LE POUEDITORIAL : Le pouvoir failli de Talon verse dans la provocation contre le peuple
Quand il annonce son programme d’action tambour battant le 16 Décembre 2016, le Président Talon se dit pressé d’aller vite pour reconstruire le pays. Il promet monts et merveilles. L’argent est prêt et tout devrait aller comme sur des roulettes.
Au fil du temps, c’est le désastre qu’il instaure dans tout le pays. Et chaque jour qui passe voit s’étaler la misère et l’injustice. Il avait promis 500.000 (cinq cent mille) emplois par an. A la charge c’est plutôt nombre de sociétés d’Etat qui ont été fermées ou versées dans son patrimoine privé avec des milliers de travailleurs licenciés. Quant aux petits producteurs (artisans, femmes de marché, secteurs informels), ils verront leurs outils de travail saccagés avec les déguerpissements et autres casses sauvages sans alternative d’emplois de substitution ni de relogement ou réinstallation. Le tout dans une atmosphère d’assauts répétés contre les libertés individuelles et collectives, les droits acquis, les conquêtes démocratiques, etc.
Les élections législatives exclusives avec leur cortège de privation du droit élémentaire de désigner un représentant de son choix, dans un contexte de violence aveugle allant jusqu’aux tirs à balles réelles sur des masses de jeunes ou de populations inermes ont fini de démontrer l’incapacité de ce pouvoir à écouter les souffrances du peuple.
Mais le peuple agressé de toutes parts ne laisse pas compter. Il lutte, il résiste et cherche de nouvelles formes de combat et d’organisation. Il comprend aujourd’hui qu’il a affaire à une dictature sauvage dont il doit triompher pour l’avènement d’une autre gouvernance patriotique et de probité. Les comités de résistance et d’action (Crac) ont vu le jour comme trouvailles du peuple pour se sortir du gouffre. Sans doute qu’avec leur entretien et aiguisement toutes les fois que nécessaires jusqu’à l’affirmation de leur pouvoir autonome, les travailleurs et la jeunesse réaliseront leur prise en main de leur propre destin.
Dans la présente livraison de votre Journal, nous reviendrons sur les succès aussi petits soient-ils que les masses remportent contre les provocations du despote Talon et son clan.
1. Annonce d’opérations musclées sans délai pour de nouveaux déguerpissements sauvages
(Un aveu d’échec du Gouvernement).
Dans un communiqué en date à Cotonou du 14 Août 2019, le Préfet Intérimaire du Littoral, Jean-Claude Codjia, annonce d’un ton menaçant que « Depuis quelques temps, il lui a été donné de constater que dans la ville de Cotonou, notre vitrine nationale, les vieilles et déplorables habitudes d’incivisme notoire, combattues et réprimées naguère telles que l’occupation des espaces publics passants ou non, aux fins d’activités de toutes sortes, les stationnements anarchiques de véhicules de tous gabarits, l’insalubrité recrudescente sur les lieux publics, la vente à la sauvette, la vente informelle des produits pétroliers aux abords des artères nobles, ont malheureusement repris droit de cité, en dépit des maints efforts que ne cesse de consentir en la matière le Gouvernement de son Excellence, Monsieur Patrice Talon….
Ainsi, sont-elles reprises, les opérations musclées de remise en ordre qui s’imposent afin que force reste à la loi. Le présent communiqué tient lieu d’unique et ultime avertissement.
Je voudrais donc, une fois encore, compter sur le civisme des uns et des autres ».
Nous avons cité entièrement le communiqué qui en lui-même culpabilise le Gouvernement et ses serviteurs pour leur propre incivisme. Tenez !
Lorsqu’il faisait déguerpir les gens manu militari, c’est avec la promesse de construire des marchés secondaires, des parcs auto, des jardins publics attractifs, etc., etc. A ce jour, aucun marché secondaire n’a vu le jour et les espaces libérés suite à la répression aveugle des occupants initiaux n’ont servi à rien ; ils ne sont même pas entretenus d’une manière ou d’une autre.
Les déguerpis n’ont eu nulle part pour aller tenter de reconstituer leurs activités. Il n’y a même pas eu de poubelles installées pour recueillir les ordures. Et pourtant, la justice sera mise aux trousses des paisibles populations pour mettre en prison avec ou sans amende les pauvres citoyens qui n’ont pas où jeter les ordures même lorsqu’ils paient les frais aux services des impôts ou à d’autres structures qui en ont la charge.
Qui alors fait preuve d’incivisme ? Le pouvoir et ses sous fifres ou les populations ?
En plus de ne pas satisfaire les besoins de relogement ou d’offre d’espaces aux déguerpis, le Préfet intérimaire persiste dans l’instinct d’abus de pouvoir pour lancer que « sont reprises les opérations musclées de remise en ordre qui s’imposent… ». Ainsi, donc et sans délai, il s’autorisera une fois encore à lancer la police, l’armée et les engins lourds contre les populations. Or, la moindre autocritique d’avoir échoué devrait être si on veut se racheter de commencer par construire les marchés et autres infrastructures promis après information appropriée et dans le respect de la dignité humaine. Autrement, on baigne dans l’arbitraire, la torture et donc la provocation contre le peuple. Et c’est inacceptable ! Et alors, on pousse les gens à bout et ils n’auront d’autre choix que de réagir vivement pour exister et pas périr.
