En Côte d’Ivoire, comme ailleurs, il s’agit de refuser les faux choix que nous impose le capitalisme hégémonique, idéologiquement surtout — comme tendent à l’oublier ceux et celles qui ne distinguent pas le grand écart entre la crise économique et l’hégémonie idéologique du capitalisme, le développement accéléré de ses valeurs dans toutes les sociétés. Il s’agit de s’opposer à ce que les peuples fassent tragiquement les frais des contradictions entre des fractions du cannibalisme capitaliste. Qui peut distinguer en Côte d’Ivoire les fondamentaux des programmes économiques, donc sociaux, de Gbagbo (bon élève du FMI et de la Banque mondiale) et de Ouattara (technocrate du FMI) ? Les capitalistes changent-t-il de nature par le fait d’être des souverainistes relatifs africains ? Le régime Ouattara va-t-il inventer le néolibéralisme social ? La fraction Ouattara a-t-elle des intentions moins oligarchiques que la fraction Gbagbo qui ne veut quitter ni le pouvoir ni la Côte d’Ivoire afin de reproduire le capital accumulé et d’en jouir dans un contexte maîtrisé ?
Il s’agit de travailler à l’émergence ou au développement des forces populaires alternatives qui ne comprennent pas la démocratie comme l’addition du multipartisme et de ladite – par euphémisme – économie de marché. Des forces qui ne réduiront pas la démocratie au fait de déposer des bulletins de vote dans l’urne à un rythme régulier, dans une ambiance de démagogie et de désinformation, qui prive les peuples de leur souveraineté permanente. C’est-à-dire d’être suffisamment informés sur les principes constitutionnels à adopter ou à rejeter, afin de ne pas se retrouver victimes des dispositions concoctées de façon non démocratique entre des fractions politiciennes et la « communauté internationale ». Non seulement de participer à la prise des décisions, mais aussi de disposer des mécanismes de contrôle permanent de l’exécution des dites décisions.
Il revient au peuple de la Côte d’Ivoire de se libérer de la fascination qu’exerce sur lui les deux fractions actuellement en concurrence et de leur dire ainsi qu’à la « communauté internationale » pyromane des Sarkozy, Obama, Goodluck, Wade et tutti quanti : Dégagez ! Comme l’a dit et obtenu, dans un contexte différent, le peuple tunisien, qui résiste contre le détournement de la victoire chèrement acquise par des fractions qui veulent limiter sa souveraineté ou la démocratie au modèle promu par la « communauté internationale ».