LEçONS D'UN HOLD-UP électoral
COMBATTRE ET RENVERSER LA NOUVELLE AUTOCRATIE POUR LE Développement Accéléré ET HARMONIEUX DU Bénin
Editorial
Cotonou, avril 2011 Les élections présidentielles de 2011 au Bénin sont terminées. Les résultats, proclamant le tyran et corrompu Boni YAYI vainqueur dès le premier tour à plus de 53% des voix, ont consacré dans la forme comme dans le fond la victoire de la fraude et de l’imposture, et couvert de honte le pays tout entier. Les auteurs de cette parodie d’élection ont mobilisé tout l’arsenal répressif de l’Etat (l’armée, la police, la justice, la presse) et les tenants des intérêts étrangers pour imposer par la force les résultats du hold-up électoral.
Mais, l’imposture reste l’imposture et la mobilisation de la force armée contre les travailleurs et le peuple protestataires indique de façon plus crue et plus hideuse la nature du pouvoir en place au Bénin : une autocratie. Partout s’élèvent des cris et encouragements à la résistance populaire. Le peuple se trouve face à un problème connu de lui, qu’il pensait avoir résolu en 1989-1990 et dont la résurgence pose des tâches à la mesure de ses exigences actualisées avec l’évolution de l’éthique universelle.
La révolution est plus que jamais à l’ordre du jour en tant que question posée et à résoudre. Le Parti Communiste du Bénin, longuement éduqué par son chef historique, Pascal FANTODJI disparu il y a juste un an, a su prendre ses responsabilités dans la poursuite des combats pour l’émancipation des peuples du Bénin. Confiant que les travailleurs et le peuple triompheront à coup sûr du nouvel autocrate imposteur, le Parti Communiste du Bénin entreprend, par les présents papiers, une analyse de la base sociale de ce pouvoir, de ses projets catastrophiques pour le pays et appelle à la révolution pour le renversement de ce nouveau pouvoir de la honte et l’instauration du pouvoir des travailleurs et des peuples.
I- Revue d’une imposture programmée
1.- Les élections présidentielles de 2011 au Bénin se sont tenues après les célébrations du cinquantenaire des indépendances de 1960 et du vingtième anniversaire du régime du Renouveau Démocratique issu de la conférence nationale de février 1990. Ces célébrations ont donné lieu à tous les niveaux à des bilans dont les conclusions essentielles, évidentes consistent en ce fait que notre pays demeure dans l’arriération, à la queue du progrès social et que son économie continue d’être une économie de traite coloniale au service des puissances étrangères notamment l’ancienne puissance colonisatrice : entraves à l’industrialisation ; production et exportation de matières premières ; importation des produits manufacturés ; domination monétaire et financière ; hégémonie linguistique, culturelle de l’ex-colonisateur.1 Cinquante ans après l’indépendance, le pays demeure dans les liens du pacte colonial2, stagne dans le sous-développement, la pauvreté et la misère. Quant au régime du Renouveau Démocratique, il a sombré dans la corruption et l’impunité au sommet de l’Etat, accentuant le désarroi moral de la jeunesse et des populations3. La gouvernance demeure celle de pouvoir prédateur, de pillage, de corruption et répondant pour l’essentiel des directives de l’extérieur et pour des intérêts étrangers. Nos langues et cultures sont piétinées et réduites au rang de folklores.
Tous ces maux, la corruption, l’apatridie et l’impunité au sommet de l’Etat, semblent avoir cumulé à des niveaux jamais atteints sous le règne de Boni YAYI. Avec ce dernier, ce ne sont plus seulement les caisses de l’Etat qui sont pillées et dilapidées, mais également l’épargne privée des citoyens comme l’a révélé l’affaire ICC et consorts où pendant plus de quatre ans, avec la complicité et l’aval des autorités publiques, y compris le chef de l’Etat, des populations ont été dépouillées de centaines de milliards de francs CFA.
Déjà à la même époque, dès le début de son règne, le couple YAYI-KOUPAKI avait mis en œuvre une autre vaste opération d’escroquerie. C’était contre les opérateurs économiques prestataires de service à l’Etat. En janvier 2007, KOUPAKI, alors ministre chargé des Finances, exigeait que les prestataires de service, pour recouvrer leurs créances à eux dues par l’Etat, passent obligatoirement par le biais d’une société privée, la SOAGA à qui ils devraient accepter de laisser 20% du montant de leurs créances. Le pire, c’est que la SOAGA utiliserait les services de la Direction Générale du Trésor chargés du traitement et de la liquidation de la dette publique mais empocherait les sous. L’arnaque, imaginée par nos financiers de la BCEAO promus au sommet de l’Etat, dépassait l’entendement. La SOAGA devait empocher les sous, comme une rente à elle accordée sur le dos des opérateurs économiques du seul fait de la volonté et du «bon plaisir» du prince régnant Thomas Boni YAYI. Mais les protestations des petits opérateurs économiques, celles des travailleurs de l’Administration du Trésor ainsi que le tollé de l’opinion publique ont fait reculer Boni YAYI et fait échouer ce flagrant hold-up financier. Mais le signal était clair : désormais plus que par le passé, les prestataires de services devront accepter de se faire plumer au profit direct de Boni YAYI avant d’avoir les marchés.
A chaque scandale, et ceci contrairement aux pouvoirs précédents du Renouveau, Boni YAYI ordonnait l’interdiction des protestations populaires et lançait la police voire l’armée contre des manifestants pacifiques.4 Plus tôt, des tueries de paisibles citoyens (comme au carrefour Gbèna à Ouidah), des fusillades de passants inermes qui n’obtempèrent pas rapidement au signal de la garde présidentielle (carrefour Cadjèhoun à Cotonou) ou contre les étudiants sur le campus d’Abomey-Calavi ou encore contre des paysans (ceux du Plateau) ont indiqué que l’homme du « changement » était un tyran qui entendait gouverner par la terreur. Les médias étaient achetés pour chanter les louanges du nouveau Roi. En plus des révolutionnaires, des communistes et des patriotes, tous les autres opposants sont exclus d’antenne. Les préfets sur commande interdisent leurs manifestations sur leur territoire.
Bref, ce pouvoir de Boni YAYI concentrait tous les maux qui ont entrainé la stagnation du pays depuis cinquante ans et l’inertie du régime du Renouveau depuis vingt ans.
2.- En février 2010, Boni YAYI reconnaissait ouvertement la faillite financière de l’Etat, ceci en réponse aux exigences matérielles des enseignants de l’université. L’alternative indiquée par lui à cette occasion est la mise sous tutelle plus complète du pays aux puissances étrangères à travers le FMI et la Banque Mondiale dans l’attaque plus féroce des acquis sociaux des travailleurs, de la jeunesse et des peuples.
Le pouvoir mettra effectivement en œuvre cette politique avec la remise en cause du paiement des acquis de primes des fonctionnaires de maints ministères, la braderie, en dépit et contre la volonté des opérateurs économiques nationaux et des travailleurs, des entreprises stratégiques (Port, OCBN, Bénin-Télécom) à des groupes monopolistes français (Bolloré, Bouygues, etc.) en exécution de la volonté de l’impérialisme français de s’assurer le contrôle direct du corridor d’évacuation que constitue notre pays pour les minerais d’uranium, de pétrole et autres du Niger. Les opérateurs économiques nationaux sont d’ailleurs systématiquement exclus des opérations de privatisation des entreprises publiques comme dans le cas de Bénin-Télécom où il est dit dans l’appel d’offre que le repreneur principal dit stratégique doit être un groupe étranger. Par cette formule, les secteurs vitaux du pays, l’avenir de la jeunesse sont remis dans les mains de décideurs étrangers.
Par cette politique renforcée d’apatridie, Boni YAYI approfondissait les contradictions entre son pouvoir et davantage de couches de la population depuis les travailleurs salariés jusqu’aux bourgeois nationaux en passant par la jeunesse qui pouvait ressentir que son avenir se trouvait hypothéqué.
La question du pouvoir était ouvertement posée non seulement formellement par l’échéance constitutionnelle d’avril 2011, mais également et surtout parce qu’il fallait une autre politique, une autre gouvernance pour le pays. C’est dans ces conditions que les représentants de toutes les classes et couches sociales devaient se positionner5.
3.- Boni YAYI, dès son élection en 2006, avait fait de sa réélection en 2011 la ligne centrale de ses actions. Il en était obnubilé. Son règne aura été une campagne électorale permanente entreprise dès le départ par lui et ses collaborateurs qui devaient, sous peine de limogeage, s’inscrire dans cette ligne. Les ministres n’avaient pas d’autonomie et devaient se soumettre aux choix par la Présidence des membres de leur cabinet. Les alliances politiques avec les autres partis hauts-bourgeois (PSD, RB, MADEP, Force-Clé) pour le porter au pouvoir en 2006 contre le PRD ne pouvaient résister à cette volonté de phagocytose. Dès avant les élections législatives de 2007, ces alliances sont rompues dans les faits et Boni YAYI se lança dans une campagne des plus brutales pour se donner une majorité absolue au Parlement.
