POINT DE PRESSE DU 1ER SECRETAIRE DU PCB SUR LA SITUATION NATIONALE
Mesdames et Messieurs les Journalistes
Camarades, Chers amis
Permettez-moi de vous adresser mes vœux de bonne et heureuse année : Santé et détermination dans les combats pour l’émancipation de notre pays. A messieurs les journalistes en particulier, je souhaite que la plume et le micro soient davantage au service de la vérité et du patriotisme.
Il est dans les habitudes du Parti Communiste du Bénin (PCB) de s’adresser aux travailleurs et aux peuples dans les moments graves et critiques de notre histoire politique commune pour leur indiquer la voie la meilleure compte tenu des expériences des autres peuples pour aller vers leur auto-émancipation. Le Parti a pour mission d’aider à l’atteinte de cette auto-émancipation des travailleurs et des peuples du Bénin avec la moindre douleur possible. C’est pourquoi, il n’hésite pas à critiquer, à dénoncer et à attaquer même des actes des acteurs qu’ils soient béninois ou étrangers qui visent à plonger notre pays dans le chaos, à la guerre civile réactionnaire pour des intérêts autres que ceux de notre pays et des hommes qui l’habitent. C’est le sens de mon adresse à l’Union Européenne et aux grandes puissances occidentales qui de façon forcenée soutiennent YAYI Boni dans son œuvre d’une LEPI truquée, d’une LEPI à polémique, d’une LEPI porteuse de conflits aux conséquences incalculables.
Si mon Parti tient ce point de presse, c’est que la situation politique que traverse notre pays est très grave, très critique.
I- LA SITUATION POLITIQUE DU BENIN EST CRITIQUE
Mesdames et Messieurs les journalistes, camarades et amis,
Le samedi 08 Janvier 2011, YAYI Boni fait publier et ceci à la surprise générale, deux décrets fixant l’un le premier tour des élections présidentielles au 27 Février 2011 et l’autre, les élections législatives au 17 Avril 2011. La surprise ne réside pas dans la fixation de ces dates notamment celles du premier tour des élections présidentielles au 27 Février 2011, mais dans tout ce qui a précédé et reste à faire pour des élections transparentes au Bénin. Et pour cause !
1°- la première chose et la plus indispensable pour aller aux élections à savoir une liste électorale n’est pas disponible.
A moins de 50 jours des élections prévues pour le 27 février où en-est-on pour la liste électorale ?
Malgré les contestations d’une bonne partie de la population, YAYI Boni avec l’aide active des puissances étrangères, PNUD, Union Européenne notamment, avec une Cour Constitutionnelle complètement à ordre, impose une LEPI truquée et bâclée en faveur du pouvoir en place.
Or où en-est-on avec la fameuse LEPI ?
- toute l’équipe de la réalisation de la LEPI est étroitement sous les ordres de Boni YAYI.
- l’enregistrement dans les aires opérationnelles du Centre et du Nord Bénin n’est pas achevé.
- les corrections de la cartographie censitaire qui sont supposées avoir été faites, n’ont jamais été publiées.
- des personnes ne sont pas encore recensées lors du recensement porte-à-porte (RPP) pour une raison ou une autre et donc non enregistrées dans la base de données ;
-des centaines de milliers de personnes recensées lors du RPP, ne sont pas enrôlées lors de la phase de l’enregistrement biométrique pour diverses raisons (inondations, mauvais chargement des kits, oublis lors de la saisie, …) ; ainsi, des régions entières ne sont pas enrôlées.
- le dédoublonnage n’est pas fait ;
- Si l’équipe chargée de la LEPI suivait les dispositions de la loi adoptée et promulguée, il lui faudrait à partir de l’étape atteinte, au moins encore trois mois ; cela veut dire que la LEPI ne serait pas exploitable avant le 20 avril 2011, à moins de s’enliser dans des tripatouillages.
La communauté nationale n’est pas dupe. Ainsi, en parcourant les colonnes des journaux, en date du mardi 11 Janvier, on se rend compte aisément de la situation : ‘’Fraternité’’ : « LEPI : Enregistrement biométrique, l’opposition signale 1,5 millions d’exclus » ; ‘’Le Matinal’’ : « LEPI : Recensement biométrique : 1,2 millions de personnes oubliées » ; ‘’L’Evénement du Jour’’ : « Réalisation d’une LEPI taillée sur mesure, plus de 1.600.000 Béninois écartés pour 10 ans » pour ne parler que de ceux-là. « Impréparation et précipitation qui caractérisent le recensement biométrique, cafouillage et grande confusion, mauvaise foi du gouvernement et des institutions chargées de réaliser la LEPI» tels sont quelques passages des articles.
Il est de notoriété publique que les résultats des élections sous le Renouveau ont toujours été truqués, avec la complicité des puissances étrangères. Fabriquer un nouvel instrument, la LEPI qui, dès le départ, conduit à la fraude et au tripatouillage, c’est intolérable.
2°-Qu’en est-il de l’Organe chargé de l’organisation des élections (la CENA) ?
