SPECIAL SOUTIEN AUX ENSEIGNANTS CONTRE L’EVALUATION DITE DIAGNOSTIQUE
Editorial : Soutenons fermement les enseignants.
L’appel au boycott de l’évaluation dite diagnostique des enseignants reversés de 2008, lancé par la CSTB et soutenu par nombre de militants et de responsables syndicaux en dehors de ses rangs aura connu un succès franc. Malgré les menaces de radiation, le boycott a été massif. Le sens de ce boycott est clair : le refus de se soumettre à l’arbitraire et à la dictature. Cette attitude de sacrifice et d’abnégation de soi pour le salut collectif renoue avec le chemin pour l’émancipation du peuple de tout pouvoir de dictature antipopulaire. Le PCB qui a soutenu dès le départ le mot d’ordre ne peut que féliciter les enseignants pour le boycott massif. L’organisation par le pouvoir en désarroi d’une session de rattrapage pour des malades n’est que nouvelle ruse pour tenter de camoufler son échec.
Du reste l’histoire de notre pays montre que les victimes des « radiations de la Fonction publique pour des motifs politiques au Bénin » ont toujours été réhabilitées dans leur carrière. Le pouvoir de la Rupture mène par conséquent un combat d’arrière-garde, perdu d’avance et que l’histoire condamnera, ainsi que ses auteurs.
La Rédaction
LE SENS DU BOYCOTT :
REFUSER DE SE SOUMETTRE A L’ARBITRAIRE ET A LA DICTATURE
Refuser de se soumettre à l’arbitraire et à la dictature, tel était le défi que se sont donné tous les enseignants démocrates contre l’évaluation dite diagnostique par laquelle Patrice Talon et son gouvernement voulaient cacher et justifier le licenciement des enseignants du secondaire, du primaire et de la maternelle reversés de 2008.
Que cette évaluation dite diagnostique soit illégale, cela crève les yeux. Aucun texte régissant les agents de l’Etat en général et le secteur de l’éducation en particulier ne la préconise. Soumettre à nouveau à un examen sur table des enseignants reversés en 2008 et donc en fonction depuis au moins douze ans aux fins d’évaluer leurs connaissances intellectuelles et procéder à des ruptures de contrat, est une aberration. Ce fait dévoile l’objectif réel poursuivi : licencier des enseignants qui se seraient soumis de leur gré à cette aberration. Aucune assurance donnée par un gouvernement qui décide de façon aussi arbitraire et illégale ne saurait rassurer. Et ceux qui se seraient soumis sous la menace de radiation auraient donné eux-mêmes au dictateur une raison pour justifier leur licenciement. Ils auraient donné eux-mêmes leur tête à couper.
Cette attitude de consentement, recommandée et défendue par la ligue des chefs traitres et corrompus des six centrales syndicalistes, au-delà de leur soumission au pouvoir en place, répond à l’idéologie de "chacun pour soi", de "chacun sauve sa tête".
Par contre, appeler à s’opposer à cet arbitraire correspond à l’idéologie du sauvetage collectif : si nous nous opposons massivement, le plan du dictateur échouera, car ne pouvant pas se passer de 18.000 enseignants formés et rompus à la tâche depuis 12 ans. Le mot d’ordre de boycott de cette évaluation dite diagnostique traduit ainsi la seule riposte correcte.
Cette dernière attitude soutenue dès le départ par une seule Confédération syndicale, la CSTB, est par ailleurs la seule conforme aux valeurs fondatrices du syndicalisme, à savoir organiser la résistance collective des travailleurs à l’arbitraire et à l’exploitation sauvage du patron, public ou privé.
Dans le cas présent, ce mot d’ordre de boycott traduit l’état d’esprit des enseignants après l’expérience de ces évaluations déjà boycottées tout au long de l’année 2019 par l’ensemble des enseignants du primaire et du secondaire. C’est alors que de nombreux responsables membres des six autres confédérations ont refusé de suivre leurs Chefs traitres et corrompus. C’est alors que l’ensemble des enseignants concernés ont boycotté massivement cette évaluation dite diagnostique le 24 août 2019.
Le pouvoir et ses soutiens ont menacé de radiation ceux qui auront boycotté. Mais des milliers d’enseignants ont méprisé cette menace et décidé de ne pas se soumettre à l’arbitraire d’un pouvoir dictatorial. C’est là tout le sens de ce qui s’est passé le 24 août 2019 : des travailleurs menacés de radiation s’ils ne se soumettent pas à la volonté arbitraire, ont refusé de se soumettre. Ils acceptent le sacrifice de soi pour l’émancipation de tous.