Les élections politiques ont toujours été truquées au Bénin du Renouveau avec la corruption et la souillure des électeurs pour couvrir la fraude. Gagne celui qui a le mieux et le plus fraudé et, de fait, celui qui contrôle les structures chargées de l’organisation du scrutin. C’est ce qu’a reconnu cyniquement Albert TEVOEDJRE en 2010 au Colloque du Dixième anniversaire de la mort de Mgr de SOUZA. Boni YAYI ajoutera à la fraude la terreur ainsi que la propagande régionaliste et ethnocentrique ouverte. Les régions qui ne soutiendraient pas le nouveau chef de l’Etat étaient menacées de représailles sous la forme d’exclusion des investissements sociaux et économiques « pendant dix ans » entendait-on de la bouche de ministres et des zélateurs du nouveau despote. Chaque élection était un test et elle devrait être à tout prix gagnée pour assurer le contrôle sans faille de tous les rouages de l’appareil d’Etat. La presse doit être contrôlée et manipulée. La cellule de communication de la Présidence a transformé la télévision d’Etat en une agence de presse au service de la propagande pour la personne de Boni YAYI ; les médias privés ont été achetés à prix d’or sur fonds publics.
Aux élections législatives de 2007, la CENA a été transformée en un champ clos de combat et son président destitué et remplacé à 48 heures du vote. Boni YAYI lui-même, usant des attributs et des moyens de l’Etat, passait de maison en maison pour aller corrompre jusqu’à leur domicile les électeurs.
Le nouveau chef d’Etat n’obtint pas sa majorité absolue. Mais, ses soutiens notamment le vieil autocrate KEREKOU arrivèrent à lui rabattre les éléments de leurs réseaux (Issa SALIFOU et autres DAYORI, etc.) pour permettre le contrôle de la présidence et du bureau du Parlement par sa mouvance. L’élection de ce bureau montra une nouvelle facette de la brutalité de l’homme du changement. Des députés « achetés » étaient «contraints» de se déclarer absents, de délivrer une procuration à des mains plus sûres et étaient séquestrés jusqu’à la fin du vote. Les députés, censés être des honorables représentants du peuple étaient ainsi instrumentalisés de même que le Parlement qui ne pouvait fonctionner qu’à la condition de faire la volonté du chef de l’Etat. Ainsi, lorsque la mouvance aura perdu la majorité à l’Assemblée Nationale, celle-ci tournera pratiquement à vide pendant plus de trois ans, avec des sessions entières sans le vote de la moindre loi à cause de la volonté de Boni YAYI et de son homme de main Mathurin NAGO de s’imposer à la majorité des députés.
La même boulimie du contrôle de tous les canaux du pouvoir sera observée avec les élections municipales de 2008. Entretemps, la mouvance présidentielle s’est structurée en les Forces Cauris de diverses couleurs et de diverses nuances. Partout où ses candidats, jusqu’au niveau du village ou du quartier de ville, n’étaient pas déclarés vainqueurs, les élections étaient, avec la complicité de la Cour Suprême, reprises. Pendant plus de deux ans, de 2008 à 2010, on assistait encore à des reprises des élections municipales et communales dans le pays.
4.- Une conclusion apparaissait alors évidente : Boni YAYI fera tout pour se faire déclarer vainqueur aux élections présidentielles6. C’est cette conclusion que le Parti Communiste du Bénin s’est évertué à partager avec tous ceux qui voulaient et pensaient le départ du tyran escroc et apatride Thomas Boni YAYI. On doit reconnaître que le Parti Communiste n’a pas réussi à le faire tant les illusions électoralistes, reprises et propagées à foison par les hauts- bourgeois étaient ancrées, tant les mensonges et flatteries paternalistes des puissances extérieures sur l’alternance par le biais uniquement des élections étaient assourdissants, tant le soulèvement populaire pour chasser un despote apparaissait et était présenté par elles comme non légitime, non légal et impossible.
Les partis de l’opposition haute-bourgeoise (Union fait la Nation et autres Coalition ABT) répétaient ces arguments (en y ajoutant que le soulèvement populaire était nécessairement source d’hécatombe humaine à éviter à tout prix) et berçaient d’illusions les travailleurs et les masses populaires. Pour eux, l’option du soulèvement populaire serait une aubaine offerte au Parti communiste du Bénin. Ils concentraient toutes leurs actions et propagande autour seulement des problèmes de forme de l’organisation des élections. Au premier point de ces problèmes, il y a la fameuse Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI). La LEPI est présentée comme la panacée contre la fraude électorale parce que censée empêcher les votes multiples, les votes des mineurs, des défunts et des étrangers, etc. Or, la LEPI n’empêche pas les votes multiples organisés par celui qui contrôle cette liste, fut-elle informatisée. La LEPI n’empêche pas la falsification des procès-verbaux, les manipulations des opérations de saisie, les tricheries des hommes des différents organes chargés du scrutin depuis le village jusqu’à la Cour Constitutionnelle. En fait, la LEPI transfère et concentre les possibilités de fraude dans les seules mains de celui qui contrôle l’élaboration et l’administration de la liste. Auparavant, au moment où les listes étaient manuellement confectionnées, chaque chef de village ou de quartier de ville, chaque chef d’arrondissement pouvait inscrire qui il voulait et les faire voter au moment opportun. Les membres des bureaux de vote et des démembrements de la CENA prenaient la suite. Les partis politiques de la haute-bourgeoisie achetaient les services de ces agents ainsi que ceux des éléments des démembrements de la CENA pour la fraude. L’élaboration d’une liste centralisée enlève les possibilités de manipulation directe des mains des chefs de village ou de quartier de ville et des démembrements de la CENA, mais pas de celles de qui contrôle la gestion de cette liste.
On a ramené, avec la LEPI, une question politique et éthique à une dimension uniquement technique. La lutte contre la fraude, comme contre la corruption, est d’abord politique. La technique doit être au service de la solution politique. Cette solution, à l’ère de la démocratie et pour la démocratie doit consister en le contrôle populaire de l’organisation des élections. Examinons à titre d’exemple l’organisation jusqu’à ce jour des élections professionnelles. Ici, les centrales syndicales désignent chacune au niveau de chaque unité de production un comité qui établit la liste des électeurs, contrôle le scrutin, proclame les résultats sectoriels, les transmet au comité national qui assiste à la saisie et à la centralisation. Ce sont donc les travailleurs et leurs centrales syndicales elles-mêmes qui constituent la cheville ouvrière de l’organisation des élections. Les plus importantes tentatives de contestations et de manipulations des résultats ne sont venues que du ministre chargé du Travail, représentant du pouvoir d’Etat qui, soit a restreint le champ des électeurs pour favoriser ses éléments opportunistes, soit a refusé de proclamer le gagnant. On se souvient que la CSTB a dû appeler à une grève et à des manifestations de rue pour obliger le pouvoir de KEREKOU à proclamer ces résultats. Les élections professionnelles sont transparentes uniquement parce que les travailleurs et leurs centrales syndicales ont une grande part dans l’organisation et le contrôle, et ce contrôle s’effectue de bas vers le haut. Le jour où il sera décidé que ces élections seraient réalisées par un organe dit « autonome » ou « indépendant » au dessus des votants à la base, alors sera déclaré vainqueur celui que le contrôleur de cet organe aura voulu.
Aujourd’hui, les élections politiques sont organisées par des structures dont les membres sont désignés par ceux qui contrôlent déjà l’appareil d’Etat : le gouvernement et les députés à l’Assemblée Nationale. Ce sont ces deux organes qui désignent les membres de la Cour Constitutionnelle, de la Cour Suprême, de la HAAC, de la CENA et des démembrements. Même si la CENA devenait un organe constitutionnel permanent comme les autres, cela ne changerait rien au problème, au contraire ! L’expérience montre bien que les membres de ces organes dits « autonomes » ou « indépendants » ne sont en fait qu’en mission de leurs commanditaires. Pire, maintenant, l’outil premier de ces élections, la liste électorale (LEPI), est financé, élaboré et maîtrisé par des experts des puissances extérieures. Les vainqueurs des élections seront toujours désignés parmi les plus favorables aux intérêts de ces puissances étrangères. Il ne sera jamais pris en compte la cause des travailleurs et des peuples que lorsque ceux-ci auront balayé ce système et mis en place leurs propres organes.