Au total, le pouvoir de Talon et ses hommes de main ont échoué et persistent à provoquer. Ils ont le dos au mur et tout le monde voit.
S’ils persistent et brutalisent encore les masses, ce sera en violation de la loi sur la décentralisation et des conventions internationales signées par notre pays.
Aské M.
2. Construction du marché de « Gros » à Kansounkpa : Les populations mettent à nu les abus du pouvoir failli de Talon.
Les informations diffusées par la presse ou les réseaux sociaux indiquent que du jour au lendemain, le pouvoir de Talon, sans prévenir les populations de Kansounkpa, ni sans aucune disposition alternative préalable, somme ces populations d’évacuer les lieux parce qu’il veut construire un marché de « Gros » sur le site qu’elles habitent.
Le journal « Fraternité » du 16 Août 2019 informe que la réalisation de ce marché se heurte à des conflits domaniaux. En plus, le construire dans ces conditions rendrait des familles sans abri.
Or, sans régler ces questions de conflit ni même se préoccuper de où et comment reloger les gens, comment ils vont reprendre leurs activités, etc., le ministre du cadre de vie se contente seulement de leur parler d’indemnisation. Naturellement, les populations s’y opposent avec raison : leur premier responsable Moïse Amoussou met au défi le pouvoir de « montrer un seul propriétaire terrien qu’ils ont posté et qui a un lopin de terre dans ce périmètre. Il n’y en a pas ». En fait, sans consulter les occupants actuels, on est allé déterrer un vieux plan listant les vendeurs ou propriétaires initiaux. A quelle fin ?
Tout pouvoir sérieux fonde son action sur les règles établies et acceptées de la majorité dans une large mesure. De façon générale, on se réfère à la Constitution dans un système démocratique. Dans le cas de notre pays, la Constitution en vigueur dispose que si pour les nécessités d’utilité publique, un Gouvernement est obligé de déposséder des citoyens de leurs terres ou domaines privés, il est contraint de le faire après juste et préalable dédommagement.
C’est dire alors que, si le marché de « Gros » doit être implanté à Kansounkpa, il faut d’abord que le pouvoir prenne langue avec ceux qui vivent là-bas ou ceux qui y ont leurs parcelles ou maisons ou commerce, etc. Ensuite, il faut que les échanges débouchent sur une entente des deux parties avec ceci que les occupants de Kansounkpa ne soient pas lésés en ce sens qu’ils puissent aller s’installer ailleurs dans des conditions acceptables et vivables aux frais de l’Etat.
Faute de cela, les populations de Kansounkpa ont mille fois raison de rejeter la méthode cavalière et frauduleuse qu’on veut leur imposer. Elles ont d’autant plus raison que ce Gouvernement est coutumier de ce genre de forfaits sans se soucier de la vie des gens, ainsi qu’il l’a déjà fait à Glodjigbé (toujours dans la Commune de Calavi, non sans la résistance des populations).
C’est à juste titre que les populations sont fondées à voir régler des préalables notamment voir des solutions aux litiges domaniaux, une juste indemnisation et relogement avant toute opération à Kansounkpa.
Monguinin Sabi
3. Une expérience issue de leçon de lutte
Le pouvoir de Talon a lancé une opération dite d’évaluation diagnostique des reversés de 2008. Une campagne a été concoctée en ce sens avec les ministres de l’enseignement primaire et du secondaire, Salimane Karim et Mahougnon Kakpo. On supplie même les enseignants de s’y plier face à leur refus. Puis, on monte d’un cran avec les menaces. Qu’à cela ne tienne, les enseignants eux aussi engagent une campagne de sensibilisation interne à travers des AG et aussi des rencontres avec les populations. Des Comités sont mis en place à l’issue des AG.
Sur le terrain des enseignants prennent des initiatives heureuses. Leur Comité s’éduque auprès des autres en participant à leur AG. Il rend compte en AG suivante, l’AG instruit tout le monde d’aller vers les autres couches. Le Comité mobilise les enseignants qui vont vers les autorités traditionnelles, les autorités locales, les parents, les femmes, les jeunes, les élèves et les autres apprenants.
Le discours s’approfondit et va au-delà de la demande platonique de soutien. De plus en plus, les enseignants cherchent à comprendre les problèmes que rencontrent ces autres couches et les appellent à se mobiliser sur la base de ces problèmes. La solidarité demandée vise de plus en plus une solidarité de combattants pour sauver l’Ecole et gagner de meilleures conditions de vie à chaque couche, à toutes les couches populaires.
Il est certain que la solidarité demandée, si elle est bien comprise, amènera les uns et les autres à s’entraider pour identifier les préoccupations de chaque couche face à l’ennemi commun, le pouvoir affameur, liberticide et assassin de l’école qu’est le pouvoir autocratique de Talon.
K. Sibivi
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