A moins de 50 jours, la CENA, organe chargé de l’organisation des élections, n’est pas installée. Le Président de la Cour Constitutionnelle et celui de l’Assemblée Nationale, aux ordres de Boni YAYI ont torpillé toutes les initiatives législatives, "cassé des lois", et préparé leur complot. La Cour constitutionnelle, oui la Cour constitutionnelle, composée de « sages » comme on aime à les appeler a dans une décision en date du 06 Janvier 2011, déclaré conforme à la Constitution la loi n° 2010-33 portant règles générales pour les élections en République du Bénin. Fort bien. Mais que dit cette loi en son article 14 : « Les membres de la Commission Electorale Nationale Autonome sont désignés, pour chaque échéance électorale, cent trente (130) jours minimum avant le mois durant lequel le scrutin a lieu.
Ils sont installés, pour chaque échéance électorale, cent vingt (120) jours minimum avant le mois durant lequel le scrutin a lieu. ». Que reste-t-il encore de cette loi promulguée par YAYI Boni le 08 Janvier ? Nous nous trouvons dans une incongruité législative, simplement dans une illégalité totale. Evidemment une telle illégalité ne sera jamais dénoncée par Robert Dossou, Théodore Holo et autres « Sages » de la Cour Constitutionnelle.
Nous apprenons même que les cartes électorales auraient été déjà commandées par des structures aux ordres du gouvernement. Le pouvoir de Boni YAYI se donne ainsi les moyens de valider et de fructifier les dispositions de fraude déjà réalisées avec la cartographie censitaire et les inscriptions sur les listes électorales.
Ainsi sans parler des dispositions nécessaires contre la distribution des sous et l’achat des consciences et autres tripatouillages, aucune des conditions administratives et techniques d’organisation d’une élection transparente n’est réalisée à ce jour au Bénin.
Avec cela nous pouvons dire d’ores et déjà, travailleurs et peuples béninois, les « carottes sont cuites ». YAYI Boni a pris toutes les dispositions pour gagner par la fraude et sur papier les élections avant le scrutin.
De la sorte, YAYI Boni-, l’homme qui a conduit le peuple dans la plus grosse arnaque de l’histoire du pays (Affaire ICC-Services) et d’autres scandales tels ceux de la CEN-SAD, frais d’escorte des véhicules d’occasion, des matériels agricoles etc, l’homme sous lequel des enlèvements (DANGNIVO) et assassinats de paisibles citoyens non élucidés sont devenus pratiques courantes au Bénin, l’homme qui envoie les chars et la troupe contre les travailleurs et leur siège, qui attrait en justice des travailleurs en grève (cas de la Santé), qui brade tout à l’étranger et ne laisse rien pour le patrimoine des générations d’aujourd’hui et de demain- cet homme, disons-nous organise sous nos yeux un Hold-up électoral pour se maintenir au pouvoir. La dictature et la tyrannie rampante avec des préfets qui n’hésitent pas à décréter l’état d’urgence dans les départements prendront racine et corps.
Les travailleurs et les peuples du Bénin accepteront-ils l’inacceptable, à savoir la mise sous boisseau des libertés démocratiques si chèrement arrachées aux prix de la sueur et du sang ?
II- CE QU’IL FAUT AUJOURD’HUI, C’EST UN SURSAUT PATRIOTIQUE POUR SAUVER LA PATRIE EN DANGER.
1°-Le pays est dans le chaos au plan économique, financier, social et moral
Tout le monde voit que notre pays se trouve dans un état de déconfiture avancée et ce n’est pas le ronron du pouvoir qui se livre à de l’autosatisfaction dans un « Forum-Bilan des cinq ans du Changement » qui changerait quoique ce soit à la réalité. Cette réalité que le programme d’investissement public n’a été accompli cette année qu’à peine à 30% ; que toutes les entreprises publiques leviers de l’économie nationale sont ou bradées ou en voie d’être bradées aux puissances étrangères (SONAPRA, Port ; Bénin Télécoms SA, SBEE, OCBN) que les caisses de l’Etat sont au rouge du fait de la politique déprédatrice et ruineuse du pouvoir de YAYI Boni ; que les recettes de l’Etat sont tombées du fait des politiques d’exonération accordées en désordre par le pouvoir de YAYI Boni qui a dû remettre notre pays dans les mains du Fonds Monétaire International ; que sur le plan social, les hommes entre autres ruinés par l’arnaque de l’affaire dite ICC-Services avec la complicité du pouvoir de YAYI Boni, ont faim et ont dû passer les fêtes de fin d’année les plus tristes connues dans notre pays depuis des années. Le Bénin dans la classification annuelle au plan mondial a évolué du 137ème rang en 2007 sur 175 pays, à 151ème rang/178 pays en 2008 et à 172ème sur 183 pays en 2009. Qui dit mieux dans la chute ? Il faut chercher.