5.- La victoire proclamée de Boni YAYI n’est donc pas fortuite. Elle rappelle celles de KEREKOU en 1996 sur SOGLO et en 2001 sur SOGLO et HOUNGBEDJI. On aura vu la Cour Constitutionnelle, structure faîtière des élections présidentielles, manipuler les chiffres pour en arriver au résultat préétabli. Toutes les considérations d’ordre juridique, éthique avaient été alors piétinées et balayées. En 2006, le rejet de KEREKOU empêtré dans les scandales et physiquement diminué mais qui voulait pourtant se succéder à lui-même a occulté les manipulations frauduleuses au profit de Boni YAYI. Mais, tout le monde sait que ce dernier a bénéficié du réseau de mafieux et de fraude mis à son profit par KEREKOU en complicité avec l’impérialisme français. C’est également les groupes monopolistes français notamment Bolloré qui auront payé les sommes nécessaires à l’achat des voix de ralliement des SOGLO, Bruno AMOUSSOU et autres au second tour.
Boni YAYI sait donc que pour se succéder à lui-même au détriment de ses adversaires et contre le peuple, il lui faut trois choses : œuvrer coûte que coûte pour la tenue des élections ; avoir la caution des impérialistes notamment français ; se constituer un trésor de guerre pour acheter les organisateurs et exécutants de la fraude.
Pour le premier point, Boni YAYI pouvait compter sur ses adversaires hauts-bourgeois pour propager les illusions électoralistes. Pour la constitution d’un trésor de guerre, Boni YAYI a organisé la mise à sac en règle du trésor public, l’organisation du rançonnement des opérateurs économiques et des fonctionnaires des milieux financiers à qui des marchés et des postes ne sont accordés que contre versement de ristournes et de rentes régulières . C’est ainsi que les affectations des douaniers par exemple s’effectuent au Palais de la présidence et les postes «juteux» sont en fait vendus moyennant le paiement de rançons. En ce qui concerne la caution des impérialistes notamment français, il se sait en compétition avec les autres, notamment Adrien HOUNGBEDJI et Abdoulaye BIO TCHANE. Mais dans le domaine de l’apatridie, il dispose d’un avantage sur eux. Il est au pouvoir. Alors que les autres ne peuvent faire que des promesses et donner des gages de leur fidélité que pour l’avenir, lui au pouvoir, peut démontrer sa servilité tout de suite : livrer chaque jour ce que les impérialistes exigent de lui : le Port, l’OCBN, les Télécommunications, la signature d’accords d’asservissement, le maintien des liens coloniaux avec des pactes ouverts ou secrets, etc. Il a poussé la mainmise des impérialistes sur notre pays jusqu’à l’état d’une « République Bananière », jusqu’au ridicule où par exemple, tout responsable français en visite officielle à Cotonou est élevé au rang de Grand Croix. En retour, les impérialistes français ont tout fait pour permettre le hold-up électoral. Tous les réseaux et sectes sous leur contrôle ont été mobilisés et instruits pour accomplir le sale boulot.
Robert DOSSOU, l’homme du complot de 1990, à la tête de la Cour Constitutionnelle, jouera les premières partitions pour empêcher toutes modifications des règles électorales défavorables à la fraude au profit de Boni YAYI. Même la nécessité de démission du Président/candidat dès sa déclaration de candidature a été rejetée par la Cour de DOSSOU. Il n’y avait plus de Constitution en tant que telle, mais la volonté de Robert DOSSOU au profit de la réélection de Boni YAYI. La Cour pouvait ainsi juger les lois non plus selon la Constitution, mais même selon des projets de révision constitutionnelle ou selon ses propres décisions érigées en autorité de la chose jugée ! 7 Toutes les contestations de la LEPI truquée et tronquée seront rejetées, privant des centaines de milliers de citoyens du droit de vote. La LEPI sera déclarée unique base pour l’élection présidentielle malgré les graves défauts relevés par tout le monde. Le Bénin innovera et étonnera le monde en organisant des élections présidentielles sans une liste d’électeurs connue d’avance, sans une liste fixée de bureaux de vote.
Les masses contestataires seront violemment réprimées. Les centrales syndicales entrèrent en lice avec les travailleurs. Les barons, gardiens du système de fraude se mettront en avant pour duper les populations. ZINSOU d’abord, KEREKOU ensuite joueront, à cet égard, des rôles funestes à la mesure de leur réputation de présidents despotes. ZINSOU s’interposera en médiateur pour une loi dérogatoire à la LEPI afin de permettre l’usage du droit de vote à tous les citoyens. L’ex-président SOGLO se prêtera au jeu dans l’objectif « de faire baisser la tension ». Mais à la charge, l’audit promis sur la LEPI restera un gros bluff ; tout le monde observera que la loi dite dérogatoire ne permettait ni l’intégration des centaines de milliers de citoyens, ni la résolution du problème de la publication à l’avance de la liste des électeurs et des bureaux de vote. A une semaine de la date des élections après un premier report du 28 février au 13 mars, la confusion était totale et aucun être ayant quelque respect de la souveraineté du peuple ne pouvait cautionner, encore moins appeler à aller voter dans ces conditions. La majorité des candidats, adversaires de Boni YAYI, étaient obligés d’appeler encore à un nouveau report du scrutin. Le PCB appela au boycott pendant que les organisations dites de la société civile estimaient à au moins un mois le délai nécessaire pour la réunion des conditions quelque peu acceptables du scrutin.
ZINSOU est encore mis en selle pour proposer un soi-disant Comité de Personnalités dont le rôle est de cautionner l’imposture, et devant l’échec de cette tentative, lui-même appela au vote du 13 mars sans convaincre ses frères de classe hauts-bourgeois candidats. KEREKOU est rappelé au secours, se mit alors au devant de la scène et, dans un communiqué le mercredi 09 mars, appela à voter le 13 mars. Le mot d’ordre du vieil despote destiné à ses réseaux de mafieux dispersés dans tous les clans de la haute-bourgeoisie déstabilisera les groupes de l’Union fait la Nation (UN) et des Coalitions et Alliances ABT qui revinrent sur leur exigence de report du scrutin. Tous les obstacles sont levés pour la réalisation du hold-up électoral.
6.- La campagne électorale s’est déroulée dans cette confusion et cet imbroglio. Bien avant cela, sous l’instigation directe de l’impérialisme français dont l’Ambassade au Bénin avait le commandement des opérations dans l’intimidation des opposants ainsi que le contrôle des journalistes et de la presse privée, Robert DOSSOU avait invalidé de façon arbitraire la candidature de Philippe NOUDJENOUME présentée par le Parti Communiste du Bénin et soutenue par le PSD Bélier et le Parti des Verts. Les impérialistes pensaient par là réduire l’envergure de la campagne du PCB pour le pouvoir des travailleurs et des peuples et le combat frontal et concret contre la fraude 8.
Après la Cour Constitutionnelle, avec l’ouverture de la campagne électorale, la HAAC avec Théophile NATA entra en jeu. Elle interdit, sous « couvert d’injures et d’atteintes à la paix et à l’unité nationale », l’évocation et la critique pendant la campagne électorale des forfaitures de Boni YAYI. Les affiches de l’UN évoquant les scandales de la CEN-SAD, des machines agricoles, de ICC-Services, de l’avion présidentiel, de l’enlèvement de DANGNIVO sont arrachés et détruits par la police et des escouades de l’armée. L’évocation de ces crimes économiques et politiques par les opposants était interdite de reportage par les mass-médias pendant que toute la presse reportait les déclarations de Boni YAYI relatives non seulement à ses «réalisations» mais également à ces justifications et explications par rapport à ces scandales. Résultat : tous les autres étaient muselés, un seul avait le droit et la liberté de parole.
Après la proclamation du hold-up, la HAAC interdit la publication de tout propos contestataire des résultats et menace de suspension tout organe de presse, et de répression tout journaliste reprenant de tels propos. On voulait contraindre le peuple à se taire et à acclamer l’imposteur comme aux heures sombres de l’autocratie de KEREKOU où un seul son de cloche avait droit de cité et de légalité à travers le journal « EHUZU » et la Radio-Télévision de ORTB.
Revenant à la campagne et au scrutin, Joseph GNONLONFOUN, président du Parti Ensemble d’Albert TEVOEDJRE, piétine toutes les formes pour conclure à la proclamation de la victoire de Boni YAYI au premier tour9. Il valida le cafouillage, la non disponibilité des listes des électeurs et des bureaux de vote avant le vote. Le président de la CENA ajouta sa note personnelle. Ainsi, le 13 mars, pendant que se déroulait déjà le vote, le Président de la CENA annonce par un communiqué radiodiffusé l’autorisation de « générer » par les responsables des CEA et CEC de nouveaux bureaux de vote. Les centres de vote parallèles frauduleux étaient ainsi légalement couverts.