C’est tout à leur honneur. Le peuple, tous les démocrates et patriotes doivent les soutenir et s’inspirer de leur courage et esprit d’abnégation. Car, c’est la seule voie, et qui a fait ses preuves, pour la victoire sur toute dictature autocratique.
Séraphin
LE PARTI COMMUNISTE DU BENIN SOUTIENT FERMEMENT LE BOYCOTT
Le Parti Communiste du Bénin (PCB) a publié une déclaration le 25 août pour féliciter les enseignants pour le boycott massif de l’évaluation dite diagnostique. Nous reproduisons intégralement ladite déclaration dans le présent numéro.
Signalons que le PCB, avec l’ensemble des organisations de la démocratie révolutionnaire rassemblée dans la Convention patriotique des forces de gauche (CPFG), a soutenu le mot d’ordre de boycott de l’évaluation dite diagnostique. Le Président de la CPFG et 1er secrétaire du PCB, Philippe NOUDJENOUME a animé dans ce cadre et sur le sujet une conférence de presse le 08 août 2019. La déclaration de félicitations va dans le même sens. Lisez.
DECLARATION
FELICITATIONS AUX ENSEIGNANTS
POUR LE BOYCOTT MASSIF DE « L’EVALUATION DIAGNOSTIQUE »
Bravo aux enseignants du Bénin ; à Kandi, à Malanville, à Parakou, à Dassa, dans le Couffo, partout, vous avez fait honte au pouvoir de la Rupture en boycottant massivement le concours-licenciement, pompeusement appelé « Evaluation Diagnostique des enseignants, ACE reversés en 2008 » ! Tout avait été mis en œuvre pour le « succès » de l’opération. Vous avez réussi à déjouer tous ces plans et c’est à votre honneur. Vous avez méprisé les menaces, les arrestations de vos responsables, la trahison des chefs vendus des centrales syndicales comme les AMOUSSOU Anselme et autre CHADARE. Des échos qui sont parvenus du pays tout entier malgré toutes les mesures prises par le pouvoir, malgré les policiers et les chars déployés, vous avez tenu bon et le taux du boycott a dépassé toutes les espérances. Les chiffres ridicules que publient le pouvoir sur les réseaux sociaux ne sont que les signes visibles du désarroi d’un pouvoir aux abois. Cette défaite que vous venez d’assener au pouvoir de la rupture est une étape importante dans la lutte pour la chute prochaine de la dictature de Patrice Talon.
Bravo à vous, enseignants du Bénin ! Bravo à la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) qui a appelé très tôt au boycott ! Bravo surtout à vos comités de lutte, à tous ceux qui s’y sont illustrés avec courage et brio ; à votre camarade Mathurine SOSSOUKPE qui s’est battue avec un courage exceptionnel !
Ce que vous venez de faire n’est pas seulement pour vous, mais pour tout le peuple engagé dans une lutte âpre pour mettre fin à la dictature de Patrice Talon. Continuez le combat, renforcez partout vos comités de lutte en étant persuadés que tant que vous ne travaillerez pas pour l’émergence d’un pouvoir où siègeront vos représentants, vous ne verrez jamais vos revendications satisfaites.
Cotonou, le 25 août 2019
Le Parti Communiste du Bénin
SESSION DE RATTRAPAGE : ENCORE UNE RUSE POUR TENTER DE CAMOUFLER
L’ECHEC DE L’EVALUATION
L’une des armes de Talon et de son gouvernement dans la guerre contre les enseignants reversés pour les soumettre à l’évaluation dite diagnostique est la menace de radiation contre les boycotteurs. On sait qu’à côté de cela, il y a les arrestations arbitraires, le remplissage des salles de composition de faux enseignants payés pour faire la figuration dans les salles, le matin de la composition. Les taux de participation proclamés par le pouvoir et son zélateur commis à la tâche, le Directeur de l’office du Bac (DOB) ne correspondant pas à la réalité, les faussaires seront confrontés naturellement, après la correction, au nombre réel des vrais enseignants ayant effectivement composé. Par ailleurs, comment renvoyer des milliers d’enseignants partout dans le pays ?
Comment se rattraper et couvrir l’échec ?
Le pouvoir dans un communiqué signé du ministre de l’enseignement primaire parle d’une session des malades. Le Directeur de l’office du Bac, dans une intervention à la télé parle de tous ceux qui auraient été empêchés de composer le 24 août. Toujours et encore la confusion au niveau du Dob qui accepte d’organiser "techniquement" un examen sans numéro d’inscription, sans numéro de table, où chacun est libre d’aller composer où il veut, où il n’existe aucune statistique des présents. Et pourtant le Dob se permet de donner des statistiques par centre ! Quand le "technicien" s’aplatit pour servir l’arbitraire, il faut s’attendre à tout.
