PARTI COMMUNISTE DU BENIN (PCB)

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DECLARATION

La nouvelle stratégie d’occupation militaire française en Afrique est vouée à l’échec.


I- La cascade d’annonces de retrait des bases militaires et leur effet galvanisateur.


Dans son Message de vœux de fin d’année au peuple ivoirien le 31 Décembre 2024, le Président Alassane Dramane Ouattara annonça à la surprise générale ceci : « Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective. C’est dans ce cadre que nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire …Ainsi, le camp du 43ème BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouët, sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025 ». Cette annonce fait suite à celles du Président Faye et de son Premier Ministre Sonko du Sénégal et du Président Mahamat Idriss Déby du Tchad. Et jusque-là, toutes ces annonces de retrait des bases militaires françaises de ces pays avaient été applaudies car passaient pour être patriotiques ; mais la dernière intervention de Ouattara dessilla les yeux aux peuples sur la nouvelle stratégie d’occupation des forces militaires françaises en Afrique.



Ainsi apparaît-il que ces annonces de retrait de bases militaires françaises de ces pays peuvent correspondre plutôt à une nouvelle stratégie de redéploiement colonial des forces militaires françaises sur le continent africain.
II- Le Contenu de la nouvelle Stratégie militaire coloniale en Afrique
En effet, le lundi 27 février 2023, à l’Elysée, le Président de la République française, Emmanuel Macron a dévoilé la nouvelle stratégie et les contours de la « réorganisation » du dispositif militaire français qu’il entend mener sur le continent africain en ces termes : « Bâtir une nouvelle relation responsable, équilibrée et réciproque » avec le continent, et ce sur plusieurs plans. Concernant le volet militaire, le chef de l’État français souhaite mettre en place « un nouveau modèle de partenariat ». Celui-ci implique notamment de repenser le concept des bases militaires tel qu’il existe aujourd’hui. Afin que ces bases puissent « changer de physionomie et d’empreinte », elles seront transformées pour « certaines en académies », pour d’autres en « bases conjointes ». En un mot, il s’agit d’africaniser l’occupation militaire française sur le continent. En quoi consisteront « cette africanisation et cette mutualisation » ? Elles consisteront en deux axes : « Une réduction visible des effectifs français et l’augmentation des effectifs de nos partenaires africains. » et « Une augmentation de l’offre de formation, d’accompagnement et d’équipements au meilleur niveau. » (27/2/23 - © Compte twitter @Elysee).


Quelles sont les motivations de cette nouvelle stratégie ?
Lors d’une audition parlementaire, en janvier 2024, le Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA), le général Thierry Burckhardt, avait justifié cette évolution.


« Nous avons des bases au Sénégal, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Elles sont installées dans les capitales, et même parfois enclavées dans des aires urbaines en expansion. Leur empreinte et leur visibilité sont devenues difficiles à gérer. Nous devrons sans doute modifier notre schéma d’implantation pour réduire nos vulnérabilités » selon la formule « moins posé, moins exposé ».
Lors de sa visite aux armées à Djibouti le 20 décembre 2024, le Président Macron a soutenu qu’une telle évolution était nécessaire.


« Notre rôle change en Afrique […] parce que le monde change en Afrique, parce que les opinions publiques changent, parce que les gouvernements changent » et [aussi] « parce que nous avons décidé de manière souveraine en février 2023, après plusieurs années de changement progressif, de rebâtir un partenariat qui repose sur des partenaires respectés », « vis-à-vis desquels nous devons aider à la formation, à l’équipement, en renseignement, pour des opérations spécifiques ».


En résumant cette stratégie, on dirait que pour la France, c’est intégrer les forces militaires françaises au sein des armes nationales africaines tout en gardant les fonctions essentielles « 1°- la conduite des opérations militaires ; 2°- la formation militaire ; 3°- l’Equipement militaire ; et 4°- l’Encadrement des armées africaines. »


Les motivations de cette nouvelle stratégie sont claires : il s’agit de camoufler la présence des forces militaires françaises, auparavant rassemblées sous formes de bases militaires qui heurtent le patriotisme des peuples, en les faisant moins voyantes.


Il s’agit là d’une réplique de la stratégie adoptée par le colonialisme français lors des « indépendances » « simulées » de 1960.


III- Une stratégie déjà en œuvre au Bénin ?
Certainement. Depuis février 2023, c’est le Bénin qui sert de terrain d’expérimentation de cette Nouvelle Stratégie militaire. Au lieu de construire des camps militaires français trop « voyants » (celui de Kandi étant dénoncé par les peuples), on met en œuvre une politique de la dissimulation des forces françaises tout le long des frontières- Nord- avec les pays voisins. Cela autorise le Gouvernement de Talon à déclarer « qu’il n’existe pas de bases militaires françaises au Bénin ». Certes, il n’existe pas de bases militaires au sens classique, autonomes des camps militaires béninois. Mais ce sont les Militaires français qui assurent la direction des opérations militaires du Bénin contre les soi-disant terroristes ; c’est la France ou les autres pays de l’Union Européenne qui équipent notre armée (l’affaire de l’achat de drones chinois avec le financement belge en est un exemple) ; ce sont les instructeurs français qui entraînent et orientent nos troupes, ce sont les forces françaises qui forment les militaires béninois ; etc.
IV- Mais cette Nouvelle Stratégie est vouée à l’échec.


Ainsi, les déclarations tonitruantes, quelles qu’elles soient, sur le retrait de bases militaires de ces pays qui ne sont pas assorties de « la rupture de tout accord de défense et de coopération militaire avec la France » sont un leurre et rentrent dans le cadre de la nouvelle stratégie impérialiste française en Afrique.


Mais, dans les contextes actuels d’offensive de la révolution patriotique en Afrique, la nouvelle stratégie française est d’avance vouée à l’échec.


Car, les peuples sont « vent debout » contre la présence des bases françaises et de toutes bases militaires sur le continent africain et aucune gesticulation impérialiste ne pourra sauver le colonialisme français de sa chute inéluctable.


Cotonou, le 03 janvier 2025
Le Parti Communiste du Bénin.