Toutes les autres anomalies constatées sur le terrain à savoir les votes multiples, les bulletins pré- tamponnés, les bureaux de vote fictifs, les cantines contenant les procès-verbaux non cadenassées et non scellées, toutes ces manifestations de fraudes et d’irrégularités ont été balayées du revers de la main sous la direction de Joseph GNONLONFOUN à la tête d’une CENA divisée et inoffensive. Le magistrat Joseph GNONLONFOUN, de son bureau, sans validation de la synthèse des résultats par une quelconque plénière, donnera le 17 mars, sans le nombre des inscrits et le taux de participation, les grandes tendances du scrutin avec un peu plus de 53% des voix au profit de Boni YAYI, perpétrant ainsi un coup d'Etat électoral. En violation avec le serment de défendre la souveraineté du pays, Boni YAYI avait invité le président du Nigéria Jonathan GOODLUCK à venir la veille, menacer et intimider le peuple béninois contre toute contestation des résultats. Trois jours plus tard, soit le 20 mars au soir, de son domicile, après une dispersion manu militari de la CENA, Joseph GNONLONFOUN confirmera ces résultats qu’il venait de transmettre à la Cour Constitutionnelle. On avait affaire, en prélude au hold-up électoral, à un coup d’Etat électoral en règle dans la mesure où les prérogatives d’une structure, en occurrence la CENA, chargée d’assurer une fonction, la publication des grandes tendances du scrutin, ont été irrégulièrement accaparées par un seul homme sous la protection de la force armée. Même la visite de GOODLUCK, la veille, participait de cette 'protection' pour conforter GNONLONFOUN dans son rôle funeste.
Comme de bien entendu, Robert DOSSOU achèvera la mascarade en proclamant avec le même score de plus de 53% au profit de Boni YAYI les résultats provisoires, rejettera ensuite tous les recours et proclamera les résultats définitifs le 30 mars 2011. Non seulement le coup d'Etat était parachevé et consolidé, mais encore le hold-up électoral est ainsi bouclé. Le hold-up électoral organisé ainsi par Boni YAYI est parachevé par un coup d’Etat électoral minutieusement exécuté par GNONLONFON et DOSSOU.
L'objectif visé par tout le processus de la fraude concocté depuis des mois par Boni YAYI et tous ses soutiens intérieurs et extérieurs était d'aboutir à ce hold-up électoral, à cette imposture.
L’armée et la police prendront la suite aux côtés de la HAAC pour réprimer et terroriser les travailleurs et le peuple. Le Général Mathieu BONI, Chef de l’Etat major général des armées, annoncera que l’armée et la police étaient en alerte maximum, au niveau 3 contre le peuple devenu l’ennemi intérieur. Des policiers et militaires armés de fusils étaient positionnés à chaque carrefour à Cotonou, à Parakou et ailleurs pendant que Porto-Novo était en état de siège avec des blindés qui patrouillent dans la ville. Toutes les protestations publiques de rue sont interdites et la police de façon brutale a réprimé hommes, femmes et jeunes et adolescents, manifestant les mains nues.
C’est dans cette ambiance de terreur que l’imposture est couronnée devant le monde entier avec l’investiture d’un nouvel autocrate, Boni YAYI, le 06 avril 2011. Les péripéties ayant abouti au hold-up électoral, sa proclamation et l’investiture de l’imposteur auront mis au devant de la scène des forces politiques, des hommes qui constituent les parrains, la cour et la basse-cour du nouveau dictateur autocrate.
II- La cour et la basse-cour de la nouvelle autocratie
7.-.L’impérialisme français apparaît clairement comme le parrain. Dans une division des tâches au niveau international, c’est lui qui assure le commandement des affaires des puissances impérialistes dans notre pays. Ainsi, l’acharnement du PNUD et de l’Union Européenne à financer et imposer contre l’opinion du peuple la LEPI 10, en dehors des contrats juteux que des groupes belges ont tirés de l’élaboration de cet outil, cet acharnement est sous-tendu par la volonté de la France de détenir un instrument de centralisation de la fraude au profit de son vassal Thomas Boni YAYI. Tout au long du processus électoral, l’ambassade de France à Cotonou sera le haut lieu des complots et intrigues d’élaboration et de mise en scène des scénarios et des hommes pour le « succès » du hold-up d’une part, de pressions et d’intimidations des opposants d’autre part. La France et l’Union Européenne sont les premiers à reconnaître la victoire de Boni YAYI et à le féliciter pour sa ‘brillante élection’. Le ministre français de la Coopération, arrivé la veille de l’investiture, donnera une fête à l’ambassade de France en l’honneur de la victoire de leur homme lige, de leur victoire sur le peuple béninois. Des pressions sont exercées sur des hauts-bourgeois notamment sur ceux qui ont la double nationalité béninoise et française pour qu’ils aillent à « Canossa », reconnaître leur défaite et renouveler leur allégeance. Vincent Bolloré, responsable d’un groupe privé, assistera à la cérémonie d’investiture à titre d’invité spécial officiel d’Etat.
L’impérialisme français utilise les différents réseaux et sectes secrètes pour rabattre les hommes en soutien à Boni YAYI. Ainsi, sous son investigation, des nationaux liés par leurs intérêts à l’étranger se sont constitués en base de la nouvelle autocratie et ont œuvré à la parodie d’élection. On peut distinguer dans les lignes précédentes la Cour, c’est-à-dire les principaux décideurs et la Basse-cour, ceux qui sont chargé de la mise en œuvre.
Ainsi, pour la Cour du nouvel autocrate, on a :
a) La vieille garde réactionnaire composée des anciens présidents despotes, KEREKOU et ZINSOU, et leurs vieux compagnons : Albert TEVOEDJRE, Moïse MENSAH, etc. Ce sont les plus hauts dignitaires de la nouvelle autocratie. Cette camarilla liée par mille fils et complots à l’impérialisme français surveillent les institutions et leurs présidents : Robert DOSSOU de la Cour Constitutionnelle, Mathurin NAGO de l’Assemblée Nationale, Théophile NATTA de la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication, Ousmane BATOKO de la Cour Suprême, Nicolas ADAGBE du Conseil Economique et Social. Des institutions budgétivores, démagogiques et folkloriques sont créées pour certains de leurs éléments comme la Haute Autorité de la Gouvernance Concertée pour Moïse MENSAH, le Médiateur de la République pour Albert TEVOEDJRE.
Les rôles sont minutieusement divisés entre ces troglodytes dont notamment l’influence des hautes hiérarchies cléricales contre les révolutionnaires et au nom de la « paix ». ZINSOU sera positionné pour influencer l’Union fait la Nation pendant que KEREKOU tient ses anciens chefs de réseau de la police politique ainsi que ses jeunes turcs de la mafia de même que les hauts gradés de l’armée. KEREKOU laissera de ses fidèles, Pierre OSHO et Célestine ZANOU, hors de la parodie électorale finale, en embuscade pour jouer quelque rôle en cas de « débordement populaire ». Tous ces personnages funestes appelleront au scrutin du 13 mars, féliciteront Boni YAYI pour sa victoire.
b) Le cercle religieux des évangélistes et musulmans ainsi que le noyau ethnocentriste constituent le deuxième niveau de la Cour. Ce sont eux qui essaient d’influencer les masses populaires à travers les chapelles et les groupes régionalistes divers. Ici se trouvent certains Imam comme celui de Cadjèhoun et des perpétuels arrivistes comme Amos ELEGBE, les officiers OKE, AKPONA.
c) Le clan familial : N’DOURO, le Général GBIAN de même que le beau-frère Marcel de SOUZA et consorts.
L’armée et son Etat-Major sont surveillés par ces éléments du cercle ethnocentriste et du clan familial.
Quant à la basse-cour, on y retrouve :
a) Les bureaucrates et des agents du capital financier ainsi que des éléments du réseau KEREKOU : Pascal Irénée KOUPAKI, Désiré ADADJA, Nicaise FAGNON, Saca LAFIA, Julien AKPAKI, etc.
b) Le éléments de la lumpen-bourgeoisie composés des « voyous » sans foi ni loi tels Rachidi GBADAMASSI, Candide AZANAÏ, Fulbert GERO AMOUSSOUGA, etc.
c) Des hommes d’affaires tel Razack TUNDE et autre Jean-Baptiste SATCHIVI, des hyènes sans honneur à la recherche constante de charogne gratuite tel que Gatien HOUNGBEDJI, ainsi que des éléments placés par Boni YAYI qui font le commerce pour le compte et au profit des hommes de la Cour et du monarque. Sous le patronage de Boni YAYI, de sa cour et de sa basse-cour, les éléments placés dans les différents circuits d’argent peuvent impunément piller le trésor public, ruiner les projets d’Etat, escroquer les citoyens. Les plus gros scandales ont été élaborés, exécutés et couverts par ces éléments de la Cour et de la Basse-Cour de YAYI. Il est bien connu que l’Affaire ICC-Services 11 a été conçue, exécutée et couverte par les cercles religieux évangélistes en liaison avec les bureaucrates financiers dont Irénée KOUPAKI au centre.