Le Dob avait pourtant dit qu’il ne s’agit pas d’un examen, ni d’un concours, mais d’un test. Depuis quand s’agissant d’un test, organise-t-on une session de rattrapage?!
Il s’agit encore là d’une ruse maladroite pour camoufler l’échec cuisant du 24 août.
NON, il n’y a rien d’autre à faire de sensé et de digne que de revenir à la case de départ : annuler et laisser tomber cette histoire d’évaluation illégale et arbitraire qui détruit l’emploi et l’Ecole.
Rien d’autre de sensé et de digne à faire que de renoncer à tout licenciement, à toute rupture et/ou changement régressif de contrat des enseignants.
Sanni
A PROPOS DES RADIATIONS DE LA FONCTION PUBLIQUE POUR DES MOTIFS POLITIQUES AU BENIN
Notre peuple, dans sa fierté, face à une épreuve dit souvent : ici, c’est le Bénin. Oui, ici, c’est le Bénin, le pays de Béhanzin, de Bio Guerra, de Kaba. C’est à leur suite, le pays de Pascal Fantodji qui a œuvré à fonder et à édifier un parti communiste qui soutient l’élan démocratique et patriotique du peuple depuis plus de 40 ans. Et l’histoire des radiations décidées par des pouvoirs dictatoriaux pour des motifs politiques à l’encontre de fonctionnaires ou des agents de l’Etat de façon arbitraire, donne des leçons.
1- Le premier pouvoir dictatorial connu après l’indépendance de notre pays est celui du gouverneur Emile Derlin ZINSOU de triste mémoire, imposé au pouvoir par des militaires en 1968. Contre son pouvoir, il y a eu la grande grève des travailleurs et des étudiants de mai-juin 1969. Au nombre des représailles contre les travailleurs grévistes, Zinsou en plus des actes de répression policière, a fait couper les salaires. Mais à sa chute en décembre 1969, les salaires ont été rétablis avec leur rappel.
2- Mathieu KEREKOU, sa dictature installée avec la dissolution des organisations démocratiques, l’assassinat de son ministre de l’intérieur, aura recours pendant plus de 17 ans (1972 à 1990) à l’arbitraire contre les citoyens et les fonctionnaires opposés à lui. La prison ou l’exil était leur sort. A partir de 1985, les salaires des membres supposés du parti communiste arrêtés ou contraints à l’exil étaient confisqués pour le fonctionnement de la cellule de répression dirigée par les chefs tortionnaires Clément Zinzindohoué, Patrice Houssou-Guèdè, Jérôme Soglohoun, Pascal Tawè, Iréné Ogouchola. En 1989, pendant les grèves, plus de quatre cent enseignants ont été radiés.
Mais, après la chute de l’autocrate en 1989, tous les fonctionnaires radiés, emprisonnés, exilés ont eu leur carrière reconstituée avec le rappel de leurs salaires.
3- A l’avènement du pouvoir du Renouveau, sous la dictée du FMI et de la Banque mondiale, le pays était soumis au PAS, programme d’ajustement structurel. Ces bailleurs de fonds comme on les appelait et qui aujourd’hui sont proclamés partenaires techniques et financiers (PTF), avaient dicté qu’il fallait réduire la masse salariale afin de satisfaire des critères de convergence décidés par eux. Non seulement, les recrutements à la fonction publique ont été arrêtés, mais il fallait licencier des fonctionnaires déjà en poste. Après avoir institué et mis en œuvre un "départ volontaire", non satisfaits, ils ont dicté le « départ ciblé » de fonctionnaires. Plus de 1500 agents de l’Etat ont été licenciés en 1992 et 1993 au titre de ce départ ciblé.
Mais le caractère illégal de ce programme de départ ciblé, combattu par les syndicats comme la CSTB, était évident. Les luttes menées ont contraint le pouvoir de Kérékou 2, à partir de l’an 2000, à réintégrer tous ces fonctionnaires ciblés, à reconstituer leur carrière avec le rappel de leur salaire.
4- Le pouvoir dite de la Rupture, n’a-t-il pas non seulement réintégré, mais promu les acolytes de Talon, les sieurs Soumanou Moudjayidou et Pamphile Zomahoun, cités dans les affaires de tentative d’empoisonnement ou de coup d’Etat contre Boni Yayi ? Ne vient-il pas de réintégrer le juge Gbénamèto, auparavant radié ?
L’histoire instruit. Elle instruira les combattants actuels de la lutte contre la dictature autocratique de Talon dans l’acceptation nécessaire du sacrifice et de l’abnégation pour le renversement de cette autocratie et l’avènement d’un autre pouvoir, un pouvoir démocratique, patriotique et de probité.
René
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