et d’autres associations pro-impérialistes. On comprend pourquoi l’impérialisme français qui a toujours combattu la minorité révolutionnaire, veuille s’appuyer sur les diasporas pour continuer son œuvre de spoliation de l’Afrique.
Les artistes populaires ; très peu parmi eux ont une conscience anti-impérialiste. Evoluant dans un système où leur place n’est pas reconnue et où les droits d’auteurs ne leur permettent pas de vivre bien de leurs œuvres, ils vivent au crochet de l’Etat, des impérialistes et de la haute bourgeoisie. La plupart pour vivre, sont obligés de faire les louanges des pouvoirs corrompus en place. Ceux qui ont réussi, se retrouvent en général sous les lambris dorés des palais de la République. Une infime minorité pense qu’il faut couper les cordons avec la puissance coloniale comme l’a prouvé dernièrement le Grand Salif KEITA.
Les entrepreneurs économiques et businessmen néolibéraux ! Ce sont pour l’essentiel des bourgeois compradores alliés de l’impérialisme français dans son exploitation du Continent.
Voilà les groupes sur lesquels la France entend s’appuyer pour continuer son œuvre diabolique de domination de l’Afrique. Le dialogue avec les patriotes qui réclament la fin de la monnaie coloniale qu’est le franc CFA ne l’intéresse pas. Sa préoccupation c’est comment les éliminer ou les marginaliser. Le dialogue avec la jeunesse africaine qui se bat pour la libération culturelle de l’Afrique avec le développement de nos langues nationales, ne l’intéresse pas. C’est comment la ridiculiser ou la discréditer qui est la préoccupation de l’impérialisme français
En somme, face à la faillite totale de ses dispositifs de domination en Afrique, faillite révélée notamment avec la crise de la pandémie du CORONAVIRUS, la France entreprend le redéploiement de ses forces d’appui pour perpétuer son système colonial.
Y réussira-telle ? Avec le niveau de conscience des peuples, avec la confiance que les forces d’appui ciblées pour jouer ce rôle de maintien du système, ne se prendront pas à ce jeu, nous pouvons d’ores et déjà conclure que ce plan connaîtra un échec mérité.

Cotonou le 09 Avril 2020

LA CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE.

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