8- Les possibilités de pillage, avec le refus de Boni YAYI de la publication des audits des entreprises et administrations publiques, ont fait affluer autour de lui tous les éléments sans âme de la couche supérieure de la petite-bourgeoisie en quête de l’impunité de même que les compradores les plus corrompus. Cette couche vénale, prête à servir tous les princes, opposée à « toute opposition au pouvoir en place » s’est mise à chanter le « changement » sur tous les tons. Ainsi, en est-il d’avocats, de magistrats, de responsables de cabinets de consultation, d’entrepreneurs vénaux prêts à tout pour bénéficier de dolosifs marchés d’Etat. On a ainsi, après les compradores directement liés aux monopoles français, la deuxième couche sociale de l’autocratie.
A travers les différents réseaux religieux et ethnocentristes, le nouveau dictateur a entrepris une véritable croisade démagogique pour s’attirer les femmes pauvres à travers le projet de micro-crédits aux plus pauvres. Ce projet qui servira, par ailleurs, aux détournements les plus occultes au profit du pouvoir, est présenté comme le pilier de la « prospérité partagée ». Disons en passant que dans le même temps, les services de placement occultes et illégaux couverts par ce même pouvoir permettaient de piller les épargnes de ces mêmes femmes pauvres.
Les femmes pauvres, écrasées sous le triple joug de l’analphabétisme, du capitalisme et du patriarcat, submergées par le coût croissant de la vie sont devenues une proie pour le nouveau dictateur. Les 30 000 à 50 000 francs offerts par le « donateur » Boni YAYI à travers le projet de micro-crédit constituent un bon leurre pour les accrocher et les manipuler. La marge bénéficiaire d’une activité au capital initial de 50 000 francs ne permet nullement de couvrir les frais du coût de la vie, encore moins ceux des nombreux aléas et des multiples exigences de la société béninoise. Généralement, il faut s’endetter ailleurs pour rembourser l’emprunt initial. Le micro-crédit aux plus pauvres permet ainsi d’entretenir la pauvreté et, surtout, de prévenir la révolte des pauvres. Le micro-crédit permet l’entretien d’une base de masse arriérée à travers de nombreux intermédiaires vénaux. Dans le cas d’espèce, la gestion du projet a permis à Boni YAYI de se procurer un fichier manipulable à des fins de fraude électorale. Il s’est agi d’une véritable instrumentalisation de plusieurs centaines de milliers de femmes.
Sur le plan économique, le projet de micro-crédit aux plus pauvres est une poursuite de la politique rétrograde d’entretien et de perpétuation de la petite production marchande. Le but est d’empêcher l’industrialisation du pays, d’entraver la promotion de la grande production, seule capable de propulser sur la voie de développement. La concentration du capital sur des projets industriels, créant des emplois directs ainsi que des opportunités d’affaire dans d’autres secteurs, constitue les meilleures solutions à la question de la pauvreté et du développement. La dispersion de dizaines de milliards en micro-crédits sans de grands projets de production à effets multiplicateurs et intégrateurs ne permet nullement l’amélioration du sort des pauvres, ni du pays.
Ajoutons que rien n’est fait pour donner des capacités aux pauvres, de les sortir de l’ignorance et de l’inculture ; le pouvoir s’opposant de toutes ses forces à l’instruction de chacun et de tous à travers sa langue maternelle afin d’enrayer l’analphabétisme. Les plus pauvres demeureront toujours les plus pauvres parce que privés d’instruction, exposés aux maladies parasitaires, maintenus perpétuellement en vie en sursis. Mais, Boni YAYI espère faire d’eux la base sociale arriérée qui peut continuer de chanter à peu de frais la gloire du dictateur.
9.- Des rois et chefs de terre ont appelé ouvertement à voter pour Boni YAYI. On en a entendu moins appeler en faveur des autres candidats et moins encore osant faire des critiques publiques contre le dictateur, probablement par respect de la règle de réserve envers la fonction de chef.
Mais, ce qui apparaît incontestablement comme un phénomène nouveau est cette prise de position ouverte des rois et chefs de terre dans la politique. Il s’agit d’un progrès à souligner et à saluer, indépendamment du contenu de la prise de position.
En effet, jusqu’à ces temps derniers, les rois et chefs de terre aimaient dire publiquement qu’ils ne faisaient pas de politique pendant qu’ils servaient bel et bien tel ou tel homme politique et rabattaient leurs réseaux à son profit. S’agissait-il d’une position de repli des rois et chefs de terre après les sanglantes répressions des révoltes contre l’agression et l’occupation coloniale ? ! On ne peut le dire. Toujours est-il que le colonisateur a assis sa domination dans le piétinement de nos valeurs culturelles (langues, religions, us et coutumes), dans l’intimidation constante des gardiens de ces valeurs. A l’indépendance, les nouveaux dirigeants ont maintenu la même politique de domination culturelle. La pseudo-révolution et l’autocratie de KEREKOU ont poussé plus loin avec la soi-disant « lutte contre la sorcellerie » dans la répression des manifestations culturelles ainsi que des dignitaires eux-mêmes de nos cultures traditionnelles.
Si le renversement de l’autocratie a libéré tous les cultes, le Renouveau Démocratique n’a pas inscrit l’émancipation dans ses objectifs. SOGLO, pendant son règne, s’il a reconnu l’aspect culturel des religions traditionnelles, n’a pas su remettre en cause l’hégémonie de la langue et de la culture françaises dans la mise en avant de l’émancipation culturelle des peuples du Bénin. Au contraire, les pouvoirs successifs du Renouveau et, notamment ceux de KEREKOU II et III se sont évertués à diviser les rois en créant de toutes pièces de faux dignitaires, en soumettant les autres à la pression de la corruption et à la répression. Il en été ainsi à Abomey, Porto-Novo, Bassila, Pèrèrè, etc.
Mais à partir de 1997, l’affirmation ouverte des exigences des Rois et chefs de terre reprend. Les communistes et les démocrates révolutionnaires ont entrepris avec la fondation de l’INIREF (Institut International de Recherche et de Formation) un travail systématique pour l’émancipation de la science, de l’information et de la culture à travers nos langues maternelles. Des éditions annuelles de la Fête des Peuples se tiennent régulièrement depuis janvier 2002 ainsi que des conférences des intellectuels traditionnels ont été instaurées à partir de juillet 2004 avec pour bientôt la 10ème session. Les exigences des rois, chefs de terre, chasseurs, hounnon et bokonon se sont précisées en liaison avec celles des masses populaires pour l’émancipation de notre pays, préalable à son développement. Il a été clairement et explicitement établi et dans des motions publiées qu’il fallait l’instruction de chacun et de tous dans nos langues maternelles12, faire de celles-ci des supports de l’information et de la science au dernier cri, reconnaître les rois et notables à la campagne dans leurs rôles de juges et d’administrateurs locaux, les chasseurs comme force de sécurité, les cliniques des guérisseurs traditionnels en tant que centres de santé officiel. Les rois doivent se voir affectés des précepteurs payés par l’Etat en vue de leur permettre de rédiger leurs mémoires intimes. Des colloques sur divers sujets sont organisés dans le cadre de l’INIREF. Les exigences étaient à ce niveau à l’avènement de Boni YAYI au pouvoir. Dès septembre 2006, un dossier spécial adopté par ces rois et intellectuels traditionnels et contenant ces exigences a été transmis à Boni YAYI ; des demandes d’audiences ont été adressées pour les soutenir devant le chef de l’Etat. Les rois et intellectuels traditionnels prenaient ainsi position publiquement sur des sujets politiques.
La conscience sur la nécessité de se battre pour recouvrer des attributs à eux arrachés par le colon grandissait et l’étude toujours approfondie de nos réalités conduisit à la mise en exergue de l’existence de quatre grandes aires culturelles qui ont forgé au cours de l’histoire des traditions de bravoure, de probité et d’honneur dans des codes ressemblant aux normes des ordres du moyen-âge européen et asiatique13. Chaque ordre recouvre des sous-ordres sur des territoires plus restreints abritant des cultures spécifiques. On peut ainsi dénombrer l’Ordre Yoruba-Nago, l’Ordre Wassangari, l’Ordre Gur-Volta, l’Ordre des Royaumes originaires et des Ressortissants de Tado ; chaque ordre comprenant des sous-ordres. A l’exemple du Gbanhounkponon des Agonlinou, les sous-ordres se sont organisés avec à leur tête une notabilité désignée, un Gbanhounkponon et les ordres se sont également constitués avec à leur tête des chancelleries et le tout unifié en un Ordre des Ordres à l’échelle du pays. L’unité du pays se renforçait dans sa diversité en relation avec les croissants des pays voisins et dans la recherche des références historiques sous-tendant la fierté et la dignité propre à l’humain probe.
