LEÇONS IMMEDIATES : LE TRIOMPHE DE LA RUE

 

La bataille pour la succession de Macky Sall a pris fin : les élections du 24 mars 2024 ont consacré par une écrasante victoire du candidat du PASTEF (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité), Bassirou Diomaye Faye, le rejet populaire de son pouvoir autocratique, criminel et corrompu.


Cette bataille a débuté dès le lendemain de la réélection en 2019 de Macky Sall. Son objectif est : 1°- de s’assurer, contre les prescriptions constitutionnelles, un troisième mandat et 2°-d’exclure tout adversaire. Les candidats patriotes et anti-impérialistes constituent ses cibles principales. Macky Sall organisera ainsi, et ce depuis 2020, les complots, les répressions les plus sauvages pour se baliser la voie d’un troisième mandat et exclure ses concurrents. La justice a été instrumentalisée avec des poursuites et procès des plus iniques, des montages de faux procès, arrestations et détentions les plus arbitraires contre les dirigeants de l’opposition, notamment ceux des partis et organisations populaires dont notamment les dirigeants du PASTEF de Sonko.


Mais ce qui est remarquable, c’est qu’à chaque forfait du tyran Macky Sall contre les libertés, contre les droits du peuple à des élections libres, inclusives et transparentes, le peuple répond par des manifestations insurrectionnelles, par des soulèvements. Soulèvements massifs de 2021 : bilan officiel 14 morts. L’année 2023, celle précédant le scrutin a été particulièrement mouvementée. L’intensification des répressions contre les dirigeants, notamment Sonko et son parti, pour les exclure de la candidature soulèvent des protestations monstres des jeunesses dans les rues et quartiers de Dakar, de Ziguinchor et dans des établissements scolaires et universitaires. Beaucoup de ces centres universitaires ont été fermés par le pouvoir toute l’année. Les assassinats de dizaines de manifestants ont élargi le fossé entre Macky Sall et le peuple, aboutissant à son rejet total ; et cette répression a complètement discrédité sur la scène internationale le criminel qui se targuait de démocrate. C’est dans ce cadre qu’il a pratiquement perdu les élections législatives de 2022 où il ne dut au Parlement sa majorité qu’à une voix près.


Il est apparu d’une part que, Macky n’a plus aucune chance de gagner les prochaines élections sans fraude massive et répression ; de l’autre, la difficulté pour les maîtres impérialistes français et américains de continuer à soutenir de tels forfaits flagrants sans se discréditer davantage devant l’opinion africaine dans le contexte du panafricanisme ascendant et de révolution patriotique montante. Macky Sall a dû, six mois avant les élections présidentielles, capituler et renoncer à son rêve de troisième mandat officiel.


Mais le laquais n’a pas renoncé à la préservation du système qui sauvegarde les intérêts étrangers, français notamment. L’opposition qui apparaît la plus farouche contre ses intérêts, le PASTEF est arrivé, malgré l’exclusion de Sonko, à présenter des candidats. Le danger du naufrage est toujours présent. Alors, le 03 février 2024, à la veille de la campagne électorale et à trois semaines du vote prévu pour le 25 février, Macky Sall, par décret, renvoie les élections présidentielles sine die ; pensant ainsi se donner encore un nouveau mandat au-delà du terme formel, le 02 avril 2024. Ses soutiens pro-impérialistes et lui font valider ce coup d’Etat par l’Assemblée Nationale dans la répression au sein du Parlement des députés opposants. Les maîtres impérialistes français et leurs organisations croupion, la CEDEAO, cautionnent le coup d’Etat constitutionnel. Mais aussitôt, le Sénégal s’embrase : le peuple dans la rue exige le respect des délais constitutionnels et, malgré la répression et des morts, reste mobilisé : Les élections pour le départ de Macky Sall au 02 avril 2024. Face à cela, le Conseil Constitutionnel casse la loi scélérate de renvoi des élections à plus tard et consacre la volonté populaire. Macky Sall est obligé de convoquer les élections pour le 24 mars. La faillite de ce Nième coup fourré de Macky Sall et de ses maîtres indique leur défaite électorale certaine. Le pouvoir prononce une amnistie et dix jours avant les élections, libère les dirigeants du PASTEF (auparavant arbitrairement interdit), Ousmane Sonko et Diomaye Faye. Leur victoire dans les urnes est donc signée. Et ont gagné, ces dirigeants de la coalition dite « antisystème ».


Ainsi, le peuple sénégalais, à coups de mouvements insurrectionnels a défendu et obtenu le respect des élections inclusives et transparentes et a porté au pouvoir le parti de son choix. Quelles leçons immédiates ?
1°- Que la démocratie sénégalaise si vantée n’est pas fondamentalement différente de toutes les démocraties néocoloniales françafricaines, la démocratie tropicale en vogue dans les pays tels la Côte d’Ivoire et le Bénin, la démocratie pour la perpétuation des intérêts de la France coloniale et de ses serviteurs. Macky Sall n’a eu aucun scrupule tout au long à violer ses propres lois jusqu’à perpétrer un coup d’Etat constitutionnel.


2°- Que ce qui a été déterminant et décisif dans l’élection qui a vu la victoire de l’Opposition au Sénégal le 24 Mars 2024, c’est le peuple insurgé jusques-y compris dans les urnes et qui a imposé sa volonté avec pour buts la réalisation des Objectifs exprimés en Exigences : « Non à la misère et au chômage généralisé de la jeunesse induit par le système colonial ! Non au CFA ! Non aux bases françaises au Sénégal ! » En bref, il a réalisé le slogan « France dégage ! »


La détermination avec laquelle le peuple sénégalais a vaincu la tyrannie néocoloniale, rassure qu’avec cette même détermination, il gardera la veille permanente pour le maintien et la réalisation de ces Exigences.
Le peuple béninois qui avait, par les mêmes méthodes insurrectionnelles, vaincu le pouvoir autocratique Kérékou-PRPB en 1989 est à bonne école. Bravo et Merci au peuple Sénégalais !


Le Cercle de Recherches près la Rédaction de La Flamme

La Flamme N°543 du 29 mars 2024