Déménagement et changement de nature de l’institut français et construction de la résidence du chef de l’Etat
TALON SE MET SOUS HAUTE PROTECTION DE L’IMPERIALISME FRANCAIS

 

Dans le journal La Nation du 26 septembre 2022, on apprend que : « Situé à Avenue Jean-Paul II, entre l’ambassade de France et la présidence de la République, l’Institut français du Bénin sera bientôt relogé à Zongo. De plus, il change de nom et devient : Institut franco-béninois. Face à la presse, samedi 24 septembre dernier, le conseiller du chef de l’Etat, José Pliya, l’ambassadeur de France, Marc Vizy, ont évoqué les grandes composantes de ce nouveau partenariat entre leurs deux pays. « En aout 2022, quand ma prédécesseur était en fin de mission elle a été reçue par le président Patrice Talon qui lui a dit que le Bénin avait des projets urbanistiques pour cette zone. Il va y avoir la construction de la résidence officielle du chef de l’Etat qui sera non loin de la présidence afin qu’il puisse y recevoir des hôtes étrangers, faire des manifestations. »


Qu’est-ce qui peut expliquer des décisions de soumission aussi graves de nos cultures et de notre dignité par Talon à la France coloniale ? Tenez !
Dans une déclaration en date du 10 juin 2022, intitulée « Rencontre entre les ambassadeurs de l’UE et des USA, les présidents de l’Assemblée nationale, le président Soglo et Patrice Talon : un complot en préparation contre le peuple comme en 1989-1990 », le Parti Communiste du Bénin concluait :


- De façon objective, le pouvoir de la Rupture est en faillite totale, faillite au plan économique, faillite au plan sociale, sa gouvernance chaotique et prédatrice a plongé la population dans la famine, et se trouve le dos au mur ; tel le pouvoir de Kérékou en fin de parcours en novembre 1989.
- « Désormais tous les actes posés par le pouvoir de la Rupture sont dictés par l’Élysée et notre pays est géré en tutelle (sinon en régie directe) de la France qui gère notre vie quotidienne. »,


Ensuite , dans une lettre ouverte en date du 16 août 2022 « à propos de la défense de nos cultures » de Philippe Noudjènoumè, 1er Secrétaire du PCB, Président de l’APP (Alliance Pour la Patrie), après avoir dénoncé le contenu anti-patriotique des projets culturels du Président Talon et proposé des mesures précises, a conclu : « Mais si, comme il est de coutume, vous ignoriez ces demandes patriotiques, vous auriez démontré que votre patriotisme affiché n’est qu’un faux patriotisme, un patriotisme de pacotille, que vous êtes en réalité un agent des Colonisateurs français en charge de la continuation de la destruction de nos cultures et en tant que tel, méritera la place réservée par l’Histoire à de tels personnages. Ce qui serait dommage ! »


De ce qui précède, force est de constater, face aux décisions publiées dans la Nation du 26 septembre 2022 que Patrice Talon, poursuit dans la soumission à l’impérialisme français, non seulement sur le plan culturel, mais également sur le plan de sa vassalisation totale.


En effet, on se souvient que lors de la conférence de presse organisée à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron à Cotonou le 27 juillet, Patrice Talon a déclaré : « Nous sommes en train d’investir actuellement près de 2 milliards d’euros pour créer un environnement culturel touristique, artisanal, artistique… qui « conviendrait parfaitement à une nouvelle expression du rayonnement français dans la sous-région notamment au Bénin … Créer le quartier créatif culturel qui comprend l’Institut français d’une nouvelle envergure, mieux que ce qui est là actuellement, plus ambitieux et comportant également une villa genre Médicis et de résidence pour les artistes… Faire de Cotonou une scène sur laquelle le rayonnement de notre culture commune s’exprimerait davantage pour créer un autre pôle de développement. »


En déménageant l’institut français à Zongo, et en le transformant en Institut franco-béninois, on voit bien que c’est le plan de « rayonnement français qui est en cours ». Il est infamant qu’au moment précis où les peuples africains renouent avec une nouvelle prise de conscience et de prise en charge de soi, on assiste au Bénin, le pays de Béhanzin, de Kaba et de Bio Guèra, à de telles énormités. Alors que notre culture est niée par l’impérialisme français, que nos langues nationales sont niées et piétinées depuis la colonisation par ce dernier, la préoccupation de notre peuple ne peut pas être le travail pour le rayonnement de l’influence et de la culture française mais la libération et l’affirmation de notre culture et de nos langues et leur rayonnement international.


De même, en décidant de construire une résidence du Chef de l’Etat à la place de l’Institut français, la Présidence de la République va partager un mur mitoyen avec l’Ambassade de France. Or, le domaine d’une ambassade jouit de l’extra-territorialité ; une ambassade fait partie du territoire du pays représenté. L’Ambassade de France au Bénin est un territoire français. En construisant la résidence du Chef de l’Etat du Bénin avec des murs mitoyens à l’Ambassade de France, Talon devient un voisin immédiat de l’Ambassadeur de France. Et toute contestation contre le Président du Bénin face à sa Résidence peut être objectivement considérée comme une menace contre un territoire français et son personnel : Objectivement, Talon se met sous la protection de l’impérialisme français.


Ensuite, compte-tenu du rapport de force logistique, militaire et politique, la Présidence de la République deviendra une annexe de l’Ambassade de France au Bénin. Jamais dans aucun pays on n’a vu pareille situation. Même quand il s’agit d’un pays ami, on prend un minimum de précaution ; à plus forte raison quand il s’agit de la France, un pays qui nous opprime, qui nous empêche de respirer et qui empêche notre épanouissement et notre développement. Même les valets des premières heures des indépendances de 1960 ont gardé un minimum de distance entre les palais de la Présidence et les locaux de l’Ambassade de France construite à proximité. Même si selon des témoignages avérés, les deux résidences sont reliées par des tunnels (couloirs souterrains) pour des contacts secrets et comme issues de secours des valets contre la colère populaire. Ici, Talon ne veut même plus garder cette distance formelle. La seule justification d’une telle décision insultante et avilissante pour notre pays est que Talon se sait complètement isolé du peuple qu’il opprime et affame et cherche refuge auprès d’une Ambassade étrangère, l’Ambassade de France. Talon se met effectivement sous haute protection de l’impérialisme français.


A un moment où se pose le problème de libérer notre peuple des griffes de la France, où les Africains sont vent debout contre les agissements des impérialistes en Afrique, transformer l’Institut Français en Institut franco-béninois pour le rayonnement de la France et transformer la Présidence de la République en Annexe de l’Ambassade de France au Bénin sont une provocation que le peuple en lutte relèvera à coup sûr.


Rémy

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