Boni YAYI a méprisé ces exigences d’émancipation et s’est acharné à les torpiller et les escamoter avec des tentatives de division et de corruption des plus vénaux des intellectuels traditionnels. Il organisa un forum sur la royauté sans lendemain comme il en a été des autres forums organisés pour escamoter et noyer les revendications populaires. Alors que les rois et intellectuels traditionnels exigeaient la reconnaissance des services quotidiens utilement rendus par eux aux citoyens dans le domaine de la justice, de la santé, de la sécurité et d’être rémunérés pour ces services concrets, Boni YAYI a entrepris, par le biais de subventions d’Etat et d’aumônes, de faire de ces dignitaires des obligés dépendant de sa personne et des soutiens à sa réélection avec des promesses démagogiques de satisfaire les revendications patriotiques. Des rois et chefs de terre se sont saisis de ses promesses pour se faire les grands électeurs de Boni YAYI. Sous leurs pressions, de leurs pairs rois et chefs de terre ont cru à la bonne foi de Boni YAYI, mais ont assorti, comme par exemple ceux de l’Atacora, leur appel à voter pour Boni YAYI de la satisfaction des exigences synthétisées dans leur plate-forme revendicative. C’est dire qu’un mouvement d’éveil politique s’observe à la campagne posant le problème de la place des chefferies et royautés traditionnelles dans l’architecture institutionnelle tant à la base qu’au sommet de l’Etat.
Si certains rois et chefs de terre abusés et corrompus se sont constitués en base sociale du dictateur, il s’agit d’un phénomène normal de clarification des rangs au sein de cette couche sociale dans la recherche de sa place au sein d’une République vraiment Démocratique et vraiment Moderne.
10.- Les travailleurs salariés ne se sont pas, dans leur majorité, reconnus dans le pouvoir du changement. Le rejet des exigences de publication des audits des entreprises et administrations publiques, le rejet de la prise de mesure concrète et efficace contre la corruption, les velléités de gestion dictatoriale annoncée très tôt par le nouveau chef d’Etat avec des références élogieuses aux pouvoirs sanguinaires de Eyadéma Gnansigbé du Togo et de Ben Ali de Tunisie, le mépris et la défiance affichés vis-à-vis des luttes des travailleurs à qui les nouveaux bureaucrates répondaient devant chaque exigence « Où étiez-vous ? », le tapage creux et assourdissant des prêtres du changement ; tout cela a conduit très tôt les travailleurs et leurs organisations à conclure qu’ils avaient en face d’eux une nouvelle autocratie en œuvre. Les explications du Parti Communiste du Bénin indiquant que le fascisme était par essence et par définition le capital financier au pouvoir accéléraient la compréhension de la nature du nouveau pouvoir au Bénin. Il faut comprendre que Boni YAYI a été porté au pouvoir au Bénin par le capital financier afin d’instaurer un pouvoir de type fasciste avec la mission de contrer les aspirations d’émancipation et de développement des populations.
Tout son règne aura été une suite de combats des travailleurs pour défendre leur pouvoir d’achat, leurs libertés, la bonne gouvernance et empêcher la régression sociale. Boni YAYI, en plus de l’intimidation et de la répression, s’employa dans des tentatives de corruption de syndicalistes opportunistes vénaux, entreprit de noyer les syndicats dans une « société civile » que les fondations des puissances étrangères tiennent et manipulent par l’argent et des promesses de promotion. Il a à la bouche toujours les mots de « dialogue social » pour ne rien concéder de fondamental. Il s’est fait le champion du démantèlement du service public dans la braderie des entreprises publiques, la ruine de l’Ecole et des services de santé, la privatisation des télécommunications, la dégradation de la sécurité des personnes et des biens avec l’enlèvement de fonctionnaire (Pierre Urbain DANGNIVO) 14, le pillage du trésor public dans des scandales à répétition. Malgré et contre les revendications des travailleurs, la tutelle du FMI a été renforcée sur le pays.
Le fossé entre le pouvoir de Boni YAYI et les travailleurs salariés s’est approfondi accélérant la conscience des travailleurs sur la nécessité désormais de lutter pour leur propre pouvoir en relation avec les peuples. Le mot d’ordre du pouvoir aux travailleurs et aux peuples a commencé à résonner au cours des marches et manifestations des travailleurs notamment pendant les luttes contre le hold-up électoral. Les exemples de révolution populaire en Tunisie et en Egypte fouettent les consciences et des voix se lèvent pour crier à la révolution au Bénin, pour le pouvoir aux travailleurs et des peuples pour l’émancipation, la dignité et le développement du pays. C’est contre cette aspiration grandissante que s’est constituée la nouvelle autocratie qui, dans son programme, veut refonder un nouveau despotisme au Bénin pour faciliter le pillage impérialiste du pays.
III- Ce que promet la nouvelle autocratie : la refondation de la dictature
11.- La base sociale de la nouvelle autocratie met en exergue des hommes et des groupes parmi les plus réactionnaires de notre société s’appuyant sur des masses populaires arriérées. Ces hommes et groupes soutiennent les agressions des pays dominés par les puissances impérialistes en concurrence féroce avec les nouvelles puissances émergentes. Le contexte international doit donc être examiné pour mieux comprendre les enjeux actuels.
Dans les années 1988-1990, une contre-révolution à l’échelle planétaire a permis à la grande bourgeoisie impérialiste de se lancer dans une offensive contre les acquis politiques, sociaux et culturels de la classe ouvrière et des peuples. On nous prédisait la fin de l’histoire, de la lutte des classes et des révolutions sociales. Les travailleurs et les peuples devraient s’adapter de tout temps aux diktats du capital, renoncer à leur être et âme, à la démocratie véritable et se soumettre à une mondialisation forcée des exigences du capitalisme sauvage. Mais peu à peu, la situation objective indiquait que sans la lutte pour la révolution sociale, le capital se déploie de manière plus féroce allant jusqu’aux guerres d’agression dans le Golfe, les Balkans pour le repartage du monde.
Mais au même moment, les aspirations à la démocratie qui ont permis de vaincre les dictatures révisionnistes ne se sont pas éteintes et les luttes pour la préservation et la conquête de nouveaux acquis sociaux appelés par la Révolution Scientifique et Technique épuisaient les ressources de la contre-révolution. Des contestations contre la toute puissance du capital financier se déployaient avec les mouvements altermondialistes et affichaient face au règne du capitalisme qu’un « autre monde est « possible ».
On peut ainsi dire que depuis la fin de la contre-révolution dans les années 1998-2000, des mouvements révolutionnaires sont appelés à travers le monde. Une nouvelle ère de révolution est ouverte, accélérée par la Nouvelle Révolution Scientifique et Technique ou révolution informatique, l’énorme accumulation de richesses dans les mains de magnats et groupes de magnats de plus en plus réduits et la grande misère de la grande masse de la population du monde. La crise économique mondiale de 2008 corrélée avec la montée au pouvoir dans les pays impérialistes des représentants du capital financier en est un détonateur. Cette crise pousse les gouvernements des pays impérialistes d’une part à accentuer l’exploitation de leurs classes laborieuses de plus en plus déplumées des acquis sociaux du lendemain de la deuxième guerre mondiale ; et de l’autre à accroître l’exploitation et le pillage des pays néocoloniaux et dépendants avec l’exacerbation des rivalités inter-impérialistes que cela entraîne pour le contrôle des sources de production des matières premières stratégiques et des marchés. Les sources d’énergie notamment le pétrole et l’uranium apparaissent comme de grandes sources de conflits à travers le monde. Le continent africain devient un champ privilégié de bataille où s’affrontent ces grandes puissances impérialistes pour leur hégémonie sur la planète. Les anciennes puissances coloniales face à l’arrivée d’autres concurrents plus puissants et/ou plus dynamiques sur le marché international comme les BRICA (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) tentent de resserrer les liens coloniaux sur leurs anciennes colonies afin de préserver des champs clos de domination. La fameuse Françafrique en est un prototype. Ainsi s’expliquent les guerres, les coups d’Etat et autres conflits. Tels apparaissent les cas des guerres actuelles en Côte d’Ivoire et en Libye. Les interventions étrangères en Côte d’ivoire comme en Libye ont des objectifs communs : faire monter des valets plus dociles au pouvoir afin de contrer l’intervention de puissances rivales dans ces régions pour le contrôle et le pillage de leurs richesses naturelles15.
Le soutien arrogant à l’autocrate imposteur Boni YAYI au Bénin rentre dans cette même visée.
12.- Dans son discours d’investiture le 06 avril 2011, l’essentiel des nouvelles promesses du nouvel autocrate au peuple concerne une « Refondation de notre République sans laquelle notre nation ne pourra satisfaire ses besoins fondamentaux indispensables à sa survie et à sa croissance » (Cf. Le Journal ‘LE MATINAL’ du 07 avril 2011). D’emblée, Boni YAYI annonce les couleurs et les objectifs fondamentaux de sa refondation : limiter les libertés aux peuples. Il dit : «Un pays ne peut vivre et se développer dans la culture de la grève permanente, le refus du service à tous et la non assistance à personne en danger » (sic).
