Montée des mouvements sociaux en Europe
L’expression d’une crise profonde

 

Depuis quelques temps, après la pandémie de la Covid-19, des manifestations d’ordre social secouent le continent européen. En France, en Angleterre, en Italie et dans plusieurs autres pays de l’Europe, les masses populaires protestent contre les nouvelles mesures que les dirigeants leur imposent ; profitant de la guerre qui oppose la Russie et l’OTAN et qui se déroule en Ukraine. Ces protestations prennent la forme de grève ou de manifestations dans la rue pour se faire entendre.


En effet, tandis que les rapaces capitalistes des grands monopoles profitent de la crise pour s’engraisser, les travailleurs continuent de subir la dégradation de leurs conditions de vie. En France par exemple, « les salaires, pensions et allocations ne suffisent plus, aujourd’hui, pour faire face aux différentes Hausses : +8% dans l’alimentaire, +15% pour les transports et +22% pour l’énergie. » A côté de cela, « un récent rapport de l’Ires (Institut de recherches économiques et sociales) chiffre le montant exorbitant des aides reçues par les entreprises à 205 milliards d’euros l’équivalent de près de 8,5 % du PIB, ou encore de 41 % du budget de l’Etat ». En y ajoutant les bénéfices exorbitants engrangés lors de la guerre en Ukraine, tout ceci permet aux grandes entreprises de verser des dividendes colossaux aux actionnaires, et des rémunérations scandaleuses aux grands patrons surtout au niveau des secteurs énergétiques.


Cette nouvelle situation a conduit le 27 septembre 2022 à un mouvement de grève dans le secteur de la raffinerie. Le blocage des raffineries a eu pour conséquence le manque d’essence dans les stations de service. La crise énergétique s’est installée avec pour conséquence l’arrêt de 26 réacteurs nucléaires. Confrontés à cette situation nouvelle, plusieurs secteurs professionnels rentrent dans la danse. Ainsi, Le 5 octobre 2022 les transports à Dijon sont arrêtés. Au lendemain de ce mouvement, l’aéroport de Beauvais, la fonction publique territoriale, la Petite enfance se joignent à la grève. Les 07, 10 et 11 octobre 2022, c’est le tour respectivement des Bus de Metz, d’Aix-en-Provience et Saint-Nazaire. Le 14 octobre, les internes en médicine eux-aussi déclenchent une grève. Tous ces secteurs regroupés au sein de l’inter-syndicale appellent à une grève interprofessionnelle le 18 octobre 2022 qui s’étend dans les lycées ainsi que dans les cliniques et EHPAD privés. Une mobilisation générale ébranle la France. Selon la Confédération Générale du Travail (CGT), il y a eu plus de 150 points de rassemblements pour le mouvement de débrayage. Que ce soit dans les raffineries, l’agroalimentaire, les crèches, les transports publics, l’énergie et le nucléaire, les organismes sociaux, les banque-assurances, les services informatiques, la maintenance industrielle, l’éducation, la santé, le commerce, la métallurgie… les salariés de très nombreux secteurs se sont mobilisés pour revendiquer la relance du rattrapage des salaires, des augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, des emplois de qualité. Les jeunes se sont joints au mouvement pour exiger l’amélioration de leurs conditions de vie et d’études ainsi que pour une réforme ambitieuse en ce qui concerne les bourses. Tous ces mouvements réclament la fin de l’inflation, une meilleure répartition des richesses créées par les travailleuses et travailleurs et dénoncent des milliards d’euros de dividende versés aux actionnaires et l’arrêt des mesures de réduction du droit de grève.


En Angleterre, la situation est analogue. Le Royaume-Uni membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans la guerre en Ukraine est ébranlé par une crise. La Livre sterling chute et perd de la valeur. La crise énergétique et l’explosion de l’inflation s’installent. Face à cela, les principaux syndicats du rail britannique ont décrété le 1er octobre 2022, une journée de grève. Le trafic ferroviaire dans le pays est paralysé. Le mouvement « Don’t pay » qui signifie « ne payez pas » nait et prend de l’ampleur face à la flambée des prix. Le climat politique et économique est tendu. Plus de 200.000 Britanniques ont déjà rejoint le mouvement « Don’t pay. » Le samedi 15 octobre 2022, des protestataires ont brûlé des factures en pleine rue. Ils dénoncent l’inflation et la hausse des prix de l’énergie et exigent la réduction des factures d’énergie « à un niveau abordable », la fin des compteurs à prépaiement car « les compteurs à prépaiement signifient que les plus pauvres de la société paient le plus pour leur énergie et sont automatiquement coupés s'ils ne peuvent pas se le permettre » et « un tarif social d’urgence pour que « personne n’ait froid cet hiver ». Une manifestante qui estime devoir rejoindre le mouvement déclare : J’ai grandi en vivant sous le seuil de pauvreté et c’est maintenant sûr que dans ma région, le Yorkshire, et aussi dans ma famille, nous allons revenir à cette pauvreté à cause des prix de l’énergie et du coût de la vie », « le chauffage d'une boîte de haricots ne devrait pas coûter le même prix que le chauffage d'une piscine», précise un autre manifestant. Un ancien employé du secteur du logement, un quinquagénaire interviewé dit : « Ce n’est pas que les gens ne veulent pas payer, c’est qu’ils ne peuvent pas payer. C’est la dure réalité pour la plupart d’entre nous. » On peut lire sur les pancartes que les manifestants brandissent à Londres “Soutenez les grèves", "Gelez les prix, pas les gens" ou encore "Des impôts pour les riches". Les ménages britanniques font face à une inflation de près de 10 % et s’inquiètent de savoir s’ils pourront se chauffer ou payer leur prêt immobilier pendant l’hiver qui arrive.


Toutes ces manifestations qui ébranlent l’Europe, montrent un rejet de la guerre de l’OTAN en Ukraine qu’attisent les dirigeants européens dans leur soumission servile à l’impérialisme américain, d’une part et de l’autre, le refus des peuples européens d’en payer les conséquences. Tout cela a contribué à élargir le fossé entre les dirigeants et leurs peuples.


C’est une grande contradiction qui remet en cause la politique de gouvernance sociale et économique de l’Europe et entraine une crise politique dans plusieurs pays.


C’est le cas aussi bien en France qu’au Royaume-Uni. En France, c’est la marginalisation du parlement avec l’utilisation de mesures exceptionnelles pour faire passer les lois avec le fameux article 49.3.


Au Royaume-Uni, on assiste carrément à une crise gouvernementale avec quatre ministres des finances en trois mois et la démission du premier ministre, 44 jours après sa nomination.


Les travailleurs et les peuples doivent poursuivre hardiment leurs luttes pour en finir avec ce hideux système capitaliste et ses conséquences.
Afia

 

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