Le chaos touche à l’éthique avec la multiplication des scandales au sommet, la corruption, la tricherie, la magouille, les hold-up les plus rocambolesques sont loués comme clé de réussite sociale, la multiplication sous ce régime des crimes de sang : l’assassinat de la ministre Sohoudji Agbossou Bernadette dont le véhicule a été criblé de balles vient allonger la liste déjà longue des crimes. Le pouvoir n’a-t-il pas la responsabilité de la protection des personnes et des biens de ce pays ? L’impunité est devenue la règle qui sous-tend toute la politique au sommet.
La situation est encore grave sur le plan de l’instruction publique avec les dits Nouveaux Programmes d’Etudes (NPE) et le maintien de l’imposition de la langue étrangère française qui tue l’esprit de nos enfants pour plusieurs générations ; elle est grave avec le maintien de toute la population hors de la sphère publique avec la langue française comme langue de l’administration, la mise à l’écart du savoir-faire de nos dignitaires traditionnels en matière de jugement des litiges, d’administration et de guérison, l’oubli total de ces dignitaires dans les institutions constitutionnelles de notre pays etc.
Et si on ajoute à cela l’arnaque coloniale que constitue la monnaie CFA détenue par la puissance coloniale, la France, le tableau est complet et le bilan des cinquante ans de nos indépendances est bien sombre.
2°- Il faut un sursaut national et patriotique aujourd’hui et maintenant pour chasser le fraudeur Boni YAYI.
Mes dames et messieurs, écoutez le monde actuel avec ses bouleversements ; regardez l’intervention de nouveaux grands acteurs sur la scène mondiale : les BRICSA (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud) « les damnés de la terre » d’hier. Regardez les combats des travailleurs de Grèce, de l’Italie, de l’Irlande, d’Angleterre, de la France contre la paupérisation et la précarité, regardez les jeunes et les travailleurs en combats en Algérie, en Tunisie et vous verrez le sens du mouvement général en cours sur la planète et les transformations appelées. Enfin lisez tout ce qui s’écrit sur la crise ivoirienne et les appels enflammés auxquels cela donne lieu sans toujours se situer du bon côté. Mais peu importe ! Ce qui compte c’est le contenu des exigences qui y sont avancées : Non aux interventions extérieures dans les pays souverains, non à la recolonisation de l’Afrique via l’ONU, non à l’arnaque du franc CFA colonial qui permet à la France de garder par devers elles nos devises et de nous les imposer sous forme de prêts à intérêts lourds. Vous me permettez de reporter ici un passage d’une réflexion du Doyen Olympe Bhêly Quénum intitulée « De La Côte D’ivoire Et Des Intellectuels Africains » : « Stéphane Hessel, Ambassadeur de France, largement nonagénaire qui avait été mon professeur de diplomatie vient de publier un opuscule intitulé Indignez-vous où il déclare : « Je souhaite à chacun d’entre vous d’avoir son motif d’indignation. »
Et les motifs d’indignation sont légion. La faim, le chômage des jeunes ; l’école détruite, les échecs massifs aux examens scolaires et universitaires ; la mévente dans les marchés ; l’affaire DANGNIVO ; le mépris des opérateurs économiques nationaux au profit des monopoles étrangers ; le bradage et le pillage de nos richesses nationales ; nos langues et cultures piétinées ; la corruption généralisée ; arrestations arbitraires et répression judiciaires des travailleurs et des combattants (le Gbanhounkponon de Toviklin, Alognon LATE), etc. La tentative de hold-up électoral vient en ajouter. C’est pourquoi, le PCB, par ma voix, appelle les travailleurs à se lever davantage, à rejoindre les secteurs déjà en combat (Finances, Santé) pour une grève générale. J’appelle la jeunesse qui malgré tout en a appris des luttes de 1989, à se lever contre tout ce qui hypothèque son avenir, à savoir le régime de Boni YAYI. J’appelle toutes les couches de la population à se lever pour dire non au hold-up électoral et à Boni YAYI le fraudeur.
Dans mon « Adresse au peuple du Bénin à se lever pour sauver la patrie » en date du 04 Août 2010, j’appelais à ces luttes pour le pouvoir des travailleurs et des peuples que mon Parti et moi-même sommes prêts à assumer. Je continue de dire haut et fort que le Parti Communiste du Bénin veut le pouvoir et que les luttes actuelles des travailleurs et les peuples de mon pays nous permettront d’assumer cette mission. Nous avons toujours pensé et pensons toujours que la voie la moins douloureuse pour instaurer un tel pouvoir émancipateur, c’est que le peuple se soulève et renverse le pouvoir de YAYI Boni. C’est historiquement la voie la plus démocratique. Aucune épreuve ne sera insurmontable. Nous pouvons gagner, nous pouvons encore gagner, aujourd’hui et maintenant.
Alors A bas le pouvoir fraudeur, intrigant et corrompu de Boni YAYI !
Non à un processus et un pouvoir imposés par les puissances étrangères !
Vive l’émancipation démocratique des travailleurs et des peuples !
Je vous remercie
Fait à Cotonou le 13 janvier 2011
Philippe NOUDJENOUME