L’idée de refondation signifie d’abord que l’ancien fondement est reconnu comme obsolète, inadéquat pour la justification cohérente de l’action du gouvernement. Elle confirme l’opinion des masses que le Renouveau Démocratique a échoué dans ses prétentions à satisfaire les besoins fondamentaux des travailleurs et des peuples, que les politiques d’ajustement structurel, de stratégie de réduction de la pauvreté et de croissance sous la tutelle du FMI ont échoué et ne peuvent conduire le pays au développement. Cela signifie que le système de contrôle de la gestion du bien public a fait faillite, que la bureaucratie financière a montré ses limites dans la conduite des affaires d’Etat au Bénin.
Mais, au lieu de reconnaître leur échec et accéder aux exigences des travailleurs et des peuples, le despote Boni YAYI entend, dans un inversement des rôles où le bourreau se prend pour le sauveur et la victime, comme ses pairs refondateurs de la sous-région (Laurent GBAGBO, Faure EYADEMA, Blaise COMPAORE), entend réviser la Constitution pour s’attribuer légalement davantage de pouvoir et autoriser moins de libertés aux travailleurs et au peuple. Peut-être compte-t-il également, par cette astuce mettre aussi le compteur à zéro en vue de nouveaux mandats.
Boni YAYI est évidemment incapable de reconnaître que les motifs et causes des grèves des travailleurs se trouvent dans la corruption de son pouvoir, dans sa volonté despotique d’accaparement de tous les pouvoirs, y compris le pouvoir judiciaire avec, par exemple, l’interdiction de l’exécution des décisions de justice qui a conduit les magistrats à cesser le travail ; il ne peut reconnaître que la cause de la grève des fonctionnaires se trouvent dans sa politique de restriction des rémunérations des travailleurs pendant que là-haut, les ministres, sans compter les avantages divers, ont vu leurs salaires quadruplés ; il ne peut comprendre la réaction d’indignation et de colère du peuple face aux nominations et affectations partisanes et népotistes ; il ne peut comprendre les plaintes et le désarroi de la jeunesse. Alors, il pense qu’il y a trop de grèves et qu’il faut faire taire les contestataires. Et pour faire passer sa volonté fasciste, il faut couvrir d’opprobre les grévistes taxés de « refus de service à tous et de non assistance à personne en danger ». Ce mensonge a été élaboré et développé par le sinistre Albert TEVOEDJRE à propos de la grève des enseignants et, ensuite, des personnels de la santé. Mais, TEVOEDJRE, le corrompu qui, en affaire avec TUNDE qui vend les cahiers d’activités financés sur fonds publics et destinés à être distribués gratuitement aux élèves, TEVOEDJRE, disons-nous, ne parle pas des motifs de la grève ; il ne connaît pas les difficultés quotidiennes des agents de la santé, leurs peines devant le désert d’équipement, lui qui bénéficie d’une assurance payée par l’Etat pour se faire soigner en Europe. Il ne connaît pas les peines des instituteurs devant des salles de classe de plus de soixante-dix élèves, voire quatre-vingts à qui il faut enseigner dans une langue étrangère, la langue française dans laquelle on leur suppose d’après l’Approche Par Compétence, une certaine compétence. TEVOEDJRE et Boni YAYI ne peuvent comprendre l’émoi des travailleurs devant la disparition non élucidée jusqu’à ce jour de leur collègue après sa sortie le soir du bureau. Et tous ces gens se permettent tous les jours d’invoquer (et de salir) le nom de Dieu !
C’est faux de dire qu’un pays ne peut vivre et se développer dans la culture permanente de la grève. En France, il n’y a pratiquement pas de jour sans grève et pourtant la France vit bien et se développe. La grève (la contestation jusqu’à la cessation collective du travail salarié) est nécessaire (même pour la vie et le développement du pays) lorsque des travailleurs ont en face d’eux des patrons sourds à leurs plaintes, des oppresseurs, des pilleurs, des despotes. Pour mettre fin à la culture de la « grève permanente », il faut mettre fin à la culture de « l’oppression et de l’exploitation permanentes » des travailleurs, à la culture permanente de la corruption généralisée au sommet et de l’impunité.
Si les travailleurs constituent la cible principale du courroux de Boni YAYI et de TEVOEDJRE, ils ne sont pas les seuls. « Le Gouvernement doit accompagner plus efficacement l’action de la société civile, éliminer la transhumance politique » nous promet le despote. Ainsi, les acteurs de la société civile qui, par définition, devraient mener leurs activités dans l’indépendance du pouvoir en place seraient, selon Boni YAYI, accompagnés par le gouvernement, comprenez mis sous assistance financière et tenus en laisse. On a vu l’exemple d’accompagnement de la société civile par Boni YAYI avec les déclarations de soutien au hold-up électoral par Mr Martin ASSOGBA de l’ONG Alcrer16 au nom de la société civile en contradiction honteuse avec les conditions reconnues par cette même société civile pour des élections crédibles. L’accompagnement à la Boni YAYI s’effectue toujours par la corruption, les chantages, les menaces et les intimidations voire des enlèvements et assassinats crapuleux.
Les députés sont également sous la menace du nouveau despote. Dans la perspective et l’espoir de se donner à l’issue des élections législatives en cours une majorité qualifiée, docile à tous les tripatouillages de la Constitution, Boni YAYI promet une loi contre la transhumance politique. Les députés n’auront plus individuellement, pendant la mandature, la liberté de changer de groupes et d’obédience. Bien sûr, le spectacle de députés qui se vendent et s’achètent lors du vote de chaque loi est répugnant. Mais la haute bourgeoisie a combattu tout contrôle de la base sur le sommet, tout contrôle des élus par les électeurs. Ainsi, la Constitution a rejeté le mandat impératif, c’est-à-dire un mandat qui soumet l’élu à l’exécution du programme sur lequel les électeurs l’ont choisi et donne droit à la majorité de ses électeurs de l’interpeller et de lui retirer leur confiance et mandat. Sans la mise en œuvre du mandat impératif, une loi sur la transhumance n’aura d’autre objectif que de river le député à l’obéissance à son seul chef de parti qui, lui, peut décider d’amener toute sa troupe ou bon lui semble. L’intention de Boni YAYI vise uniquement à empêcher à l’avenir les députés de sa mouvance de se désolidariser de sa politique de pillage comme on l’a vu à la dernière législature et de river par la force de la loi les autres députés à leurs chefs de partis..
Le dernier domaine de la refondation à la YAYI concerne le système partisan. Pour lui, « il s’avère nécessaire de redéfinir un nouveau système partisan dont l’objectif est le renforcement de l’unité nationale et la simplification du système politique national ainsi que le renforcement du statut de l’opposition ». Dans son discours de candidature, il avait été plus clair en indiquant qu’il voulait réviser la charte des partis afin que la composition des partis soit représentative des différentes couches et composantes de la Nation. Boni YAYI ne sait pas comment se construit l’unité des peuples du Bénin et sa politique régionaliste et népotiste combat tous les jours cette unité. S’entourer de courtisans mafieux de toutes les régions du pays ne constitue pas, loin s’en faut, une politique d’unité nationale.
Une loi démocratique et républicaine ne peut décréter que les partis reflètent la composition des différentes couches et composantes d’un pays. La liberté d’association laisse à chaque classe sociale le soin de s’organiser et un parti politique représente d’abord les intérêts d’une classe sociale ou des classes sociales précises. Vouloir imposer par la loi l’unité dans un parti de l’ouvrier et du patron, du paysan pauvre et de l’agriculteur capitaliste, du planton et du Directeur Général, c’est ni plus ni moins écraser l’ouvrier, le paysan pauvre, le planton sous les bottes du patron, de l’agriculteur capitaliste et du DG. C’est faire taire la voix des ouvriers, des opprimés. Un dicton populaire dit bien que « l’affamé et le repu ne peuvent rire ensemble ». Or, Boni YAYI veut justement enchaîner par sa refondation l’affamé au sort du repu afin de couvrir les plaintes et gémissements de l’affamé par les éructations de l’homme repu.
Le droit de grève restreint, le député rivé à son chef de parti, l’acteur de la société civile docilement accompagné, le parti des ouvriers et des paysans menacé et/ou noyauté par des patrons et des riches, la presse muselée, Boni YAYI imposera la paix du brigand sur le pays. Il pourra poursuivre des réformes pour la braderie accélérée des ressources nationales, pour piller en paix ! C’est ce qu’il espère, ce qu’il vise. Le reste de son discours d’investiture sur la gouvernance économique, la lutte contre la corruption, la lutte contre l’impunité n’est que mensonge. A cet effet, il est promis « une loi sur l’enrichissement illicite à faire adopter en procédure d’urgence par le prochain parlement » (sic). Chaque fois que l’on évoque la lutte contre la corruption, les hauts-bourgeois imaginent une nouvelle loi dont l’exécution dépend du sommet comme si la persistance et l’aggravation de la corruption étaient dues à l’absence absolue de lois et de structures au sommet. Combien de lois contre le détournement des biens publics, combien de commissions, d’organes de contrôle n’a-t-on pas inventés pour soi-disant la lutte contre la corruption ! Est-ce l’absence d’une telle loi qui a amené Boni YAYI à positionner, par exemple, Célestine ADJANOHOUN dénoncée auparavant publiquement par lui en conseil des ministres de détournement de fonds à la SBEE et envoyée à la Haute Cour de Justice, sur la liste FCBE pour les actuelles législatives ? La farce grossière et cynique d’un despote qui se joue du peuple se voit à tous les détours.
Ce n’est pas non plus la réintroduction de l’éducation civique et à la « citoyenneté » dans le système éducatif qui changerait quelque chose. Au contraire, ce serait plutôt enseigner l’hypocrisie aux jeunes qui ne peuvent pas ne pas remarquer le décalage entre ce qu’on leur enseigne et prêche et ce qui a cours en pratique au sommet de l’Etat. On a vu dans ce pays ces cours moralisateurs débités par Martin ASSOGBA d’Alcrer financé par les fondations étrangères et soutenu par le pouvoir de KEREKOU II. Si les enfants, les jeunes s’instruisent par les cours académiques, ils s’éduquent par l’activité pratique, par l’exemple. Et l’exemple pratique dominant sous le Renouveau et, particulièrement, sous le pouvoir de Boni YAYI se résume en les mensonges grossiers, en le pillage, en le placement des partisans à des postes « juteux » moyennant des rançons à verser au grand patron. A quel jeune peut-on faire croire aujourd’hui que la promotion s’obtient au prix de l’effort lorsqu’il voit par exemple que les affectations des douaniers s’effectuent sous la supervision directe du chef de l’Etat à la Présidente de la République dans la priorité aux « patriotes », lorsqu’il sait que le chef de l’Etat et son ministre d’Etat KOUPAKI mentent effrontément à propos de l’Affaire ICC-Services, que Madame Célestine ADJANOHOUN dénoncée comme pilleur de la SBEE et déférée devant la Haute Cour de Justice par Boni YAYI est maintenant positionnée par lui sur la liste FCBE au second rang après la « Première Dame » Chantal de SOUZA pour les législatives 2011 ?
Alors, on se rend compte du désastre moral que constitue ce pouvoir, de la calamité nationale qui s’est abattue sur le Bénin. On peut alors se rendre compte de l’énormité du mensonge et de la duperie entrepris par Boni YAYI et en exécution par Albert TEVOEDJRE avec « l’organisation prochaine d’une conférence de sursaut patriotique qui permettra d’examiner notamment les problèmes de gouvernance et de comportement citoyen ». On peut alors se rendre compte que c’est Boni YAYI au pouvoir qui est justement le problème.
L’organisation d’une Conférence et d’un Forum dit de vérité et de sursaut patriotique apparaît ainsi dans toute sa laideur comme une tentative de couvrir l’imposture de la proclamation de la victoire électorale de Boni YAYI par des conférenciers « triés » sur le volet avec des experts payés pour des leçons sur la gouvernance. Les nombreux forums organisés par Boni YAYI n’ont servi qu’a noyer les véritables problèmes et faire avaliser les solutions antipopulaires et apatrides du pouvoir en place. Celui annoncé après le hold-up électoral est moralement et politique plus grotesque. C’est un nouveau marché de dupes qui donnera en plus à ses principaux exécutants l’occasion, comme d’habitude, de s’en mettre plein les poches. De quelle bonne gouvernance peut se prévaloir TEVOEDJRE, le défenseur des faux complots contre ses adversaires dès ses premiers pas politiques au début des années 1960 (le tristement célèbre éditorial radiophonique : Y-a-t-il eu complot ? Oui ! résonne toujours dans les mémoires), l’homme qui a fait revenir le sinistre KEREKOU en 1996, l’homme de l’affaire BETA sous KEREKOU, etc. ? Tout observateur sérieux sait, à l’examen de tous les scandales connus, que c’est Boni YAYI au pouvoir qui concentre la mal gouvernance au Bénin. Ce n’est donc pas une Conférence qui peut résoudre ce problème, mais d’abord les luttes pour le départ de ce tyran corrompu du pouvoir.
IV- Boni YAYI : un autocrate en faillite
13.- Le 06 avril 2011, pendant que le président imposteur prêtait serment à Porto-Novo, s’est réuni à Cotonou à la Bourse du Travail malgré la terreur imposée à la population, un meeting des travailleurs rejetant l’imposture et proclamant un Comité de Résistance. Au même moment, des meetings du genre se déroulaient ailleurs dans le pays, à Natitingou, Klouékanmè, Lokossa, Abomey, etc. Ces meetings font suite à une longue série de manifestations organisées par les centrales et fédérations syndicales ainsi que l’Organisation de Défense des Droits de l’Homme et des Peuples (ODHP) contre la dictature et le hold-up électoral. Lancées avec les protestations contre la disparition non élucidée d’un fonctionnaire du Ministère des Finances, Pierre Urbain DANGNIVO, pendant que l’Affaire de l’escroquerie par ICC-Services éclaboussait le pouvoir, les manifestations de l’ensemble des centrales et fédérations syndicales ont atteint un niveau critique avec l’attaque de la Bourse du Travail le 12 octobre 2010 par des policiers et des militaires avec la couverture de chars mis en branle par Boni YAYI. Les travailleurs ont alors conquis une place centrale dans la lutte contre la dictature. Les partis politiques de l’opposition haute-bourgeoise UN et Groupes ABT ont appelé à un Front. C’est ainsi que s’est constitué le 13 octobre 2010 le Front de Défense de la Démocratie (FDD) incluant le Parti Communiste du Bénin, ceci sur insistance de deux organisations fortes, la CSTB et la FESYNTRA-Finances.
Ce cadre, le FDD, pouvait, n’eussent été les inconséquences des dirigeants de l’UN et du Groupe ABT, conduire au soulèvement populaire pour chasser Boni YAYI du pouvoir. C’est ce qu’a défendu le PCB en indiquant que « C’EST AUJOURD’HUI, C’EST MAINTENANT »17 qu’il fallait se soulever. Mais, la politique de louvoiement prônée et appliquée par les dirigeants UN et ABT dans la diffusion des illusions électoralistes, dans des concessions et reculs sous la pression de l’impérialisme français et de ses représentants à l’Ambassade de France et à la Représentation de l’Union Européenne à Cotonou, cette politique de louvoiement facilitera l’action du voleur et de l’imposteur. Mais, les travailleurs ne se décourageront pas. A l’appel de la CSTB, de la FESYNTRA-FINANCES et de l’ODHP les meetings du 06 avril 201118 à la Bourse du Travail de Cotonou et ailleurs dans le pays déroulés sous le thème du rejet de « l’imposture que constituent les actuelles élections présidentielles », du rejet de la « restauration de la dictature et du fascisme », du rejet du « renouvellement de l’impunité et des scandales politico-financiers ainsi que des enlèvements et assassinats non élucidés » pour l’honneur et la dignité, pour l’avancée démocratique, économique
Adresse aux responsables d’organisations patriotiques et aux patriotes : Pour l’émancipation du peuple, détruire Kérékou en tant que force politique et ses réseaux !, 07 sept. 2009
14. PCB, A propos de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo - Les soutiens de Boni Yayi passent-ils aux aveux ?, 14 septembre 2010
15. PCB, Affaire ICC services et cie, le gouvernement de Boni Yayi, complice d’une vaste escroquerie, 6 juillet 2011
16. PCB, Martin Assogba et consorts a la rescousse de Boni Yayi, 28 mars 2011
17 a) PCB, C’est maintenant, c’est aujourd’hui !, Intervention au meeting du FDD le 22 octobre 2010 au Palais des Congrès, CDM n° 09 du 03 déc. 2010 ;
17b) PCB, Le PCB et la question du pouvoir aujourd’hui, 25 oct. 2010, CDM n° 09 du 03 déc.2010
18. CSTB, Gaston AZOUA, A propos du pouvoir des travailleurs et des peuples, 6 avril 2011
19. Constitution du Bénin, 11 déc. 1990
20. PCB, La politique économique et sociale du PCB, La Flamme n° 298 spécial du 03 janv. 2011, pp. 2-3
21. PCB, Appel au peuple et à toutes les forces démocratiques : Combattre par tous les moyens les élections frauduleuses et instaurer le pouvoir des travailleurs et des peuples, 02 mars 2011, Cotonou.
22. J. K. ZOUNON, Différences de nature entre le pouvoir actuel des hauts bourgeois et le pouvoir en construction des travailleurs et des peuples, La Flamme n° 297 spécial Cinquantenaire du 17 juillet 2010, CDM n° 8
23 Philippe NOUDJENOUME, Déclaration au point de presse du 21 mars 2011, Cotonou
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